Le préfet Ewango Budu encore sur la sellette après l’affaire Bagam.

La succession de S M Happy de la chefferie  de Balengou a pris une tournure majeure avec l’intervention du Ministre de l’Administration Territoriale, invitant le préfet à reprendre les consultations qui n’auraient pas dû être biaisées au moment du choix du nouveau chef.

« L’autorité administrative ne fait pas un chef. L’autorité administrative ne désigne pas un chef. L’autorité administrative est celui là qui assiste à la concertation dans la cour de la notabilité appelée à connaitre ce rituel, pour se rassurer que les dernières volontés de celui là qui est disparu sont respectées et que le rituel traditionnel de la région est bien respecté » Un fragment du discours de Ernest Ewango Budu, préfet du département du Ndé au cours de la cérémonie des obsèques du chef Balengou, SM Marcelin Happy Tchienkoua et de l’arrestation de son héritier. Nous sommes le 11 Décembre 2021 dans la cour royale. « Et c’est le chef lui – même qui aura confié ses dernières volontés au chef supérieur Batcha » ajoute l’autorité administrative.

Quelques semaines  après cette cérémonie de Balengou qui avait débouché sur  la désignation du prince Elvis Nguemeni Happy comme devant être le 11ème de la dynastie, après l’accomplisement des rites initiatiques, SM Nji Monluh Seidou Pokam sort de sa réserve et dénonce le processus qui a conduit à l’arrestation du nouveau chef Balengou, non sans rendre public le message des ancêtres ressassant  les différents liens traditionnels ainsi rompus entre  les deux peuples, du fait de ce changement unilatéral de la donne . Le chef Bangangté fera dont savoir qu’en fonction d’un  pacte séculaire entre les deux groupements, il lui incombait la responsabilité de porter l’identité du héritier du Nfeun Nyaa au public, contrairement au propos du préfet qui semblait attribuer ce rôle au chef Batcha. Il faut mentionner que l’absence SM Nji Monluh Seidou Pokam à cette cérémonie était déjà une alerte et d’aucuns avaient vite fait d’attribuer les raisons aux rapports peu cordiaux qui existaient entre les deux « monarques ». Cette brouille entre les deux chefs serait née avec l’arrivée au trône de l’actuel chef Bangangté. Pourtant, son prédécesseur  de SM François Djiké, leurs majestés Célestin Batchou de Bakong (arrêté par le chef Balengou et l’actuel doyen des chefs du Ndé), Tchienkoua Happy et Elie Roger Toukam Fotso, « Roi » des Batoufam jusqu’en 1989, constituaient un quatuor très soudé. Ils se rendaient régulièrement visite aussi bien dans leurs chefferies respectives que dans leurs exploitations agricoles et artisanales. D’ailleurs, le 3ème fils du chef Bakong portera le nom du chef Bangangté alors que son homologue de Batoufam offrait une de ses filles à la chefferie Bakong dont une reine mère avait des liens avec la lignée royale Balengou.

Dans son message  qui  ne laisse d’ailleurs  transparaitre le moindre  signe de contestation du prince en initiation, SM Nji Monluh Seidou Pokam rappelait  avec emphase le non respect de la procédure successorale qui entraine illico presto la rupture du pacte entre les peuples Bangangté et Balengou.

Pourquoi le préfet du Ndé a failli ?

« L’autorité administrative est celui là qui assiste à la concertation dans la cour de la notabilité appelée à connaitre ce rituel, pour se rassurer que les dernières volontés de celui là qui est disparu sont respectées et que le rituel traditionnel de la région est bien respecté » avait déclaré le préfet Ernest Ewango Budu. Le disant, il  était  en phase avec la lettre du décret du 15 Juillet  1977 qui organise les chefferies traditionnelles au Cameroun. Dans sa posture du premier renseigné du département, l’esprit et même la pratique voudraient qu’à travers  l’obligation de consulter,  l’autorité administrative ait  l’avis de l’unique chef de 1er degré du département. Le chef de 1er degré n’est certes pas la hiérarchie  de  toutes les autorités traditionnelles  des degrés inférieurs de la même unité administrative, mais elle reste le  premier interlocuteur de l’autorité administrative lorsqu’une situation émanant de ce secteur requiert son intervention. Ce travail fait sans considération des rapports tièdes qui lient les deux acteurs, le préfet du Ndé aurait non seulement su que le chef Bangangté était l’un maillon assermenté  de cette opération successorale, mais il aurait également trouvé des moyens pour solutionner  la crainte ou la méfiance qui aurait poussé le défunt à éluder le chef Bangangté et le substituer  par son ami le chef Batcha, avec la bénédiction du Chef Baleng dit- on.  Si le testament du chef est un acte libre et personnel, des personnes impliquées dans la procédure successorale s’imposent à lui et leurs filiations sont contenues de toute la communauté. Ainsi, si le préfet s’était véritablement impregné ( une autre composante de la consultation), il aurait fait recours aux archives de 1968,  année de  l’intronisation du chef Happy, pour se faire une idée précise  des acteurs habiletés à procéder à l’arrestation du chef de 2ème degré de Balengou. Le préfet Ernest Ewango Budu aurait peut être évité cette séquence trouble qui à Bagam dans les Bamboutos, a créé un  bicéphalisme  à la tête de sa  chefferie. D’ailleurs dans ce groupement, il  est perçu par une bonne frange des princes comme étant le fauteur de cette mauvaise ambiance qui y règne.

Le message – fax du MINAT au préfet du Ndé.

Le message – fax du Ministre de l’Administration Territoriale du 18 Janvier 2022 adressé au préfet du département du Ndé se serait fondé sur les résultats de la lecture des archives.  Le ministre Paul Atanga Nji a renvoyé l’autorité administrative du Ndé à la révision de sa copie, en ces termes « Vouloir bien reprendre consultation en vue désignation dit chef traditionnel dans le respect strict de la réglementation en vigueur us et coutumes de la localité… ». On peut comprendre la promptitude du MINAT, même si cette décision a suscité l’ire de quelques résidents et ressortissants Balengou. Le cas des chefferies Bagam et Bangou a certainement échaudé le MINAT. Vivement que la reprise de la procédure recommandée par la tutelle, aboutisse à un choix consensuel. La cohésion entre les groupements Bangangté et Balengou quelque peu écornée par cette affaire devrait rentrer dans l’ordre d’antan.

© Alexis YANGOUA

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