Depuis 3 jours, les bamoun et leurs compatriotes originaires du grand Nord sont pourchassés par les autochtones.
Ces deux communautés tiennent l’économie de cet arrondissement du département de Nyong et So’o, dans la région du Centre.
Cette attaque contre les allogènes est une pratique récurrente dans certaines localités des régions du Sud et Centre du Cameroun, depuis le retour du multipartisme. On en a connu à Sangmelima, Mbalmayo, Ebolowa… et depuis quelques jours, Ngomezap est la source d’une haine tribale.
Tout part toujours d’un fait quelque peu banale, pour laisser jaillir la rancœur que les locaux nourrissent contre leurs compatriotes, pourtant résidents bien avant l’indépendance pour la plupart. Leur seul péché, c’est d’avoir usé de leurs cerveaux et leurs bras, pour bâtir leurs richesses, à travers le commerce, l’élevage et l’agriculture.
En effet, le jeudi 02 Janvier 2025, un jeune conducteur Ngomezap a été agressé par un autre jeune d’origine bamoun. Ce dernier sera rapidement rattrapé par la gendarmerie et déféré à la prison de Mbalmayo. La moto de la victime lui est restituée, après son retour de Yaoundé où il a suivi une visite médicale. C’est ainsi que lundi 06 Janvier, une rumeur folle s’empare de la ville, faisant état du décès du jeune mototaximan agressé. Les autochtones, comme dans leurs habitudes vont s’abattre sur ces deux communautés, cassant et brûlant leurs boutiques, avant de réclamer leur retour « chez eux ».
Le règne de l’impunité
Ils sont toujours certains qu’ils ne seront jamais arrêtés par les Forces de Maintien de l’Ordre et servis au juge. Chaque coup suscite une réunion de crise à l’issue de laquelle, une sorte d’amnistie est accordée à ces bandits et délinquants ; carburés par la haine et la jalousie.
Aussitôt le 09 Janvier 2025, une délégation du parti politique Union Démocratique du Cameroun (UDC) a fait le déplacement de Ngomezap pour s’enquérir de la situation. Conduite par son Président National, l’honorable Tomaïno Ndam Njoya, elle a eu un entretien avec le sous préfet. L’autorité administrative a reconnu la barbarie injustifiée des casseurs, contre lesquels, elle n’y pouvait rien ; du fait du nombre très limité des agents des FMO. La première mesure a consisté à la posée des scellés sur les boutiques, dans l’intention de calmer les hors la loi. Malheureusement, aussitôt les comptoirs descellées, les vandales ont resurgi.
L’honorable Tomaïno Ndam Njoya et sa suite ont rencontré les familles dont certaines avaient déjà plié bagages pour retourner « chez eux » comme on leur a exigé. Elle a remis à chacune d’elle, un petit soutien financier.
L’élection présidentielle de 2025 produira des faits similaires, si le gouvernement continue de jouer le sourd, par ce que préoccupé par la sortie des hommes de Dieu. Dans le grand Sud, les allogènes ont régulièrement été traqués, soupçonnés de jouer pour l’opposition contre le candidat du parti au pouvoir. Les autorités et élites de ces régions ont chaque fois assimilé ses actes aux cas isolés, entretenant inconsciemment le germe de la division et l’exclusion, qu’elles condamnent dans les discours officiels.
© Alexis Yangoua