Le sous comité technique régional tenu le 06 Août à Bafoussam, a permis de déceler quelques accueils que les maîtres d’ouvrage posent sur le trajet de la passation des marchés publics.
Le second comité technique régional pour le suivi participatif du Budget d’Investissement Public pour le compte de 2020 aurait dû se tenir à la 3ème semaine du mois de juillet, n’eût été la pandémie de coronavirus. Réunis autour du Délégué Régional de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (DREPAT/O) par ailleurs président dudit sous comité technique, les membres de l’instance qui précède la réunion du comité de suivi, ont évalué tous les projets alloués à la région de l’Ouest pour le compte de l’exercice 2020. Rendu au 31 Juillet, il ressort que le taux global d’exécution physique oscille autour de 25%. Le classement par département place la Menoua en tête avec 36,47% et le Haut Nkam dans le creux de la zone rouge avec 6,6% de réalisation. Quant aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) qui tiennent la proportion de 79% de l’enveloppe globale, Nkong – Zem montre la voie à suivre avec 78% alors que les communes de Bangourain, Bafang et Banka sont à 0% d’exécution physique. « L’Etat met à disposition régulièrement des ressources, il y a rien qui explique qu’au 31 Juillet certains sont à O% tout simplement par ce qu’ils sont dans des calculs dont la rationalité échappe aux principes économiques » s’insurge Louis Serges Roger Fankam Njoumessi, Président du sous comité technique régional.
La contre – performance
Les élections du 09 Février 2020 et les affres de la COVID – 19 sont citées comme faisant partie des causes de ces mauvais résultats. Toute fois, ces raisons peuvent être relativisées, ce d’autant que dans le même contexte, certaines communes ont pu prouver leurs engagements en se hissant au dessus de 30% de réalisation. « La non maîtrise des textes réglementaires par les nouveaux maîtres d’ouvrages et le refus de respecter la réglementation dans les différentes commissions de passation des marchés. Les marchés publics se gèrent avec les textes réglementaires. Très peu de maîtres d’ouvrage publient les avis d’appel d’offres. Ce qui biaise les critères d’attribution de concurrence que nous devons respecter dans les marchés publics. Aussi au niveau des attributions, ils ne respectent pas les décisions des commissions de passation des marchés , ce qui fait que pour attribuer un marché, on prend parfois plus de 3 semaines, on garde les PV » Explique Angeline Mbozo’o Ntamelal, Délégué régional Ouest des Marchés Publics.
Cas de la commune de Banka dans le département du Haut Nkam, remportée de haute lutte par le Mouvement Citoyen et National Camerounais (MCNC), à l’issue des dernières élections, face à la liste du RDPC. Joseph Nguessieuk sera élu Maire avec quelques contestations qui vont faire l’objet d’un contentieux post électoral. Soit! Avant son arrivée, M Djeuga, le maire sortant avait déjà procédé au lancement de 6 marchés sur un total de 13 projets bénéficiés. Le nouveau magistrat municipal va aussitôt annuler toutes les procédures validées par son prédécesseur. Ces projets sont de nouveau soumis à l’analyse de la commission interne de passation des marchés. Notons que 3 projets sont dans la catégorie des 5 millions de Francs Cfa et 1 relevant du BIP 2014. Au total, 9 dossiers seront étudiés et deux fois de suite, les conclusions de la commission interne de passation des marchés seront rejetées par le maire. Toute chose qui aurait crée une vive tension entre elle et le maitre d’ouvrage, qui selon certains membres, veut soumettre l’organe technique à certaines exigences, sans lesquelles les marchés ne seront pas attribués. Le temps du bras de fer, le compteur de l’exécution du BIP de la commune de Banka affiche 0%. Joint par téléphone, Monsieur le maire Joseph Clovis Nguessieuk, indique que ce retard décrié est dû à la saison des pluies, « lesdits marchés sont en cours d’attribution et ils seront réalisés dans les délais » a-t-il conclu.
Quelques indiscrétions glanées et débattues au cours de cette rencontre technique, font état des pratiques qui heurtent la réglementation en la matière. De lourds soupçons pèsent sur certains responsables de partis politiques qui manœuvreraient dans l’ombre pour imposer leurs prestataires à l’organe en charge de la sélection, via les maires issus de leurs rangs. « Quand les camerounais évoquent la notion de politique, c’est en fait une zone de passe – droit qu’ils sont en train d’évoquer. La peur du gendarme est le début de la sagesse. Tant qu’une dizaine ou une vingtaine de maires ne se retrouve pas face à des situations peu désirées, on en aura encore pour longtemps» ainsi l’alerte du président du sous comité technique régional.
Dans la liste des projets à problèmes, y figurent ceux qui relèvent des BIP 2017, 2018 et 2019 dont les taux de consommation des délais varient entre 300 à 400%. Curieusement, les maîtres d’ouvrages concernés n’ont entrepris la moindre démarche pour leur résiliation « c’est le maître d’ouvrage qui va enclencher la procédure de résiliation et quand il ne réagit pas, ne respecte pas la réglementation, on se demande bien ce qui se passe. On peut bien deviner qu’ils sont à la fois juge et partie. On constate généralement que dans la commission interne, il y a un seul soumissionnaire, on défavorise certains, on ne vend pas les Dossiers d’Appel d’Offres (DAO) à tout le monde » Fait remarquer madame le délégué régional des Marchés Publics. « On est obligé de s’autosaisir pour faire intervenir l’autorité des marchés publics». A – t elle ajouté.
Alexis YANGOUA
Devinfo237.com