Après concertations et sensibilisations, le maire de la ville de Bafoussam est passé à l’action ce matin. Plus d’une dizaine d’habitations détruites pour libérer les drains.
Ce matin du 12 Octobre 2020, le Maire de la ville de Bafoussam a effectué une sortie musclée. Certains résidents de la ville l’ont d’ailleurs qualifiée de l’une des plus décisives que la cité capitale régionale de l’Ouest ait connues depuis le retour du multipartisme ; bien avant selon quelques uns. Même si cette descente était envisagée à la suite des concertations et sensibilisations des populations sur des mesures de prévention contre les catastrophes notamment géologiques, l’arrivée inopinée du maire Roger Tafam et ses engins, a été motivée par des dégâts liés aux inondations du 08 Octobre 2020. Les pluies diluviennes avaient alors endommagé plusieurs habitations, ouvrages, établissements scolaires et lieux de commerce.
Le long du boulevard kouogouog à partir du lieu dit Camp sable, a connu une effervescence inhabituelle ce matin. Une ambiance alimentée de pleurs, de supplications ,de plaintes et de bruits d’engins bousculant sur leur passage des habitations installées sur les drains. D’une voix étranglée par des sanglots, des larmes ruisselant sur ses joues, une dame n’a pu retenir sa colère « Laissez, laissez, attendez, je vais détruire moi – même »,clame – t- elle. Trop tard ! La pelle chargeuse avait été déjà actionnée et les murs de sa maison s’écroulaient l’un après l’autre. Tour à tour, plus d’une dizaine d’habitations vont passer à la trappe.
Cette libération des drains n’a pas suscité que des grincements de dents, le maire de la ville a reçu des encouragements aussi de la part de certaines victimes de la dernière inondation. « Le torrent m’a porté là bas. J’étais là pour vendre mes choses. Je vendais mes ignames avec mes fruits noirs. On a porté le tout, me porter aussi. Ma robe qui était sur moi s’est coupée avec mon argent : 14 000 frs. Ce que j’avais vendu le même jour, 2500 frs de l’igname ; 1000 frs du fruit noir étaient partis. Si la route était vaste, c’est que le torrent ne pouvait pas me porter. Il faut qu’on arrange la route » explique une vendeuse.
Concernant les autres zones à risques déjà identifiées, le commandant Roger Tafam s’est voulu concis et incisif. « Que chacun prenne ses dispositions, comme on le dit dans la bible, nul ne saura ni le jour, ni l’heure. Nous ne voudrons pas que notre ville connaisse encore un Ngouatché 2(Ce glissement de terrain qui avait tué une quarantaine de personnes)». Trois jours ont été accordés pour un déguerpissement entier, selon une distance de 15 mètres à partir du trottoir.
© Alexis YANGOUA