Opposition politique : le SDF ou le souffre douleur d’un peuple.

Depuis quelques années, le social Democratic Front (SDF) subit  des critiques parfois acerbes. Des griefs  qui ont pris une allure  exponentielle avec la naissance en son sein de G27 ; un groupe de dissidents.

On le croyait disparu ou gisant dans un état quasi  végétatif. Comme un roseau, le parti du chairman Ni John Fru Ndi s’est remis sur la scène politique et l’opinion le voit se repositionner au rythme d’un engin alimenté par un moteur diesel. À la grande surprise de plus d’un, l’opération très active des renouvellements de ses organes de base encore en cours, a prouvé que le SDF avait la capacité de resister  aux adversités, mêmes les plus brutales, entreprises aussi bien par ses créatures le G27, que par certains partis d’opposition qui auraient pu être perçus comme des partenaires.

L’intolérance de certains acteurs de la scène politique

Le 31 Mars 2023, le Chef de l’État a nommé les 30 sénateurs devant s’ajouter aux 70 issus des élections du 12 Mars 2023. Le RDPC avait raflé la mise et d’aucuns comptaient sur la discrétion du Président de la République pour voir une chambre haute du parlement, colorée  d’acteurs issus des entités autres que le RDPC et  la majorité présidentielle. Que non. Seul le SDF verra l’un de ses militants parmi les titulaires nommés. Aussitôt, le parti de la balance est rangé  comme tête – de – turc par  ceux et celles qui l’ont toujours attendu au virage, bras armés de gourdin. Le péché  du leader du SDF, aura été son silence  supposé approbateur  suite à cette nomination, à la place  d’un communiqué annonçant le refus de ce « petit » siège dans un sénat auquel il a été présent pendant la première et  la seconde cuvée,  avec respectivement 14 et 7 membres élus.

« Fru Ndi doit avoir honte, Fru Ndi et Osih ont encore trahi le peuple, le SDF a confirmé sa collaboration avec le RDPC,… », Une pluie de critiques véhémentes ainsi  déversée sur le Président National et  le 1er vice président du SDF,  par quelques acteurs politiques, attisés par certains hommes de médias d’une partialité inouïe. Jean Robert Wafo l’un des auto exclus va les traiter d’épiciers alors que Me Ngouana  Mustapha son camarade de G27, n’ira pas avec le dos de la cuillère pour couvrir son ex président national des mots à la limite insultants. Décidemment, l’intolérance et la science infuse ont inhibé la réflexion et le raisonnement dialectique.

Les mêmes qui ont canonisé les honorables Wirba  et Nitcheu pour s’être servis de la tribune parlementaire pour porter haut  les desiderata du peuple, exigent  que le même SDF qui a produit leurs députés adulés et héros, rejette  cette autre occasion pouvant  lui permettre de poursuivre le même combat. Un paradoxe propre à la masse  et auquel les intelligences ne devraient s’y soumettre.  Me diront ils qu’il s’agit d’une nomination d’un régime « répressif et dictatorial… », alors que les autres étaient ou sont des élus par le peuple. Bien que soumise à la discrétion du Chef de l’État, la loi qui dispose cet acte présidentiel impose -t- elle des restrictions  aux bénéficiaires  par rapport à leurs camarades élus ? Absolument pas.

Pourquoi l’Honorable Vanigassen  Mocchigle  ou le chairman Ni John Fru devrait il avoir « honte » d’accepter ce menu fretin dont la valeur pourrait être inestimable dans certaines circonstances ? Dans le contexte de décentralisation bien que biaisée, le SDF à travers son sénateur, pourrait être aussi présent sur le flanc  de la coopération décentralisée. C’est toujours une plus value que d’avoir un membre de la chambre haute  dans sa délégation au moment  des échanges partenariaux, au profit des populations. Le SDF est membre très actif de l’International Socialiste (IS). Le sénateur Mocchigle, parfait bilingue peut être un atout pour son  parti, aussi bien au contact de ce regroupement qu’avec ceux en lien avec le Commonwealth. Le SDF connaitra un nouveau leadership au soir du 30 Juillet 2023 et les nouvelles missions pourraient être assignées à ses représentants dans les différentes chambres.

Non sans se détourner de leurs missions fondamentales en tant que opposant au régime, les partis politiques d’opposition doivent sortir de leur « bullocratie » populiste et de la radicalité parfois béate, pour s’inscrire dans une dynamique qui répond à la réalité.  La présence d’un seul sénateur non membre de la majorité présidentielle au sénat, n’entame en rien la construction d’un rapport de force favorable au changement. Au lieu de s’en dormir sur des sarcasmes et jeter le SDF à la vindicte d’un public, il serait judicieux de développer des critiques constructives, aussi dans le sens de proposer une feuille de route à ce singleton de l’opposition non alliée au Rdpc. Les partis politiques d’opposition  se sont souvent imposés avec leur minorité. Allusion faite à MOUNCHIPOUGATE, au projet de loi sur l’élargissement de l’immunité dont l’apport de l’honorable Martin Oyono du RDPC fut déterminant pour  son retrait.

Le peuple doit connaître les avantages et les inconvénients d’une telle présence  au sénat, pour la construction de ses idées. Se limiter à la seule collaboration avec le « monstre », peut contribuer à l’abrutissement de la masse. Réagissant d’ailleurs à cette question du sénateur SDF, un citoyen disait « Que gagnerons –nous si le SDF refuse ce siège, alors que le RDPC a déjà une majorité obèse ? Il aurait agi comme l’UDC, s’il avait été un suppléant. C’est d’un titulaire qu’il s’agit. C’est-à-dire un acteur opérationnel qui même seul, peut être utile. S’il refuse la nomination, le peuple applaudira. S’il y va et pose des actes courageux, ce même peuple fera de lui un héros. Autant y être».

© Alexis YANGOUA

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