C’est un coup dur pour ces jeunes et surtout pour leurs familles qui sans doute avaient cru qu’après leur séjour dans les cellules du Centre d’instruction et surtout avec l’obtention de leurs parchemins de fin de formation, le mindef leur avait trouvé des circonstances atténuantes.
L’affaire avait fait le tour de la toile et s’était tue telle la stridulation du grillon. On croyait alors le dossier clos ; que non, l’enquête suivait minutieusement son cours dans le silence de la grande muette.Dans nos cœurs candides et ignorants des règles militaires, nous prions pour que la naïveté de ces bambins plaide en leur faveur et que le pire des sanctions, si elles étaient inévitables, soient une rétrogradation. Ce souhait était- il possible ? Ce d’autant qu’il s’agissait bel et bien à cette époque des stagiaires.
Notons que les élèves de cette vague ont récemment reçu leurs parchemins de fin de formation, au cours d’une cérémonie organisée sur la piste de l’atterrissage du Btap à Koutaba. C’était sous le regard du Général de division Philippe Mpay, Commandant des Ecoles et Centres d’instruction Interarmées. Toujours est il que, certains, soit plus d’une quinzaine de ces jeunes ont échappé à la furie du patron en second des FDS, et seuls(4) quatre identifiés certainement comme étant des organisateurs et meneurs de cet honneur militaire au Fon des Bamoun, le 23 décembre 2023 au palais de Foumban, sont restés sur le tapis.
Le Fon des Bamoun est un administrateur civil, comment cette maladresse de bonne foi a pu se dérouler sous ses yeux, sans qu’il ne puisse attirer leur l’attention ? Pourquoi s’y étaient ils engagés sans consulter leurs encadreurs ?… Autant de questions sans effet sur la sentence prononcée le 12 Juin 2024 par le ministre délégué à la présidence, chargé de la défense.
Ce sont ainsi des rêves brisés par l’ignorance. Ces jeunes sortis certainement du chômage et dont la carrière sous le drapeau était prometteuse, devront repartir de nouveau. Mais, cette situation bien que malheureuse, ne saurait être perçue comme la fin d’une vie. ‘’ Dieu a peut être un autre projet pour eux » dirait le croyant. Les familles et amis doivent les accompagner et les soutenir dans ces moments d’extrême fragilité psychologique. Ils ont été tout simplement victimes des croyances dépassées, malheureusement entretenues par des conservatistes ; aussi de la méconnaissance de la frontière déjà tracée par la loi fondamentale, entre la tradition et les valeurs traditionnelles. Certaines autorités administratives de l’Ouest et d’ailleurs sont aussi responsables de ce déraillement devenu légion dans nos sociétés. Par leurs agissements trop intéressés vis-à-vis de quelques autorités traductionnelles, elles ont fini par asservir la puissance de l’État a leur confié par le président de la République.
Pas de royaume en République
Le mot sultanat et lamido n’existent pas dans les lois Camerounaises, plutôt des chefs traditionnels tels que disposés par le décret du 15 Juillet 1977. Au-delà des degrés qui les différencient, certaines chefferies sont historiquement plus importantes et connectées au système politique, mieux que d’autres. C’est le cas du palais Bamoun et autres sultanats. « Foumban est comme Monaco en France », n’avait de cesse de marteler un égotique ancien préfet du Noun. Ces hérésies langagières secrétées par le « Ngomna » ont structuré la pensée et l’éducation de certains jeunes. Pourtant , dire qu’il n’existe pas de royaume ou de Monaco en République camerounaise, n’est en rien une offense à l’endroit de nos très respectés gardiens et garants de nos valeurs traditionnelles ; c’est plutôt une invite à un arrimage rapide aux règles de la République. Avec la révocation sans remords de 4 élèves sous officiers, le ministre Beti Assomo a repeint les balises pour repréciser la ligne rouge que chacun devrait respecter.
Que les jeunes et autres citoyens le sachent. Aucun chef traditionnel, quelle que soit sa puissance n’aura plus assez de moyens pour les sortir des mailles de la machine corrective de l’État, dans lesquelles il les aura entraînés, pour assouvir ses désirs. Un nouveau Cameroun est en train de se dessiner.
© Alexis Yangoua