Le retour triomphal du Prince Maturin Moueyebe Zossie avait sonné comme un acte de mépris du peuple Bagam à l’égard du préfet des Bamboutos et du gouverneur. Depuis lors, les « Ngopna » multiplient les stratégies pour rependre la main.
Sorti de la prison de Bafoussam suite à une détention administrative ordonnée par le gouverneur de la région de l’Ouest et hébergé par le chef de Bamandjou, le prince Maturin Zossie Moueyebe est retourné à Bagam le 30 Décembre 2023, porté en triomphe par une importante foule en liesse ; ce, jusqu’à la chefferie éponyme. Il avait ainsi retrouvé le trône de son père SM Simo Tenke Zossie Jean Marie, selon la bonne frange de notables qui lui reconnaissent la qualité de hériter de son géniteur. Ce retour du « fils prodigue » intervient alors que le 29 Décembre 2023, au cours de la session du conseil régional et réagissant à l’interpellation de l’honorable Tomaïno Ndam Njoya à cet effet, le gouverneur s’était pourtant montré rassurant quant à l’impossibilité de l’événement du jour suivant. C’était sans compter avec la détermination d’une bonne partie du peuple Bagam, droguée par le sang qui a déjà coulé dans cette affaire.
Par correspondance en date du 5 Janvier 2024, le gouverneur est revenu à la charge en adressant une mise en garde au chef Bamendjou, SM Sokoudjou Jean Rameaux pour « ces actes perpétrés par vos soins hors de vos territoires, et en dehors de votre compétence pour mettre l’huile sur le feu dans une affaire pour laquelle le ministre de l’administration territoriale a déjà pris expressément position le 23 Février 2023… » a t –il mentionné.
Le 8 janvier 2024, dans une logique administrative, le préfet Dibango relaie ce message plutôt au prince Maturin Moueyebe Zossie s/c le sous préfet de l’arrondissement de Galim. Dans un style martial, le chef de terre lui rappelle que le prince Tendop Zossie Dieudonné est bien le chef Bagam. « … Je vous mets vertement en garde face au risque de troubles à l’ordre public que pourrait provoquer votre entêtement à vous maintenir coûte que coûte dans une posture de hors – la loi… » écrit le préfet « je vous enjoins fermement de libérer sans condition et sans délai ce haut lieu sacré que vous occupez de manière illégale et illégitime sinon, je me trouverai dans l’obligation de prendre des mesures coercitives appropriées à votre endroit… » ajoute- il. Face à l’intrépidité de la population et des notables Bagam, que prépare le préfet des Bamboutos ? Comment procédera-il pour installer le prince Tendop Zossie Dieudonné à la chefferie, sans rallonger la liste des morts dans ce groupement ? Sollicitera -t – il les services du Bataillon des Troupes Aéroportées (BTAP) de Koutaba ? Attendons de voir.
Aussitôt, le conseil supérieur des notables de la chefferie s’est réuni et a apporté une réponse à la dimension de l’offensive des administrateurs civils. « Nous collectif du conseil supérieur des notables Bagam, avons reçu avec amertume votre lettre de mise en garde qui sur la forme et dans le fond demande à notre Chef Supérieur Sa Majesté Moueyebe Zossie Maturin que nous avons désigné en date du 09 Juin 2021 conformément à nos us et coutumes accompagné d’un procès verbal dument signé et légalisé au service du gouverneur de la région de l’ouest, de ne s’immiscer en tant que prince dans les affaires de la succession de son défunt SM Simo Zossie Tenke Jean Marie et son départ de la chefferie supérieure Bagam, est une violation grave du droit de l’homme » s’insurgent les notables, non sans lui rappeler les termes du décret du 15 Juillet 1977 en leurs qualités de notabilité coutumière de Bagam. « Monsieur le préfet, nous réitérons que Sa Majesté Moueyebe Zossie Maturin est la volonté du défunt roi Sa Majesté Simo Tenke Zossie Jean Marie » a ajouté le conseil supérieur dans une objection portant la signature d’une vingtaine de membres de la cour royale Bagam.
Une kyrielle de rappels est aussi adressée au préfet Dibango des Bamboutos entre autres, les blessés de la situation malheureuse du 16 Novembre 2023 et le décédé dont le corps est encore à la morgue de Mbouda ; bien avant, le verdict du tribunal de grande instance de Mbouda au sujet du testament sur lequel les autorités administratives fondent la légalité du prince Fongtendop Zossie Dieudonné ; aussi le prier « d’attendre la commission mise sur pied par le Président de la République à cet effet , que de vouloir jeter la poudre à canon sur le feu » ont il conclu.
© Alexis Yangoua