« La France n’est pas à l’origine de tous nos maux en Afrique ne soyons pas si naïfs mes frères et sœurs ».
La genèse ou la source des maux qui minent l’Afrique, met en opposition deux tendances. La première soutenue par l’écrivain Aimé Césaire qui pense que l’enfer c’est l’Occident quand il affirme par exemple que: « le malheur de l’Afrique c’est d’avoir rencontré la France ».
Un autre courant plus objectif pense que l’Afrique elle-même est le chef d’orchestre de son propre malheur, c’est ma tendance.
À la suite de ces deux tendances, la question que l’on se pose est celle de savoir, pourquoi l’Africain pense toujours que » l’enfer c’est les autres »? Pourquoi indexer toujours l’Occident en général et la France en particulier dans les malheurs de l’Afrique ? L’Africain n’est-il pas lui-même responsable des tares qui sévissent sur son continent ? Pour répondre à ces préoccupations, il est important de voir ce qui se passe en Afrique sur le plan politique et économique.
SUR LE PLAN ECONOMIQUE.
Les scandales à répétition montrent que l’Afrique à maille à partir avec la corruption qui gangrène sa société. Une situation qui contribue considérablement à la paupérisation de sa population, source des contestations. C’est par exemple le cas du Cameroun en 2008 lors des émeutes de la faim. Même les financements issus de l’Aide Publique au développement de la part des institutions internationales (FMI, BM), des états amis comme la même France à travers L’ (Agence Française de Développement) AFD ont parfois fait l’objet des détournements par les gestionnaires. Plusieurs de ces gestionnaires de la fortune publique se trouvent dans les geôles.
Plus recensement encore, suite à un rapport de la chambre des comptes de la Cour Suprême du Cameroun, des malversations financières ont été constatées dans la gestion des fonds alloués par le FMI dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Une enquête a été ordonnée par le Président de la République aux fins de rechercher les auteurs, coauteurs et complices de ce scandale. La gestion ainsi décriée, était-ce celle des gestionnaires français ? Le rapport dressé est-il une émanation de la Cour de Cassation française ? L’instruction donnée était-elle un ordre du Président français ? Les réponses sont toutes négatives. Quel procès en sorcellerie à faire donc à l’endroit de la France qui est devenu pour certains, le » bourreau » de l’Afrique.
En poussant la réflexion plus loin, loin de la France, plusieurs autres états africains ont fait l’objet de scandales dans la bonne gouvernance, une situation qui continue de créer une paupérisation des populations. Au Tchad par exemple, le feu président Idriss Deby aurait cédé une concession pétrolière à une entreprise chinoise contre 2.000.000 de dollars, ceci au détriment des entreprises nationales. Une situation qui viole le principe du patriotisme économique. Selon le journal : » la Tribune d’Afrique », pour moins de 500.000 dollars, Yoweri Kaguta Président ougandais aurait accordé des avantages commerciaux, à la même entreprise chinoise dans le secteur banquier et énergétique. Sans oublier l’affaire Jacob Zuma en Afrique du sud, concernant le scandale sur le versement des pots -de -vin dans l’affaire d’achat d’armes Thint-Thales en 2005. Les casseroles liées aux Gupta ont aussi entaché son fils Duduzane et sa fille Duduzile. Une enquête de : » média part « a révélé un versement occulte de 700 millions de dollars au Président Alpha Condé par une entreprise , pour obtenir le permis du méga- gisement du fer guinéen en 2011.
Ces quelques scandales présentés ici sur la corruption et les problèmes de la bonne gouvernance en Afrique, montrent irrévocablement que les élites en Afrique et leurs dirigeants sont eux-mêmes à l’origine de la paupérisation de leurs populations, du sous-développement de leurs Etats à travers leur gestion opaque des biens. Où est donc le bouc émissaire français dans la mauvaise gouvernance économique des biens en Afrique par les africains eux-mêmes ? Respectons-nous et on nous respectera.
Le Président français, lors d’une conférence dans un amphi d’une Université au Mali pendant sa tournée, s’est vu interpellé par un étudiant qui se plaignait du fait que les amphis à l’Université n’étaient pas électrifiés. Le Président français répondant à cette question avait dit: » la France ne va pas venir régler les problèmes d’électricité au Mali. C’est du ressort du Chef de l’État », pris par la honte suite à l’interpellation du Président Macron, le Président malien s’est levé et est sorti de la salle. Un autre exemple transmis en direct à la télévision qui montre le mal être des états africains du fait des dirigeants.
Le malheur des états africains est aussi perceptible sur le plan politique.
SUR LE VOLET POLITIQUE.
Il est important de relever que la France comme État ami, entretient une politique saine avec les états africains. Cette politique est basée sur les conseils, les conditions d’amélioration de la démocratiques, la bonne gouvernance… À travers son Ministère des affaires étrangères (la Quai-d’Orsay).
La France ne s’ingère donc pas dans la politique interne au sens propre, des états africains.
Ce n’est pas la France qui crée et organise le fonctionnement des organes qui gèrent les élections en Afrique ni les systèmes électoraux. Ce n’est pas la France à travers son parlement qui vote les lois constitutionnelles, électorales et autres en Afrique. Ce n’est pas l’armée française qui matérialise les coups d’État en Afrique et autres assassinats des dirigeants africains.
Au Tchad par exemple, le Chef d’État a été atteint par balle dans un affrontement avec les rebelles installés dans l’une des régions de ce pays. Il n’était donc pas question d’un affrontement avec l’armée française.
Le Président Alpha Condé à fait l’objet cette année d’un coup d’État orchestré par son propre corps d’élite de l’armée qu’il a créé. Or, il sortait d’une élection où il a été réélu pour un énième mandat. Vu à mondovision à la télévision, on a aperçu nulle part les militaires de l’armée française.
Pour ce qui est du Cameroun, du fait de la soif du pouvoir à tous les prix et à tout pris, un candidat de l’opposition s’est autoproclamé Président de la République alors que le scrutin n’était pas encore arrivé à son terme , à savoir : la compilation des votes des différents bureaux de vote, le contentieux post- électoral et la proclamation des résultats par l’organe constitutionnel qu’est le conseil constitutionnel. À la suite, s’en est suivie une paralysie des institutions par des marches dites de revendication de la victoire volée, de cet opposant et ses membres, sympathisants. Cet opposant est-il français ? Le vote donc il s’est autoproclamé Président élu s’est-il organisé en terre française ? Réponse négative. Comment donc dans ce contexte on devrait voir la France dans ce comportement anti-constitutionnel de ce camerounais, homme politique ?
Il y’a quelques années, on assistait en Afrique à un mouvement dénommé : » le printemps arabe », où les populations en Afrique du Nord avaient décidé de descendre dans la rue dans le but de renverser tous azimuts les dirigeants de l’époque, parlant d’un nouvel ordre politique. De ce mouvement, beaucoup de chefs d’État ont été débarqués de leurs fonctions. Une pratique qui avait d’ailleurs été critiquée par la France qui a parlé du recule, de la violation des règles démocratiques en Afrique.
Sur le plan des regroupements sous- régionaux, les plans des politiques communes peinent à prendre corps du fait des propres dirigeants africains. Dans la sous- région CEMAC par exemple, la politique d’intégration sous-régionale qui consiste en la libre circulation des biens et des personnes, piétinent à cause de l’absence de volonté politique, voir de l’égoïsme de certains chefs d’État. Est-ce encore la France qui conforte les positions de ses dirigeants ? La politique d’intégration régionale en Afrique centrale n’est pas effective à cause de la France ? C’est la France qui ferme les frontières entre la Guinée-équatoriale et le Cameroun pour ne pas matérialiser l’intégration sous-régionale en Afrique centrale ? Je pense que la question est répondue par la négative. Un autre caillou de l’Africain de la sous- région Afrique centrale dans sa propre chaussure.
Les systèmes électoraux, les règles de jeux…. qui font l’objet perpétuel des revendications, des crises post- électorales en Afrique sont l’émanation des africains eux-mêmes. La France n’est ni de près ni de loin de ce qui est fait pour le choix des dirigeants en Afrique qui sont issus des systèmes électoraux élaborés par les africains eux-mêmes.
En conclusion, la France entretient avec les états africains les relations de développement économique à travers l’aide au développement donc les fruits sont perceptibles de par l’épanouissement des populations africaines. C’est une coopération gagnant-gagnant.
Les malheurs des états africains dans leur politique- économique interne sont imputés aux dirigeants africains eux-mêmes et leurs peuples. La France n’étant qu’un ami qui peut donner un conseil pour l’amélioration de la démocratie et la bonne gouvernance.
Le sommet France-Afrique 2021 sort visiblement des sentiers battus, il y a de bonnes raisons de le penser. On n’a pas assisté à la leçon classique du Maître à ses élèves.
Le Président Macron a pris conscience que la jeunesse africaine qui est à mesure de lui parler les yeux dans les yeux, sans fards, incarne désormais un avenir nouveau d’un continent responsable. Nous y reviendrons.
Auparavant, on peut penser ou dire ce que l’on veut de ce sommet singulier. Cependant, il n’échappe à personne le langage de vérité et sans à priori, ni appréhensions, qui s’en est dégagé.
Les jeunes se sont adressés au Président français comme jamais, auparavant ses homologues africains n’ont eu le courage de le faire. Il me souvient qu’une fois l’actuel Président ghanéen s’est livré à cet exercice, il y a environ un an, mais il n’est pas superflu de relever qu’il n’est pas du même espace, francophone s’entend. Et Macron de son côté, la plupart du temps, a laissé aux vestiaires le costume et l’égo de Chef d’Etat de grande puissance, il faut bien le reconnaître. Il saute aux yeux qu’il n’attend plus grand chose de ses amis Chefs d’Etats africains, il veut innover avec la société civile pour des nouvelles idées, bravo Monsieur le Président de comprendre qu’un grand vent est en train de souffler sur le continental noir, que l’on le veuille ou non.
Revenons volontiers, comme annoncé sur notre continent pris dans le piège de la mal gouvernance. A qui la faute ?
Si nos jeunes dénoncent l’aide servile comme ce fut le cas au sommet Afrique – France, nous nous en réjouissons de leur courage, mais il convient de leur faire remarquer que cette aide éternelle est le résultat de la mauvaise gouvernance sus décriée.
Si un séjour français est proposé sur le champ à un de ce jeune qui fustigeait l’aide française, il sautera dessus sans réfléchir tellement nos jeunes aiment la facilité. Tenez dans le cadre de la préparation du tour cycliste Chantal-Biya courant septembre 2021, 3 camerounais ont été envoyés en France pour un stage de 3 semaines, un des trois a fondu dans la nature et seuls deux qui sont revenus pour la compétition, quelle honte pour l’Afrique ? Ressaisissons-nous et les choses s’amélioreront pour nous.
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Le problème c’est que c’est nous-mêmes, Africains qui nous laissons passer pour d’éternels indigents et mendiants; et le comble, mendiants de choses honteuses et basses. Que faisons-nous des aides que nous recevons de l’international ? Sinon vivre égoïstement dans l’oasis de la luxure, dans un océan de misère, toute honte bue ?
C’est là la poutre dans nos yeux, à travers laquelle nous réussissons à voir la paille dans ceux de la France. Qu’ont fait nos guides éclairés et autres Excellences des aides ? Elles ont servi à corrompre pour garder leur position, à acheter des châteaux en Europe, des voitures luxueuses de la honte, à entretenir des maitresses, elles ont échoué dans les paradis fiscaux…tout comme le produit des marchés publics faciles qu’affectionne une bonne frange de notre jeunesse. Parlons vrai.
Fort heureusement, nos jeunes compatriotes participant au sommet donnent l’impression d’en prendre conscience, de rêver de vraies nations africaines. Notamment quand ils demandent l’arrêt de l’assistanat puéril, au profit d’un partenariat équitable, dans lequel chaque partie mouille réellement le maillot, et se voit payer au bon prix ses services. Mais qu’est-ce qui prouve qu’une fois aux affaires, ils seront différents de leurs prédécesseurs ?
Quand je vois les dérapages des jeunes cadres de nouveaux partis politiques au Cameroun, j’ai peur. Ils ne sont pas encore au pouvoir, mais ils sont déjà englués dans des scandales de mœurs, de détournement, de corruption… Ils sont des amateurs de passe-droits et autres avantages faciles.
Ce sommet France-Afrique n’est-il pas la charrue avant les bœufs ? A notre avis, une psychanalyse afro-africaine était un préalable, pour se mettre en branle bas de combat, prendre des résolutions fortes et idoines, pour traduire au Président Macron notre ferme détermination à faire autrement que nos « pères d’indépendances « , et lui dire que nous ne parlons pas en l’air, mais avec la farouche volonté inébranlable de construire véritablement des nations africaines. Commençons par nous respecter, par une probité sans faille. Et là, il y a du chemin à faire. A quoi serviraient les conseils et leçons au Président Macron, si nous allons continuer sur la même lancée que certains de nos aînés, avec les détournements et vols éhontés des biens publics, les clientélismes et les favoritismes à tout va ? Sans compter une centralisation extrême, le tribalisme et le repli identitaire, toutes choses dont nous avons fait des systèmes politiques ? Si nous n’entretenons pas les hôpitaux de référence authentiques construits dans nos 10 régions et continuons à demander les évacuations sanitaires en France, qui le fera à notre place ? Certainement pas celle-ci. Lavons d’abord en famille nos linges sales, la France nous respectera, et se sentira obligée de ne pas nous être redevable, suivez mon regard.
Et puis, qu’on se le dise, nous les Africains, avons la curieuse manie de croire que certaines choses n’arrivent qu’aux autres… Jusqu’à ce que le ciel qui se rapprochait pourtant, nous tombe dessus. Fatalité, inertie, naïveté ou insouciance ?
Sans être rabat-joie, nous invitons notre ambitieuse jeunesse africaine à une introspection profonde, à faire ses propres états généraux, avant un prochain sommet que nous appelons de tous nos vœux. Ce n’est pas en un sommet que la terre sera chamboulée. Il faut de la patience, un peu de patience, le temps de faire un travail salvateur sur nous-mêmes. Sinon, la fin du franc CFA ou du compte d’opérations ne serait pas la panacée espérée, et perpétuerait un travail de Sisyphe. Je pense que la France, le monde entier nous regardent. A nous de relever ce défi de la véritable révolution africaine, sur nous-mêmes, sur nos amnésies honteuses, nos reflexes moyenâgeux et sur nos mentalités rétrogrades. L’espoir est permis, aucun défaitisme n’est admis. Le désir de transformation profonde est là. Quitte à nos jeunes de s’engager politiquement, économiquement et socialement, en ascètes résolus, convaincus et sans langue de bois. Tout est dans la mentalité et dans le mental. Laissez la pauvre France tranquille pour l’instant. Mon Humble avis