Les conseillers régionaux de l’ouest sont réunis à Bafoussam les 29 et 30 Novembre 2021 en vue de voter quelques délibérations et évaluer leurs 10 mois d’existence.
C’est le président du conseil régional(CR), le Dr Jules Hilaire Focka Focka qui donne d’ailleurs le ton dans son allocution d’ouverture des travaux. Une kyrielle de difficultés qui plombent le décollage du conseil régional de l’ouest entre autres, l’absence de l’organigramme et des textes d’application, le retard de la mise en place d’une fonction publique locale, aussi la lenteur dans le transfert des moyens. Sur une enveloppe de 2milliards 717 600 000 Francs cfa attendue, juste 28% ont été déjà reçus. A t – il indiqué. En bon militant du parti au pouvoir, contraint de jouer le discipliné pour éviter le fouet du comité central, le président du conseil régional s’est en suite essayé dans un rôle d’avocat défenseur et justificateur de la cause des entraves qu’il a ressasées et qui, en réalité, sont la manifestation du refus masqué d’aller vers une décentralisation réelle. Si non, combien d’argent faudrait –t il encore au gouvernement camerounais pour libérer les textes d’application qui, techniquement sont pensés au même moment que l’élaboration des projets de loi ? Faudrait-il des milliards de francs cfa pour doter une institution d’un organigramme ? Il s’agit juste « Du mauvais cœur » d’un régime jacobin surpris par un mode de gouvernance qui leur impose le partage de pouvoirs et de moyens.
Après le discours bilan du président du conseil régional bouclé par l’évocation des commissions dont celle dédiée à la décentralisation et au partenariat, nouvellement créée, va régner une ambiance bon enfant. Ce climat sera aussitôt rompu par l’honorable Hermine Patricia Ndam Njoya, conseiller régional et porte parole du groupe UDC au sein dudit conseil. Elle a tenu à partager les observations de son parti politique élaborées, en 3 points; ceci à travers un communiqué lu séance tenante :
Le mécanisme de collecte des projets ou des idées de projets dont le conseil régional a besoin, la forte implication du MINDDEVEL dans ce qui relève des missions des conseillers régionaux, et le manque de collaboration, du faire ensemble et du vivre ensemble au sein du conseil régional de l’Ouest.
« Nous nous demandons si le même scenario décrié pour 2021 n’est pas encore celui qui va nous être servi en 2022 ?
Saisis il y a peu, par le Président du Conseil Régional, pour présentation de deux à trois Projets maturés du Département du Noun, nous entendons avoir une séance de travail avec lui, à l’effet d’en savoir plus, quant au budget sur lequel nous fixer, et dans tous les cas, nous rassurer du respect dans toute grille de répartition des dotations ou des investissements des critères relevant du territoire : la superficie, l’histoire, la densité démographique du Noun dans l’Ouest.
Enfin, nous relevons pour le déplorer, la mise à l’écart du fonctionnement du Conseil Régional, Organe délibérant dont nous sommes partie intégrante : la communication quasi inexistante, le non-partage des informations aggravant cette situation qui a pour conséquence la non-implication des Délégués Conseillers Régionaux du Noun dans l’organisation des activités du Conseil dans leur Département ou ailleurs dans l’Ouest » a-t-elle ajouté.
En guise de réaction à quelques points des remarques portées par l’édile de Foumban, le président du conseil régional s’est rependu en excuse . Pour ce qui est perçu comme une ingérence du MINDDEVEL dans le fonctionnement du budget du conseil régional, évoquée par l’honorable Hermine Patricia Ndam Njoya, la réponse est contenue dans le compte rendu restitué par André Siaka. Il s’agit d’un plaidoyer y relatif adressé au ministère de tutelle.
Lire aussi: https://devinfo237.com/conseil-regional-ouest-le-rdpc-offre-le-haut-nkam-a-lopposition/
Vient la frustration du département du Haut Nkam portée à la connaissance du conseil et du représentant de l’Etat, par le conseiller régional Charles Tchoumtchoua Djadjo. Bien qu’obstrué et contrarié dans son élan légitime par un camarade de surcroît délégué rdpc du Haut Nkam, mué en supplétif du bourreau, l’ancien Maire de la commune de Banwa est resté imperturbable. La commission de décentralisation et de partenariat nouvellement créée a été confiée à Jules Famawa du Ndé par le président Dr Jules Hilaire Focka Focka. Une fois encore le Haut Nkam vient d’être ignoré et son digne ambassadeur au sein du CR ne saurait se laisser marcher dessus. Une autre injustice qui a aussitôt déclenché l’ire de l’ancien SG des CVUC Ouest. « Aucun hautnkamois ne préside une commission et je crois savoir qu’après le Noun, le Haut Nkam a le plus grand nombre de conseillers municipaux» martèle le Maire Charles Tchoumtchoua Djadjo en direction du chef de l’exécutif. Une sortie qui a mis toute l’assistance dans l’embarras, ce d’autant que sur le plan de la répartition du gâteau national, le Ndé est l’un des départements de l’ouest les plus pourvus en termes d’élites.
Une autre gêne exprimée au cours de cette session du conseil régional, est liée au respect du genre ; entendu ici la femme. Les femmes ne sont pas prises en compte dans toutes les initiatives du président du conseil régional , à laisser entendre Madame WATAT, conseiller régional du Ndé « Même l’organisation des séminaires, je ne sais sur quels critères les conseillers régionaux choisis ont été retenus. Ça crée une certaine frustration et donne l’impression qu’il y a des conseillers régionaux de première zone et des conseillers régionaux de seconde zone » renchérit elle.
La communication du conseil régional ne donne pas encore satisfaction même s’il faut apprécier à sa juste valeur la création par ses soins d’un portail web du conseil régional. Des propositions ont été faites pour améliorer aussi bien la qualité de la communication interne que celle du secrétariat général de l’institution.
La plupart des 12 délibérations soumises au vote de l’organe délirant, ont été réajustées, réécrites et votées, sauf celle liée aux commissions dont 4 avaient été déjà adoptées. La fameuse commission décentralisation et partenariat a été purement et simplement écartée et sera réétudiée certainement au cours de la prochaine session. Le plan de formation des conseillers régionaux devra elle aussi, être relu. La délibération sur les indemnités a reçu une relative unanimité bien sûr, sans le groupe UDC qui s’est abstenu durant tout le vote, pour des raisons bien connues du RDPC. Quant à l’électrification de la région au moyen du solaire, l’organe délibérant n’a pas aussitôt marqué son accord, aussi bien sur l’entreprise choisie que sur la procédure proposée par le président du conseil régional. L’exécutif devra continuer à y travailler sans incidence financière sur les fonds du CR. La police d’assurance des conseillers régionaux de l’Ouest a été aussi évoquée.
En 10 mois d’exercice, le président du conseil régional et son bureau ont fait ce qu’ils ont pu. D’ailleurs, le conseil régional de l’Ouest malgré quelques griefs formulés, semble plus dynamique et mieux avancé des 10 régions. Ces performances sont mises à l’actif du chef de l’exécutif, bien conscient des enjeux, de la présence au sein du conseil régional d’une opposition engagée et entreprenante ; l’UDC dont les contributions mettent tout le monde en éveil et suscitent des débats de fond. Il faut aussi relever l’existant : L’Ouest à travers certaines initiatives a mis les bases d’une région bien longtemps avant l’effectivité du CR. On peut citer entre autres , la première édition du Salon des Communes de l’Ouest (SACO) organisé par les CVUC Ouest, quelques cadres de collaborations entre les CTD et le SDE initiés par le gouverneur Awa Fonka Augustine et animés en son temps par l’ancien délégué régional du MINEPAT, Louis Serges Roger Fankam Djoumessi Mathias, d’auguste mémoire et dont le travail préalable a facilité l’élaboration du Plan Régional de Développement , commis au cabinet d’étude Rainbow. Ainsi, le conseil régional de l’Ouest pourrait aussi être considéré comme le plus heureux des 10 régions, par ce qu’il a hérité d’une boussole déjà façonnée. L’équipe du Dr Jules Hilaire Focka Focka s’en sert plutôt bien, en dépit de quelques obstacles d’origines exogènes et endogènes, qu’il va falloir éliminer pour espérer un bilan vendable aux électeurs en 2025( double scrutin).
© Alexis YANGOUA