Commune de Foumban : « Je respecte les lois de mon pays ». Réponse de Madame le Maire aux Jeunes Homosexuels.

CONTRIBUTION AU PANEL« CRÉER DES VILLES INCLUSIVES POUR LES JEUNES LGBTI+ »

J’ai reçu en tant que Maire de Foumban, une invitation du Secrétaire Permanent de l’Association Internationale des Maires Francophones – AIMF dont  Foumban est Membre, à participer à la Conférence de Paris, le 17 Mai 2021, pour la Promotion et l’inclusion dans les Villes.

Monsieur Pierre Baillet me transmettait par la même occasion, une correspondance de Monsieur Oumar DIDI, Président du Mouvement d’Affirmation des Jeunes lesbiennes, gais, bi et trans – MAG, m’invitant à prendre la parole lors du Panel CRÉER DES VILLES INCLUSIVES POUR LES JEUNES LGBTI+.

Malgré mon Agenda fort chargé, comme toujours d’ailleurs, j’ai répondu quelques jours après à l’AIMF, confirmant ma participation, que je souhaite inscrire sous le registre de partage d’expériences en matière d’inclusion sociale.

En effet, la Ville de Foumban a pour vision, de rester une Ville Innovante, Intelligente, prônant le Génie Humain, dans le respect des valeurs et principes partagés tels la Justice, la Démocratie, l’Égalité, la Diversité, la Solidarité…qui sont les voies par excellence de

Paix et de Développement durable.

Foumban, Ville historique de plus de 600 ans, riche de par son Patrimoine Culturel, Capitale de l’ancien Royaume du Noun, est située dans la Région de l’Ouest du Cameroun.

L’HOMOSEXUALITÉ ENTRE DROITS DE L’HOMME ET PENALISATION

Bien qu’au Cameroun :

1- La Constitution, Loi fondamentale, dans son Préambule affirme son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, la Charte des NU, la Charte Africaine des droits de l’Homme et des

Peuples

2- Le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, ait été ratifié, Pacte, entre autres, protégeant la vie privée, la liberté d’expression, de conscience, de religion, interdisant la discrimination, les traitements dégradants…

Au Cameroun cependant, le Code Pénal, dans son Article 347-1, punit l’Homosexualité, qui y est décrite comme des rapports sexuels avec une personne de son sexe. Alors vous comprenez que lorsque Madame Christina Okello, la journaliste de RFI, qui anime la table ronde à laquelle je suis censée participer, souhaite en savoir sur mon « engagement en faveur de la communauté LGBT » … objectif visé par la Conférence,

Je dois me dépêcher de dire que, « légaliste », je respecte les lois de mon pays le Cameroun.

Je dois ajouter qu’en tant qu’acteur Politique, le Parti Politique, l’UNION DEMOCRATIQUE DU CAMEROUN, l’UDC dont j’ai la charge de conduire les destinées avait, en son temps, clairement donné sa position sur la question de l’Homosexualité, lorsqu’elle s’était invitée il y a quelques années dans le débat public, à travers une Déclaration, affirmant que, la grande majorité de ses membres est constituée des personnes croyantes qui observent les préceptes religieux, chrétiens, musulmanes et autres !

Qu’est-ce que je fais donc dans cette Conférence ?

Pourrait être la question à me poser…

A laquelle je réponds par: Les fondements idéologiques et philosophiques du Projet de Société auquel nous adhérons dans le cadre politique prône de :

…Mettre l’Être Humain au Centre de nos préoccupations…

Baser les actes que l’on pose, ainsi que les institutions que nous créons sur le respect des valeurs éthiques et morales : de faire de cette discipline, une dynamique et éclairages permanents…

On ne saurait traverser une personne tombée devant nous parce qu’on est pressé d’aller à la Mosquée ou à l’Église pour prier Dieu : TRADUIRE SA FOI DANS LES ACTES ; disait toujours notre Mentor en politique, le Dr Adamou Ndam Njoya.

En tant que Maire de la Ville Foumban, j’ai pour mission première, l’amélioration du cadre de vie des populations, ceci, sans discrimination ; ce qui passe par :

– L’accès égal à toutes et à tous, à toutes les prestations d’ordre social, éducatif, sanitaire, économique, culturel, environnemental, sportif…etc.

Foumban compte aujourd’hui plus de 200000 habitants, à califourchon pour la majorité, entre traditions africaines, religieuses – desquelles il faut extirper pour les « jeter à la poubelle » celles qui ne respectent pas les droits de l’homme, et, traditions républicaines, citoyennes, laïques, démocratiques dans un État de droit.

Il est donc beaucoup plus question pour nous : D’asseoir une culture de respect mutuel ; d’égalité de tous les hommes et femmes devant la loi ;

D’élimination des préjugés socio culturels à l’égard de quiconque

De mettre fin aux discriminations basées sur le genre, la religion, l’origine tribale ; sur le « statut social » : ici, perdurent les réminiscences d’un temps révolu monarchique, caractérisé par, d’un côté : le « Monarque » et sa Cour, ayant le droit sur « la vie et la mort » ; s’arrogeant la propriété sur les terres, les biens, les personnes, et, de l’autre côté, les « soumis » voire les esclaves… !

D’assurer à la tranche d’âges de 0 à 25 ans explosive des jeunes, un aménagement urbain conséquent ;

D’accompagner la population féminine qui est la plus nombreuse, la plus mobilisée et la plus organisée – évoluant pour la plupart dans le milieu rural avec ses contraintes – au regard du rôle central qu’elle joue au sein des familles , dans la communauté, en déphasage avec la considération ou le respect de ses droits fondamentaux : Droit à l’Education, à la Santé, avec les conséquences des pratiques telles, le Mariage Précoce ; la Polygamie, accentuant leur précarité…Droit des femmes à l’accès aux postes de prise de décision, et à l’accès aux fonctions politiques…

De la prise en charge des personnes âgées ;

De l’insertion des personnes déplacées internes qui nous viennent souvent en famille, des zones conflictuelles.

PARCE QUE LE CODE PENAL AU CAMEROUN CONDAMNE

L’HOMOSEXUALITE : DEVONS-NOUS DANS NOS VILLES :

1- Encourager la vindicte, les violences et mépris communautaires à l’égard des

« Homosexuels » ?

2- « Livrer » les Homosexuels aux Forces de Maintien de l’Ordre ?

3- Fermer les yeux et les oreilles sur les inégalités de traitement et d’accès aux services sociaux parce que « sujet tabou » ?

En toute responsabilité, et, après mes 13 ans d’expérience parlementaire comme Député A l’Assemblée Nationale, je reste persuadée que les mutations socioculturelles devraient être prises en compte et intégrées aussi bien par le haut que par le bas, concomitamment. Le « haut » étant ici : une volonté politique affirmée des dirigeants, l’amélioration du cadre législatif ; le suivi du respect des lois, l’application des sanctions en cas de non respect.

Et le « bas » : Au niveau local, l’éducation, l’information, les actions concrètes d’intégration sociale et d’inclusion.

Tout ceci induit, au regard des vides juridiques, des lois dépassées, d’apporter des modifications à nos lois ; lesquels exercices doivent être précédées comme souligné plus haut d’une volonté politique d’éducation et d’information des populations sur les questions cristallisant les opinions, et susceptibles d’engranger la haine ou la violence gratuites. Les populations doivent être sollicitées ou consultées régulièrement ; le processus aboutissant à l’adoption des Lois doit être participatif, ouvert, et dynamique au niveau du Parlement.

DÉJÀ IL Y A UNE DIVERSITE DE COMPREHENSION AU CAMEROUN DE CE QUI EST ENTENDU PAR LE TERME « HOMOSEXUEL »

Parce que la question reste tabou, l’homosexualité est assimilée ici des fois à la pédophilie ainsi qu’à des supposées pratiques « magiques » pour acquérir soit le pouvoir, ou la richesse…

FAUDRA T’IL QU’ON SE METTE A OUVRIR DES CLASSES SPECIALES POUR

EXPLIQUER AUX POPULATIONS CE QUE C’EST QUE LES LGBTI ?

Même en Occident, cette démarche est loin d’être partagée, « officiellement » ; ce qui veut dire que l’éducation des parents à la maison ou la responsabilité parentale reste essentielle. Un enfant bien encadré en famille, va grandir avec une connaissance et ouverture d’esprit qui va le prémunir des attitudes fermées, dogmatiques. L’École de la

Vie, l’auto éducation en dehors de la maison, prenant le relais, une masse critique serait conscience, par transmission des Valeurs.

HOMOSEXUALITÉ CONSIDERÉE COMME « UN LUXE » : C’EST-CE QUI EXPLIQUE A NOTRE AVIS QU’AU CAMEROUN COMME UN PEU AILLEURS EN AFRIQUE, L’OPINION ACCUSE « LES BLANCS » DE VOULOIR A TOUT PRIX L’« IMPOSER » EN AFRIQUE QUI « SOUFFRE » /CONNAIT DES PROBLEMES CONSIDERES COMME PLUS « IMPORTANTS » !

A notre compréhension, au regard des nombreux « urgences », « besoins vitaux », «priorités » dans nos pays, tant sur le point des Droits Civiques, que Politiques, ou Economiques…exemple : violation des Droits des enfants à l’instar du travail forcé ou de l’exploitation des enfants…du Droit à la nationalité : au Cameroun les enfants nés des parents de nationalités différentes sont obligés de se ranger derrière la nationalité de l’un de leurs parents, tandis qu’ailleurs, la double nationalité est de règle…Droits civiques ; Droit aux actes d’état civil ; avoir sa carte d’électeur sans difficultés…

Nous avons parlé des discriminations à l’égard des femmes et des filles ; on peut aussi s’arrêter sur les rites du veuvage ; les mutilations génitales Féminines ; la Polygamie qui est la règle, tandis que la monogamie reste l’exception ; ce qui nous semble ici une violation de l’égalité de tous devant la loi : si les hommes peuvent avoir plusieurs conjointes, les femmes le devraient aussi…

CONSEQUENCES DE L’ABSENCE D’UN CODE DE LA FAMILLE AU CAMEROUN

En effet, au Cameroun, en l’absence d’un Code de la Famille, qui régirait et protègerait un ensemble d’individus unis par un lien de parenté, d’alliance, d’adoption, le couple, leur responsabilité et représentation parentale, la succession…le système semble débordé, avec un Code Civil dépassé pour certaines de ses dispositions ; libre cours est laissé à des pratiques coutumières non respectueuses de la dignité humaine.

LES VILLES COMME LEVIERS D’OUVERTURE D’ESPRIT, DE TOLERANCE, D’ACCEPTATION DE L’AUTRE.

En conclusion, sans être passible de condamnation pour activités contraires à la loi dans un contexte où le cadre juridique et l’opinion « semblent » tranchés, sur une question -qui reste tabou, non portée au débat public sans passions déformation, et positionnement pourtant, relevant bel et bien du domaine des droits humains à protéger, il restera le droit à la communication, à l’information, à l’ouverture des débats, sans tabous, en toute responsabilité, pour des questions essentielles, et, les Maires, dans les Villes, à travers leur Conseil Municipal, le dialogue citoyen, leurs actions et leurs interventions concrètes sur le terrain garantissant l’égalité de tous, la Justice Sociale, Être et Agir Ensemble…etc. sauront, peut-être faire « bouger les lignes », bien que n’étant pas, là, dans le cadre de leurs missions premières, en tous cas, nos Villes véhiculeraient les valeurs d’inclusion sociale incontournables pour la Paix et le Développement.

Je vous remercie.

Hon. TOMAINO NDAM NJOYA

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