Il y a quelques années, le cas du petit Gédéon avait préoccupé le ministère de la santé publique et ses partenaires, qui avaient d’ailleurs offert une prise en charge aussitôt que l’enfant avait été déclaré malade de poliomyélite.
Aujourd’hui âgé de 13 ans et élève en classe de 3ème au lycée bilingue de Malantouen dans le département du Noun, Gédéon avait été frappé par le poliovirus alors qu’il avait à peine posé les pieds au sol et commençait à gambader comme les enfants de son âge. Après quelques moments de traitements aussi traditionnels, il est référé à l’hôpital régional de Bafoussam et aussitôt pris en charge par le gouvernement à travers le ministère de la santé publique et ses partenaires. Le bébé Gédéon en sortira marqué par les séquelles principales du poliovirus ; c’est-à-dire la paralysie de ses membres inférieurs, un état irrémédiable. « On gère le cas de Gédéon avec beaucoup de difficultés. Gédéon ne peut pas rester seul, il est un fardeau non pas seulement pour moi seule, mais pour toute la famille et parfois pour tout le quartier. Il sait préparer, laver ses habits, faire la lessive, mais il a toujours besoin d’une assistance » la mine couverte de regret, Bénédicte Carine Ndouyou la mère de Gédéon, raconte les peines que le poliovirus a imposées à elle et à sa famille.
Gédéon est un garçon bien éveillé qui tient à sa formation scolaire. Mais, il est diminué dans son courage par des heures d’absence qu’il cumule au lycée. Le chemin qui sépare leur résidence sis au quartier Njissé et le lycée bilingue de Malantouen, long de près deux kilomètres est praticable en saison sèche. Malheureusement, même en cette période favorable, Gédéon ne peut être assidu au lycée, par ce que sa chaise roulante est constamment en panne. Et quand bien même elle est mise en état de fonctionnement, il lui est difficile d’arriver à l’établissement sans une aide. L’an dernier en 3ème, l’un de ses camarades de classe en avait fait l’une de ses responsabilités. Selon sa disponibilité, il venait le chercher à la maison et l’y ramener le soir après les cours. C’était un soulagement pour la famille. En cette année scolaire 2023/ 2024, Njoudiyimoun Serges Bertrand fréquente la classe de seconde après avoir obtenu son BEPC. En saison des pluies, la situation est plus compliquée pour Gédéon« Gédéon a un gros problème avec sa chaise roulante qui ne lui permet pas de se mouvoir aisément. Sur 5 jours de classe, il peut aller 3 fois par ce que la chaise ne fonctionnement bien. Cette année, il a trop souffert pour aller à l’école. C’est d’ailleurs la cause de son échec au BEPC. Mais, son ami Serges le soutient énormément. Il a son emploi de temps et fait des efforts pour l’aider au lycée et le ramener à la maison. L’an dernier, ils étaient tous en 3ème et c’était plus facile. Il a eu le BEPC et il fait la seconde. Quand la chaise ne fonctionne pas, on doit le porter au dos. Or, il est Costaud et lourd pour être porté. Il a la volonté d’aller à l’école, mais il est contraint avec beaucoup de regret de ne pas y aller parfois ». explique la mère de Gédéon. En conclusion, Gédéon attend de nous une chaise roulante plus adaptée.
Le 1er tour de vaccination en réponse à l’épidémie de variant du poliovirus du type 2 est ouvert depuis le 22 septembre 2023, dans 6 régions du Cameroun, dont l’Ouest. Ceci pour 3 jours. Les équipes sont sur le terrain pour administrer les doses de vaccin aux enfants de la naissance à 59 mois. Aux réfractaires au vaccin pour des raisons diverses et à ceux des parents désintéressés, la mère de Retoumanje Expérance Gédéon vous parle. « Une mère d’enfant qui ne veut pas souffrir dans toute sa vie comme moi, doit vacciner son enfant dès la naissance. Si tu ne vaccines pas ton enfant ; me voici, je suis au village. Je ne peux pas m’absenter même pour un mois, par ce que je pense toujours à Gédéon qui, à son âge pouvait bien s’occuper de lui. Si Gédéon était en bonne santé, si je l’avais vacciné, c’est que je pars même pour un an. Donc, la mère d’enfant qui veut être en bon état psychologiquement, doit vacciner ses enfants ». En mère éducateur dans sa communauté pour des questions de vaccination, après que son fils soit victime du poliovirus, Bénédicte Carine Ndouyou a toujours reconnu son ignorance, due en son temps aussi à sa jeunesse.
Selon les spécialistes de la santé, si Gédéon s’en est sorti avec les membres inférieurs paralysés, certains enfants n’ont pas eu cette chance. Le malade peut succomber si le poliovirus attaque les muscles cardiaques.
© Alexis YANGOUA