Un atelier y relatif s’est tenu mercredi dernier à Bafoussam. Une initiative de la fondation pour le développement, l’éducation, l’entrepreneuriat et la protection de l’environnement (FIDEPE), avec le soutien de Rigths and Ressources Initiative(RRI).
L’urbanisation des zones vitales et la montée fulgurante de la démographie amènent les populations à mener une forte pression foncière autour d’elles. Elles font main basse sur les ressources naturelles et culturelles, les détruisant en voulant satisfaire leurs nombreux besoins quotidiens. La région de l’ouest, véritable espace à fort potentiel patrimonial et sacré en est réellement victime. Des espaces terriens jadis vierges, des forêts sacrées, lieux des rites traditionnels dans les chefferies sont de plus en plus détruits au grand dam de la modernité. C’est ce qui engage les associations qui œuvrent dans la préservation et le sauvetage de ces patrimoines de prendre le taureau par les cornes. Autour des autorités administratives, des représentants des collectivités territoriales décentralisées, des chefs traductionnels, les délégués régionaux concernés par cette thématique et autres parties prenantes, la fondation FIDEPE a mis sur la table d’échange le thème « appui à la sécurisation et à la conservation des aires du patrimoine autochtone et communautaire des forêts et bosquets sacrés dans la région de l’ouest Cameroun ». C’était le lieu de présenter aux participants les réalités relatives à cette destruction avancée, non sans en appeler à la sensibilisation des populations sur l’intérêt de la préservation et du sauvetage de cet espace non seulement cher à nos chefferies, mais surtout qui constitue notre biodiversité. « Nous avons constaté la dégradation et la perte des superficies des forêts sacrées qui en fait sont des forêts de droit collectif parce qu’une forêt communautaire n’appartient à personne ; si elle disparait c’est la communauté qui disparaitrait et c’est un danger », regrette Clovis Koagne, promoteur FIDEPE.
La question des titres fonciers dont l’octroie ne distingue pas d’espace, fut-il sacré ou privé, la fondation FIDEPE s’appuie sur la loi no 2019 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées qui promeut l’inclusion des populations de la base, des organisations de la société civile et associations à la réalisation des objectifs des CTD en matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources et promotion de la culture, en ses articles 157 et 163 entre autres. C’est ce qui a d’ailleurs justifié la présence des sous préfets des trois arrondissements de la Mifi, des maires de ces communes.
Le sauvetage des forêts et bosquets sacrés devient l’affaire de tous, tant il est bien de préserver les aires du patrimoine autochtone et communautaire, tant la régulation du climat mondial et la préservation de la biodiversité en dépend. Les populations de Badeng, Bapit, Bamougoum, Baleng et Bafoussam sont interpelés au premier chef.
© Alexis Yangoua ; CM
REACTIONS
Kaogne Clovis, promoteur fondation FIDEPE :
« On s’appuie sur la loi de décentralisation qui donne la force à la société civile et aux collectivités territoriales d’agir. L’objectif de ce projet mis en œuvre par la fondation FIDIPE avec le soutien technique et financier de la coalition des droits et ressources vise à sécuriser 50 hectares de forêt sacrée et 100 hectares de terres communautaire dans la région de l’ouest et plus précisément dans le département de la Mifi pour la phase pilote parce que parce que le département de la Mifi est un département carrefour que nous avons commencé par les communautés de la Mifi à savoir Bafoussam, Badeng, Bapit, Bamougoum, Baleng, et on s’appuie sur la loi de décentralisation qui donne la force à la société civile et aux collectivités territoriales d’agir pour la préservation de l’environnement , pour la sécurité foncière et du patrimoine culturel. C’est pour ça que vous avez vu à cet atelier la présence fort remarquable du conseil régional, des maires, des sous préfets et des délégués sectoriels qui sont en charge soit des forêts, soit du développement, soit de l’environnement et de la culture. C’est pour mettre en fait une coalition au niveau régional des autorités traditionnelles, administratives et société civile pour pouvoir sécuriser ce patrimoine ancestral, ce patrimoine collectif qui est la terre sacrée afin de contribuer aux côtés du gouvernement à la conservation de la bio diversité ».
Christian Sime, chef d’agence Ouest Agence National d’Appui au Développement Forestier (ANAFOR) :
« L’ANAFOR est sensible aux questions des forêts sacrées. Je dois dire que pendant l’atelier on est revenu sur plusieurs options émises par les parties prenantes, la sécurisation physique, le bornage même. Mais au niveau de l’ANAFOR et dans un cadre de restauration nous avons suggéré également la sécurisation par la plantation d’arbre qu’on utilise généralement dans le cadre des forêts sacrées dans la région de l’ouest peut-être pour délimiter les espaces, mais la sécurisation ici par des espèces qui peuvent être des barrières aux feus de brousse. Et l’ANAFOR accompagne toutes les initiatives de plantation qui entrent dans la restauration des paysages et particulièrement elle est sensible aux questions des forêts sacrées. Nous sommes prêts de par nos produits et de ses services à accompagner les initiatives FIDEPE pour ce qui est de la restauration et de la sécurisation des espaces à travers l’arbre ».
Propos recueillis par Alexis Yangoua