C’est avec gris gris et danses sorcières qu’ils avaient bloqué les travaux d’aménagement du lieu dit rond point Panchi à Banka. Un projet entrepris par le maire dans le cadre du BIP.
Au lieu d’un monument géant et moderne entouré d’un espace de loisir, c’est plutôt des herbes et arbustes bien frais qui meublent le rond Point Panchi, situé au cœur de la ville de Banka, chef lieu de l’arrondissement éponyme. Pourtant, le maire de cette commune du département du Haut Nkam avait entrepris des travaux d’aménagement de cet espace, vitrine de la ville de Banda. Un projet de 59 millions frs cfa obtenu du Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain à travers le Budget d’Investissement Public de l’exercice 2021.
S’y trouvait depuis des lustres, le monument du chef Fo’o Tientcheu ; l’un des charismatiques monarques de la dynastie Banka. Le maire Joseph Nguessieuk avait cru nécessaire de dégager ce vieux monument afin d’y hisser un nouveau, entouré d’une stèle et d’autres éléments décoratifs et attractifs. Bref, le projet visait non seulement à embellir la ville, mais également à faire de ce carrefour giratoire un site touristique.
Suite à une lettre de désapprobation du chef Banka, Sa Majesté Monkam Toukam Arnaud adressée au préfet du département du Haut Nkam avec pour objet la destruction d’un patrimoine royal, le maire sera sommé de suspendre les travaux. Se fondant sur quelques dispositions du Code Général de la Décentralisation, le magistrat municipal ne cédera pas aux injonctions de la tutelle. Au petit matin du 10 Février 2021, alors que les ouvriers s’activent, les membres de la société secrète commis par le chef, surgissent et mettent à sac le chantier. Une fois encore, le préfet Luc Ndongo enverra une mise en demeure au maire pour le sommer de réhabiliter le monument déplacé, dans un délai de 3 mois.
6 mois après l’incident, non seulement le monument n’a pas été réhabilité par l’édile, les travaux pour lesquels le BIP a été transféré n’ont été repris et les « Djou – Djou » casseurs n’ont rien entrepris, ne serait ce que pour garder cet espace propre. Auraient-ils voulu aménager un lieu pour loger leurs totems ? De toute façon, pour le cas du projet d’aménagement du Rond Point Panchi, la tradition a supplanté la décentralisation avec la bénédiction de la tutelle des communes, censée veiller sur le processus de sa mise en œuvre.
© Alexis YANGOUA