Election du nouveau Maire de Bangangté/ Echec de la médiation

60 jours après le décès du Maire Dr Jonas Koumouo, la session extraordinaire du conseil municipal en vue  d’élire son remplaçant n’a pas pu réunir le quorum.

Conformément à l’article 205 du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD), la  session extraordinaire du conseil municipal en vue d’élire le nouveau maire de Bangangté, a été convoquée par la tutelle et préfet du département du Ndé. Les conseillers municipaux étaient attendus ce 03 Mai 2021 pour choisir l’un des leurs devant poursuivre le mandat entamé par Dr Jonas Kouamouo, décédé le 05 Février 2021.

Prévu à 12 heures dans la salle des délibérations de la nouvelle mairie, les travaux s’ouvriront à 14 heures avec l’arrivée  du préfet Ewango Budu Ernest et sa suite. Bien avant, on aura vu Lamare Njankouo faire des navettes entre le bâtiment et autres endroits inconnus. Cette attitude de l’émissaire du Comité Central (CC) du RDPC ajoutée au retard consommé va confirmer la rumeur rampante  selon laquelle, une faction des conseillers municipaux  se serait mobilisée pour  empêcher l’atteinte du quorum. Objectif étant de faire échec à l’élection de Niat Eric au poste de maire. Le fils du président du Sénat  avait été annoncé à la veille et par voie des réseaux sociaux comme étant le choix du parti. Information confirmée séance tenante par le représentant du CC avant d’ajouter  qu’une élection avait été organisée à la veille, soit le 02 Mai 2021 pour départager  deux candidats en lice, à savoir Eric Niat et Jean Lambert Tchoumi , 2ème adjoint dans l’exécutif.

La séance va s’ouvrir par la présentation de l’ordre du jour contenant des articulations classiquement connues. Elle est assurée tout naturellement  par  Madame le secrétaire général de la mairie. Un bureau d’âge de circonstance va être constitué, les conseillers municipaux titulaires étant absents. Le préfet Ewango est très instable, il est régulièrement appelé à quitter son siège soit pour répondre aux appels, soit pour passer un coup de fil et chacun de ses déplacements est un instant d’espoir par ce qu’il pourrait être porteur de la bonne nouvelle. Celle d’annoncer l’arrivée de ceux dont les absences sont jusque là perçues. Quelques de silence et le préfet prend la parole, seule la tonalité de l’introduction du discours d’ouverture de la tutelle suffira pour lever le suspense que chacune des présences  à cette rencontre s’est imposée. L’impossibilité d’un quorum est désormais une lapalissade. Sa vérification par madame le SG présente 16 conseillers municipaux présents sur 40 attendus. Pour avoir les 2/3 exigés par l’article 205 du CGCTD, 27 élus devraient répondre à l’appel. Lamare Njankouo délégué du CC du RPDC, parti politique auquel tous appartiennent, va revenir de manière très ramassée sur les démarches entreprises pour coller les morceaux, non sans annoncer les sanctions qu’encourent les absents pour non respect de la discipline du parti. La question qui taraude désormais quelques esprits, est celle de savoir pourquoi ceux qui à la veille ont accordé un suffrage gagnant au candidat Niat Eric ont il brillé par leurs absences au moment de le confirmer ? Nous n’avons malheureusement pas pu avoir ne serait – ce qu’un membre de la majorité dissidente pour avoir leur version  des rencontres politiques préparatoires de cette session du conseil.

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En application de l’article 174 du CGCTD qui stipule « (1) Le Conseil Municipal ne peut valablement siéger que lorsque les deux tiers (2/3) de ses membres sont présents.

(2) Lorsqu’après une convocation régulièrement faite, le quorum n’est pas atteint, toute délibération votée après la seconde convocation, à trois (03) jours au moins d’intervalle, est valable si la moitié (1/2) au moins des membres du Conseil est présente assistent à la séance », le doyen d’âge après consultation de la tutelle va communiquer le  6 Mai 2021 comme date à laquelle devra se tenir la nouvelle session élective.

Coup foiré de Njankouo Lamare

S’il est inconcevable que les conseillers municipaux soient absents à la séance plénière alors qu’ils ont voté et perdu à la veille( dixit Lamare Njankouo) , une attitude peu fair play, il est tout aussi important de revisiter les challenges passés. Alors adjoint dans l’exécutif conduit par Madame Célestine Ketcha Courtès, Eric Niat n’avait pas pu se faire élire maire face au Dr Jonas Kouamouo, après que l’édile titulaire soit nommé au poste de Ministre de l’Habitat du Développement Urbain le 4 Janvier 2019. La session du conseil municipal organisée le 1er Mars 2019 à l’effet d’élire le nouveau magistrat municipal avait connu des tractations presque identiques sous la médiation de l’équipe conduite par Lamare Njankouo.

L’élection du 9 Février 2020, ne s’était pas aussi passée sans cette belligérance devenue naturelle dans le RDPC Ndé – Nord. Selon les sources proches de cette section, à l’issue des primaires, la liste conduite par Eric Niat avait perdu face à celle du Dr Jonas Kouamouo par ailleurs président de ladite section. Pour besoin de consensus, lui et quelques uns de son groupe avaient été admis dans la liste définitive conduite par celui qui deviendra chef de l’exécutif. Le Maire Kouamouo aura comme adjoints Nyangang Robert (actuel intérimaire), Tchoumi Jean Lambert, Nya Robenson et Madame Kwepnang Antoinette épouse Nana. Ce passé cumulé, certains conseillers municipaux trouveraient inacceptable qu’un adversaire d’hier, repêché à la faveur d’un consensus et qui plus n’est pas membre de l’exécutif communal, profite d’une situation malheureuse pour s’adjuger le prestigieux fauteuil.

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Il nous revient aussi que face à la situation devenue trouble quelques semaines seulement après les obsèques du maire, les chefs traditionnels de la commune de Bangangté s’étaient concertés à la chefferie éponyme et avaient accordé leur onction à Jean Lambert Tchoumi. Un choix qui avait été soumis  à l’attention de Lamare Njankouo, l’émissaire du RDPC.

Toujours déterminée, apprend –on, la faction absente au conseil municipal du 03 Mai 2021, ne tombera pas dans le piège de l’alinéa 2 de l’article 174 « (2) Lorsqu’après une convocation régulièrement faite, le quorum n’est pas atteint, toute délibération votée après la seconde convocation, à trois (03) jours au moins d’intervalle, est valable si la moitié (1/2) au moins des membres du Conseil est présente assistent à la séance ». La chaise vide au cours de la session du 03 Mai 2021 ayant été un coup de maître sur le plan politique, la majorité dissidente pourrait être présente à celle du 06 Mai 2021, mais avec Jean Lambert Tchoumi comme candidat au poste de maire. Et si la dynamique est maintenue dans les urnes, Eric Niat perdra la partie. Il sera alors loisible au RDPC d’appliquer ses sanctions sans possibilité de révoquer les élus, le mandat des conseillers municipaux n’étant pas impératif.

Un autre schéma possible le 06 Mai 2021, c’est le recul du bloc Jean Lambert Tchoumi face aux menaces des sanctions du parti. Ce qui va consacrer  l’élection de Eric Niat à la tête de la mairie de Bangangté. Le nouveau maire aura t- il les capacités d’un Félix Antoine Tshisekedi  Tchilombo qui a su retourner le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et sa majorité présidentielle contre son leader, Joseph Kabila ? Si non, les sessions notamment celles consacrées à l’examen et à l’adoption du compte administratif seront des calvaires avec des risques de déstabilisation d’un maire déjà à la tête d’un exécutif dont un seul adjoint sur quatre, lui est fidèle. Dans cette lutte de factions qui fait rage au sein du conseil municipal de Bangangté, se joue aussi la succession à la tête de la section RDPC Ndé – Nord longtemps présidée par Dr Jonas Kouamouo. Il faudra du tact et non l’agitation des sanctions disciplinaires comme épouvantail, pour réconcilier les élus et trouver un terrain d’entente avant le 06 Mai 2021. Si non, la commune de Bangangté pourra se retrouver dans une zone de turbulences politiques et managériales avec pour conséquence, la dégradation des acquis chèrement bâtis par des précédents exécutifs. Njankouo Lamare et Clobert Tchatat en répondront devant l’histoire.

© Alexis YANGOUA

 

 

 

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