Après le « Yayatoo », le Président du Conseil Régional de l’Ouest, le Dr Jules Hilaire Focka Focka et ses camarades devraient dire à Paul Biya que le processus de décentralisation est obstrué et qu’en son absence, ils ont vécu une asphyxie financière à nulle autre pareille.
La session du Conseil régional de l’Ouest tenue à Bafoussam les 17 et 18 Octobre 2024, avait pour point majeur le débat d’orientation budgétaire 2025. Une exigence du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées. En premier temps, L’état des finances de l’institution, est présenté aux conseillers régionaux par le contrôleur financier. Il débouche sur la nécessité d’un correctif du budget 2024, qui avait été arrêté au début de l’exercice, au montant 5 195 875 646 francs cfa, équilibré en recettes et en dépenses.
En effet, dans la rubrique investissements, l’exécutif régional présidé par le Dr Jules Hilaire Focka Focka avait envisagé l’achat des engins de génie civil. Cet équipement était supposé engranger des recettes estimées à 590 000 000 frs Cfa en 2024. Alors que le marché avait été déjà attribué dit-on, les moyens attendus du FEICOM ne sont pas disponibles. L’exercice tirant à sa fin, l’exécutif a estimé qu’il fallait supprimer cette prévision de recettes ainsi que les charges qu’elles devraient couvrir. L’organe délibérant était donc invité à procéder à la correction de cette prévision, quitte à ramener le projet dans le budget 2025. Pour l’effectivité de sa Société des Travaux Publics, comment le Conseil Régional du Centre a-t-il procédé pour acquérir ses engins BTP ? Son collègue de l’Ouest devrait peut être s’en inspirer.
Pour ce qui concerne les projets contenus dans les partenariats annoncés et signés pour quelques uns, le Président du Conseil régional de l’Ouest a déploré leur non matérialisation, à cause de l’incapacité de l’institution de s’acquitter de sa quote part exigée. Sur ce plan, c’est pratiquement un mandat blanc qui est en train de s’écouler, au grand désarroi de ces hommes et femmes politiques, notamment du RDPC qui dans un an, devront des explications aux électeurs.
L’absence de la loi sur la fiscalité locale et l’attitude de certains ministères qui rechignent à transférer les compétences, maintiennent les conseils régionaux sous la perfusion de la dotation générale de la décentralisation qui malheureusement, leur est servie comme l’aumône. Pour le Conseil Régional de l’Ouest, les seules recettes visibles restent la vente des DAO (Dossiers d’Appel d’Offres) qui malheureusement, ne rapporte qu’une somme modique d’environ 6 millions frs Cfa. Ainsi en 2024, la dotation était de l’ordre 3 milliards frs Cfa. Selon l’ouest, rendu au mois d’octobre, seuls 2 milliards ont été virés. Le milliard du budget alloué au fonctionnement y compris les frais de session, le suivi des projets…est difficilement recouvrable.
Le Cameroun semble s’être plongé dans une véritable crise de trésorerie. Pour 2025, le Conseil Régional de l’Ouest sera contraint de reconduire le budget de 2024 ; soit 5 195 875 646 francs cfa ; avec le risque que les 3 milliards de dotation connaissent une chute. D’où la nécessité du respect de l’esprit du budget programme, qui recommande le réalisme dans l’élaboration des primitifs.
L’institution vit une véritable crise de sa trésorerie. Les conseillers régionaux délégués du Noun ont d’ailleurs saisi l’occasion pour réitérer leur appel au gouvernement (MINDDEVEL) quant à l’urgence de produire la loi sur la fiscalité locale, ainsi que de la mise en place de la fonction publique locale.
Quant à l’exécution physique des projets de 2024 du Conseil Régional de l’Ouest, (53 projets programmés pour un peu plus de 4 milliards F Cfa ; soit 42 projets BIP, 2 projets issu du fonctionnement, 6 projets FEICOM, 3 projets Fonds Routiers), le taux est estimé à 29%. Là aussi, les entraves sont énormes.
© Alexis Yangoua