Hormis dans le Noun, le RDPC a gagné les régionales depuis le 9 Février 2020. Le 6 Décembre 2020 aura été une précampagne pour l’élection du président de l’exécutif régional.
L’avance obtenue par le RDPC à l’issue de l’élection couplée du 9 Février 2020, avait déjà donné la direction que prendra le conseil régional de l’Ouest dans la catégorie des délégués. Seul le Noun avait échappé au parti de Paul Biya. La Mifi aurait pu constituer un point d’attention si le SDF n’avait pas boycotté la compétition. En effet, le parti du 26 Mai 1990 disposait de 59 conseillers municipaux contre 66 pour le RDPC.
En réalité, à l’Ouest comme dans la plupart des régions, les vraies élections se sont déroulées au moment du choix des candidats. Ainsi, à partir du 21 Novembre 2020, jour de l’ouverture de la campagne pour desdites régionales, l’enjeu n’était pas celui d’une élection ordinaire, les listes ayant été déjà validées par des instances compétentes. La campagne s’est jouée sous fond de positionnement par rapport au bureau de l’exécutif régional. D’ailleurs, au cours d’une conférence de presse en nocturne tenue le 4 Décembre 2020 à sa résidence de Bazou, Jules François Famawa avait donné le ton « J’interpelle encore ceux qui pensent que c’est à 60, 65,70 ans qu’ils vont venir prendre un poste au conseil régional. Je dis que c’est de la grosse bêtise » avait – il lancé. Selon lui, dans la gamme des concurrents susurrés à savoir Jules Hilaire Focka Focka, André Siaka et Bernard Fongang, seule la tête de liste des Hauts Plateaux fait figure de candidat idéal. André Siaka du Koung –Khi et les autres étant déjà des fossiles, bons pour achalander les musées et les cases patrimoniales.
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la chasse au pourcentage plein aux élections régionales. Dans le Koung – Khi, on a perçu une poussée d’adrénaline dans le camp du RDPC. Dr Madeleine Tchuente et ses camarades étaient sur le gril quand il a été constaté que trois conseillers municipaux n’avaient pas voté et n’avaient non plus donné signe de vie entre 11H – 14h. Le dîner apprêté pour 13h ne sera servi que lorsqu’on a pu les retrouver. Visage luisant de joie, la présidente de la commission de campagne va l’annoncer avant la petite agape disposée dans la salle de délibération de la mairie de Pete – Bandjoun.
La contribution politique n’est pas à négliger en pareille situation et chaque postulant au poste de président ou vice présidents du conseil régional se devait de gagner le premier test ; c’est-à-dire atteindre le 100%. On peut donc saisir le sens de toute la manœuvre à laquelle n’a pas pu échapper même l’opposition. La compétition devenue inter départementale, tout y est passé : argent, influence, promesses et surtout les affinités amicale et familiale. « Il faut soutenir le frère ».
Au bout de la manœuvre, André Siaka, Jules François Famawa, Bernard Fongang ont pu obtenir le taux de réussite de 100%, alors que le marquoir de Jules Hilaire Focka Focka a affiché 94,21 %. Un « 94,21 % Fort », autrement dit, un pourcentage performant pour la tête de liste des délégués de la Mifi dont la tâche était plus ardue que celle de ses supposés concurrents. Pour y parvenir, il fallait convaincre l’opposition alors que les autres se sont juste contentés de faire exécuter les consignes du parti, en agitant de temps en temps l’épée de Damoclès pointée au – dessus de la tête de chaque conseiller municipal. « Que faisait-il le 9 Février 2020 », pourrait lui rétorquer ses rivaux. Surtout que le digne fils de Koukaha – Fussep a fait échapper de l’escarcelle, l’une des mairies les plus convoitées de l’Ouest. Toujours est-il, le sommet du parti RDPC pourrait ne pas permettre cet affrontement tant attendu entre le S3F. Son président national fera usage de son pouvoir discrétionnaire pour investir qui il voudra. Un autre enjeu et pas le moindre, étant le positionnement par rapport à un éventuel remaniement ministériel.
Pour une réelle décentralisation, les exécutifs régionaux et celui de l’Ouest en particulier ont besoin des présidents technocrates courageux et non des politiciens pantins aiguillonnés par la discipline des partis politiques.
© Alexis YANGOUA