Dans une correspondance en date du 18 Juin 2024, SM Moumbe Fotso Mitterrand, le Chef Bamougoum remonte les bretelles à son notable Tafam Roger dit Mbe Ndefoe Teuboh Taditack.
Commençons par quelques observations majeures qui pourraient être le fondement de cette correspondance devenue virale. Elle est adressée au notable concerné et ampliation à quelques piliers de la notabilité Bamougoum, au conseil des neuf notables et au Conseil supérieur des notables; et non au public, ni aux autres forces vives, encore moins aux autorités administratives dont le chef est auxiliaire. Il s’agit bel et bien du châtiment d’un membre du clan dont le récidivisme serait reconnu notoire par le guide.
Si le refus de l’octroi du permis de bâtir à monsieur Tepou Norbert, pour la construction de son collège d’enseignement technique ( néanmoins bâti sans l’autorisation du maire), semble être l’acte qui aura suscité l’ire du monarque, la teneur de ce pamphlet étale à suffire un profond différend qui s’est établi entre l’autorité traditionnelle et son notable, par ailleurs maire de la ville de Bafoussam. D’ailleurs, au cours d’une session du Conseil de la communauté urbaine, le Fo’o des Bamougoum n’était pas allé avec le dos de la cuillère pour dire son constat de désintérêt du chef de l’exécutif, pour les besoins des chefferies de la Mifi. N’ayant pas été mandaté par ses pairs pour porter leur parole, les plus avisés avaient vite compris que cette intervention très appuyée de Sa Majesté n’était autre que l’expression d’une guerre larvée entre un ‘’père’’ et un fils Bamougoum.
À la suite de ses dénonciations, avertissements et au demeurant, des mises en demeure au notable Tafam Roger dit Mbe Ndefoe Teuboh Taditack, le chef Bamougoum n’envisage pas soumettre ce litige au jugement ou à la médiation d’une entité extérieure. On peut donc insinuer qu’il entend faire usage de ses pouvoirs traditionnels et de la puissance de leurs sociétés secrète pour stopper la défiance du maire Roger Tafam, qui pour aboutir à ses fins, aurait tenté de déstabiliser la cohésion de la notabilité Bamougoum à travers des actes de corruption de ses membres.
Quelles sont les sanctions qu’encourt un notable délinquant et récidiviste ?
La révocation est la sanction courante pour les notabilités de gratification ; c’est-à-dire des personnes anoblies par le monarque en guise de récompense pour leurs contributions au développement de la communauté. Leur qualité de notabilité relève de l’imagination du donateur. Avec la contribution des autres membres de la cour, le chef lui coud un titre qui sied soit au type de ses apports, soit au contexte de sa cooptation. Ce notable dit de « pacotille » par ce que n’yant pas de connection réelle avec les esprits fondateurs du village , peut être interdit de rites coutumiers jusque dans leur concession familiale, après que ses attributs factices lui aient été retirés.
Par contre, pour les notabilités de souche dont le chef n’a aucun pouvoir de destitution, le traitement disciplinaire est tout autre. L’histoire raconte un cas de figure plus usité. Le cercle restreint de la cour du monarque se réunit pour trouver la sentence appropriée. Elle pourrait consister à la fragilisation du totem de leur camarade devenu encombrant. Ayant perdu ses pouvoirs exceptionnels, ce totem qui en réalité est la composante la plus importante du notable, va rejoindre la classe des animaux ordinaires ; cette fois plus affaibli et étourdi. Sa vulnérabilité va l’exposer à la trappe du premier chasseur et le notable mourra avec l’abattage de ce dernier. La société secrète pourra ainsi accueillir un nouveau membre qui n’est autre que le successeur du sacrifié, qu’elle aura choisi en étroite collaboration avec sa famille. Mais récemment, un ancien député et grand notable à cette cour aurait été détrôné par le chef Bamougoum pour exaction sur quelques membres de sa famille et surtout pour accaparement foncier. Des comportements qui se sont ajoutés aux nombreuses plaintes familiales, pour usurpation.
Le notable Tafam Roger dit Mbe Ndefoe Teuboh Taditack appartient – il à quelle catégorie de notabilité ?
Les implications politiques
L’aspect politique est abonnement évoqué dans cette note. Le chef Bamougoum est tout de même ouvert à un arrangement à condition, que le maire de la ville de Bafoussam accepte de corriger ses torts et réparer les préjudices. Le gardien des valeurs traditionnelles Bamougoum a listé quatre(4) préalables. Le 2ème fait évoque les sanctions politiques qu’encourt le conseiller municipal Roger Tafam. Il lui est rappelé que les promesses de campagne faites à sa base politique, ne sont pas tenues à un an de la fin de la mandature. Indirectement, SM Moumbe Fotso Mitterrand s’adresse aussi à son mentor d’hier, le sénateur Sylvestre Ngouchinghe, qui serait de mèche avec le magistrat municipal de la ville de Bafoussam. Le PDG de congelcam ne voudrait pas aussi voir cette bâtisse pousser en face de son domicile.
Cette affaire qui entrave quelque peu les règles de la décentralisation, vient renforcer la pagaille politique déjà installée dans la Mifi et particulièrement dans la section RDPC Mifi – Ouest. Cette guéguerre entre hommes situés, qui place le chef dans la posture de l’ennemi commun, aura tout de même eu le mérite de dissiper les mésententes que d’aucuns ont toujours soupçonnées entre congelcam et le maire de la ville.
Le démembrement départemental du parti de Paul Biya en pâtira. Une chose est certaine, les « grands camarades » que sont le gouverneur, le préfet, le sous préfet et membres du gouvernement s’y impliqueront pour sauver les meubles. En tout cas, les oppositions déjà silencieusement en verve dans la Mifi, les observent en se pourléchant, sourires aux lèvres.
© Alexis Yangoua