Entre autres doléances des Fusseps, portées à l’attention du nouveau préfet du département de la Mifi, alors en tournée de prise de contact dans les chefferies de son ressort de commandement. C’était le 21 Juin 2024 à l’esplanade du palais ‘’Royal’’ Bafoussam.
Christophe Fofié Mbouedia, le nouveau préfet du département de la Mifi a bouclé sa première prise de contact avec la population par la chefferie Bafoussam, pour le compte de la commune de Bafoussam 1er. C’est l’occasion offerte à chaque citoyen de s’adresser publiquement à la plus haute autorité administrative départementale.
Le discours du président du comité de développement du groupement Bafoussam, dénommé ADEBSAM a été la plus retentissante des allocutions qui ont meublé la phase protocolaire de la cérémonie. Paul Foka a ressassé la kyrielle de doléances qui étranglent les Bafoussam (Fussep). Sur le plan foncier, il a relevé le désordre orchestré à kouekong par certaines élites et autorités administratives. « Pour le moment, toutes les procédures foncières sur l’espace de kouekong ont été suspendues par le ministre du domaine, du cadastre et des affaires foncières », rassure le préfet, qui à l’entame de son message, a salué le patriotisme du maire Ngnang Cyrille de Bafoussam 1er, aussi et surtout sa diligence et la qualité de ses réalisations.
La demande de création d’une université, d’une école normale supérieure et d’une école polytechnique dans le chef lieu de la région de l’Ouest a été relancée par le président du Comité de développement et subtilement par le chef, SM Njitack Ngompé Pelé, dont le discours a été l’onction des ancêtres fusseps au nouveau « chef terre ».
L’érection de Bafoussam en chefferie de 1er degré
Le président de ADEBSAM a porté cette sollicitation avec emphase, en évoquant la ‘’vassalisation » de Bafoussam par le gouvernement, à une autre chefferie. La chefferie Bafoussam, siège des institutions régionales de l’Ouest est de 2ème degré; c’est-à-dire selon les articles 2 et 3 du décret du 15 Juillet 1977 organisant les chefferies traditionnelles, a pour hiérarchie la chefferie de 1er degré de Bamougoum. Ce que les fusseps trouvent incongru au regard de leur installation sur la rive droite du Noun. Ils y sont arrivés vers 1360 avec leur guide, le prince Tikar YENDE, frère cadet de SHAREEN, fondateur du royaume Bamoun. Le préfet Christophe Fofié Mbouedia trouvera la demande légitime et va d’ailleurs afficher l’espoir que la chefferie Bafoussam fera partie des sollicitations auxquelles une suite favorable sera donnée par le décideur. Elles sont bien nombreuses ces chefferies traditionnelles qui veulent avancer en degré, a rappelé l’autorité administrative.
Le constat est réel. Ces dernières années, les chefferies de 3ème degré ont été créées à la pelle par les autorités administratives et beaucoup d’entre elles, veulent passer au 2ème ; ce qui impliquera la promotion de certaines de 2ème degré. Mais, cela a un coup sur les dépenses publiques. Le décret du Président de République du 13 septembre 2013, modifiant et complétant certaines dispositions de celui du 15 juillet 1977, en son article 22 institue les allocations mensuelles des chefs traditionnels : 1er degré à 200 000 francs CFA, 2nd à 100 000 francs CFA et 3ème à 50 000 francs CFA. Loin de nous l’intention d’irriter les traditionnistes. Et si le gouvernement venait à accéder à toutes ses demandes, on serait tenté de connaître la plus value socio économique de ces entités qui pèseront encore plus lourd sur une trésorerie déjà en difficulté. Car selon les articles sus cités du décret de 1977, si la chefferie Bafoussam est élevée au 1er degré, il en faudra au moins deux (2) de 2ème degré sous sa coupe et celles là en auront besoin chacune, d’au moins deux (2) de 3ème degré sous leur influence. Bien sûr , cette équation est inévitable dans le contexte d’un redécoupage territorial, avec une révision à la hausse des unités administratives.
© Alexis Yangoua