Discours haineux et xénophobie : Le préfet François Franklin Etapa incise l’abcès.

Dans le cadre de sa communication, la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme a séjourné dans la région de l’Ouest. Les 16 et 17 Juin 2021, l’équipe conduite par Pierre Vincent Ngambo Fondjo a écouté toutes les catégories de la couche sociale.

Ils sont venus recueillir les causes du discours haineux et de la xénophobie dans la région de l’ouest, et des suggestions de solution en vue de leur éradication. Ainsi résumé l’objectif de la nouvelle campagne nationale de communication entreprise par la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme(CNPBM) afin de lutter contre ces phénomènes qui semblent être une affaire de tous et sauf de chacun des camerounais. Au menu du programme de la délégation conduite par Pierre Vincent Ngambo Fondjo, des rencontres avec les autorités administratives, traditionnelles, religieuses et municipales ; ensuite la presse, la société civile et enfin avec les groupes associatifs jeunes.

A l’ouverture de ce qu’on pourrait qualifier de début de la palabre sur un phénomène qui, avec l’avènement des réseaux sociaux a pris une allure effroyable, on a assisté aux dénonciations sans détour, venues des acteurs réputés muets ou prudents sur des sujets qui  sont de nature à écorcher le gouvernement. Les autorités administratives, traditionnelles, religieuses et municipales n’ont pas lésiné sur les arguments pour peindre la responsabilité des dirigeants du pays, dans le renforcement du champ lexical de haine et le développement d’actes d’hostilité entre les enfants d’une même nation.

« Ma préoccupation se situe au niveau institutionnel, pour me demander si l’Etat, l’institution camerounaise ne porte- t-elle pas elle – même les germes de la haine. Lorsqu’on nomme un ministre aujourd’hui, on se rend compte que dans les secondes qui suivent, lorsqu’il va nommer son secrétaire particulier, c’est quelqu’un de son village. Au pire des cas, son beau frère, en tout cas, ce qui tourne autour de son nombril. On laisse le mérite et l’intérêt général qui sous tend la raison d’être même des institutions. Dans les couloirs des ministères, les dialectes sont tellement parlés qu’ils peuvent directement vous orienter pour savoir de quelle ethnie est le chef de ce département ministériel. Deuxièmement, le sacro – saint principe de l’égalité des citoyens devant la loi, est en train d’être battu en brèche sans que cela ne nuise à personne. Il y a le ‘’Le principe de la libre transférabilité des agents publics’’ (Titre d’un ouvrage sur lequel il est en train de travailler dit – il). Ailleurs, quand on parle de transférabilité de fonds, au Cameroun on parle de transférabilité  des agents publics. C’est-à-dire que si je deviens  Premier Ministre, vous allez voir le mouvement des gens qui partiront d’un ministère où ils étaient à l’aise pour venir dans la structure, non pas pour servir le Cameroun, mais pour suivre le frère ». Constat de François Franklin Etapa, préfet du département des Bamboutos.

Comme Illustration d’un cas qui serait l’un des vecteurs du discours haineux et de la xénophobie dans une partie de la région de l’Ouest, Claude Tiatsé Nkué, le représentant du chef Bafoussam et allé la puiser sur l’autre rive du fleuve Noun et n’a pas fait usage de la parabole pour l’exprimer « Il y a eu un cas d’interaction concernant les litiges fonciers où les populations dites bamilékés ont été chassées de ce territoire du Noun. Et cet acte a été perpétré par certains leaders de ce côté du Noun. Ils ont pourchassé les bamilékés de libérer leurs terres, alors que le Cameroun nous appartient, partout où nous sommes, nous demeurons chez nous ».

La réplique ne s’est pas fait attendre « Le représentant du Chef Bafoussam a parlé des problèmes de guerre. Je voudrais que nous fassions preuve d’équité. Moi, je suis du Moungo. Les bamilékés sont plus nombreux chez moi. Nous ne représentons  que 7% dans notre département. Les bamilékés sont des maires et députés. Mais ça ne dérange pas tant que ceux – là contribuent au développement du village. Ça ne nous gène pas. Mais, je vais poser une question au chef Bafoussam ou à son représentant. Est-ce que ce qui est valable dans le Moungo peut se pratiquer à Bafoussam ? Et si nous prenons le conseil municipal de la ville de Bafoussam… Il faut que la loi qui est une norme générale et impersonnelle puisse être respectée. Toute chose égale par ailleurs, que la loi ne soit pas graduée en fonction de l’espace vital dans lequel on se trouve. Mais que ce soit quelque chose de général ». ajoute le préfet Etapa avant de conclure par une suggestion « Comme proposition simple, est ce que l’Etat ne peut pas dans un intervalle de temps voter une loi pour dire que dans un espace de temps donné, par exemple entre 2025 – 2035, on doit encourager des mariages inter tribaux. Je prends exemple sur moi. Je suis Mbo de Melong. Mon épouse est Eton d’Obala, ce qui est sûr que si je fais quelque chose, l’Eton va chercher à protéger son beau et à travers son beau,  protéger sa fille et à travers sa fille protéger son beau. Pendant cet intervalle de temps, il y aura un foisonnement de camps. Cet hybridisme humain pourra faire en sorte que lorsque quelqu’un va vouloir gagner sur l’autre, il se rendra compte que c’est son beau ou son grand – père. L’Etat, au – delà de l’intégration nationale, à mon sens, a le devoir de ne pas  faire une sorte de juxtaposition des tribus. Nous sommes encore à l’étape des juxtapositions et  non de l’intégration. L’intégration renvoie à une sorte de fusion. Tant qu’on n’est pas là, on va toujours tourner autour de ce que les spécialistes de la sociologie politique appellent les agrégats. C’est-à-dire vous êtes côte à côte  et vous donnez l’impression d’être ensemble alors qu’intérieurement, la distance est plus longue que le fleuve de la Sanaga »

Entre autres  victimes de la discrimination de l’Etat, les églises qui pourtant prêchent l’équité « …Sur le plan de la socialisation, je suis l’église. On est dans une nation bien organisée et l’église répond à un canevas précis du Ministère de l’Administration Territoriale. J’ai le sentiment qu’on ne se sent pas protégée ou encore de façon très claire et visible, la structure étatique accorde des privilèges à certaines institutions religieuses par rapport à d’autres. On le sait tous. Evoluer dans ce cadre là, si on a des choses à entreprendre, on ne le ferait pas avec toute la force ou toute l’aisance, en tant que quelqu’un qui régule sur le plan moral et sur le plan spirituel le quotidien des populations qui sont en contact avec nous ». Remarque faite par le révérend pasteur Marie Victor Tiozang, Président de l’Eglise Evangélique du Cameroun, région synodale de la Mifi.

Alexis YANGOUA

 

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