Conformément à la loi, le Préfet du NKoung – Khi a convoqué pour le Lundi 11 Mai 2020 la session du conseil municipal consacrée à l’élection du nouveau maire de Pete – Bandjoun. Ceci en vue de remplacer le patriarche Fotso Victor décédé le 20 Mars 2020 à Paris. Mais, l’hypocrisie et la perfidie veulent prendre le dessus sur le bon sens et la loyauté.
Sauf désistement de dernières minutes, Madame Maptuè Fotso Nicky Love, 1ère adjointe au maire de Pete – Bandjoun et fille du maire Victor Fotso de regrettée mémoire, aura pour challengers les conseillers municipaux David Kengne et Emmanuel Chatue. Si David Kengne dit Nnom Ngui ou panthère en langue locale ‘’le Ngomalaah’’ est loin d’être une foudre de guerre, Emmanuel Chatue semble sérieux et déterminé à aller jusqu’au bout quitte à braver les consignes du comité central du parti RDPC, si elles venaient à lui être défavorables. Le slogan de campagne du PDG de canal2 en dit long sur ses ambitions et sa témérité « Bandjoun pour tous et avec tous ». Sa profession de foi est la plus vulgarisée et partagée, ce qui dénote la capacité de la machine communicationnelle mise à contribution. Bien sûr, l’élection du 11 Mai 2020 n’étant pas populaire, il peut tout de même miser sur la contrainte morale que le public pourrait imposer au collège électoral composé de conseillers municipaux. Bandjoun, le Nkoung – Khi et la région de l’Ouest sont tenus en haleine par cette actualité d’une envergure politique majeure.
Le Patriarche Victor Fotso est il victime du syndrome de Frankenstein ?
« Les morts ne sont pas morts » prêchait l’écrivain Birago Diop, traduction de l’un des pans de la croyance africaine ayant pour socle l’animisme. Le patriarche victor Fotso est mort certes, mais la dépouille est toujours coincée à paris certainement, du fait des mesures imposées par le COVID – 19. Le digne fils du quartier Hiala reste parmi les Hommes c’est-à-dire n’est pas encore parvenu au monde décrit par l’écrivain et poète Sénégalais, ce d’autant que la séparation physique marquée par l’inhumation et les funérailles n’est pas encore intervenue. Déjà, la bataille enclenchée par quelques unes de ses créatures politiques contre sa fille Maptuè Fotso Nicky Love, en vue d’occuper la chefferie de l’exécutif communal, fait penser au monstre devenu maître et tueur de son créateur. Le patriarche Fotso victor n’aurait pas fait d’elle sa 1ère adjointe, s’il ne l’avait pas imaginée maire. Cette position dans l’ordre des membres de l’exécutif communal était une succession préparée s’il venait à disparaitre, le poids de l’âge et sa santé fragile étant des signaux. Nous sommes certes en démocratie, en République et surtout dans une procédure régie par le Code Général des Collectivités Décentralisées, mais devons nous croire que la politique a pu dépouiller certains acteurs de leur sens de loyauté.
Entraver l’accession de l’actuelle 1ère adjointe au poste de maire de Pete – Bandjoun relève de l’ingratitude et la perfidie à l’endroit d’un parrain à qui on a toujours voué un respect quasi divin. C’est s’opposer au choix du bâtisseur de Bandjoun et de Nkoung – Khi. Dans une lettre posthume en date du 3 Avril 2020, adressée à son géniteur, l’avocate Christelle Nadia Fotso dénonçait déjà cette hypocrisie aujourd’hui bien manifeste « Tu avais prédit ce qui se passe maintenant : Bandjoun, les Grassfield, des notables et bourgeois impuissants ,grand nombre d’alliés politiques qui étaient de faux – amis ,mais de vrais opportunistes et les autres qui ont regardé ta déchéance avec détachement ou délectation en feignant l’ignorance alors qu’ils avaient souvent partagé ton intimité. Malgré tout, il est difficile de tolérer l’indécence de tant de personnes… ».
D’ailleurs, s’il faut garder l’esprit qui sous tend les résultats obtenus à l’issue des sessions de plein droit, on s’attendrait dans le cas d’espèce à un simple glissement comme le suggère le Pr Alphonse Amougou, enseignant à l’université de Douala « Dans tous les cas de figures où il y a élection pour succéder à un maire décédé, c’est toujours le 1er adjoint qui est devenu maire. Et il y a un réajustement vers le haut. Cela crée une jurisprudence. Il n’y a pas de raison que cela change pour le cas de Bandjoun. Evidemment que ce n’est pas écrit dans le code général des collectivités. C’est pour cela que je parle de jurisprudence. Une jurisprudence constante fait sens en droit. Bien sûr le cas de Yaoundé 6 où Yoki Onana était deuxième adjoint. Mais, cela ne saurait prospérer quand on sait comment il avait manœuvré pour être élu ». Une manœuvre à l’image de celle de Yaoundé 6 avait été opérée à la mairie de Bayangam après le décès du maire Sohaing André et une suite fût bouleversante.
Même si à Bandjoun certains s’activent à dire qu’il faut saisir la perche pour mettre un terme aux Fotso à la mairie de Pete – Bandjoun, même en faisant fi des œuvres de Fotso victor, il est urgent que ceux qui clamaient « Fo’o gnapgouong…Fo’o gnapgouog» (Roi qui bâtit le village), sorte de louange au passage du patriarche Victor Fotso, fassent honneur à sa mémoire et respectent sa volonté. Il s’agit entre autres de l’honorable Albert Kuinche, Sylvain Tchuenkam, Madame le ministre Dr Madeleine Tchuente. Haut plus niveau, S M Honorable Honoré Djomo Kamga, Fo’o des Bandjoun. Madame Maptuè Fotso Nicky Love a dû commettre quelques erreurs dans sa gestion intérimaire, Messieurs les conseillers municipaux Emmanuel Chatue et David Kengne soyez indulgents et un peu « gender ». D’ailleurs sous sa gestion en l’absence du maire, l’exécution du Budget d’Investissement Public de Pete longtemps l’un des moutons noirs de la performance régionale a connu une avancée certaine. Quelle que soit l’issue du 11 Mai 2020, une ère nouvelle s’ouvrira sur la commune de Pete – Bandjoun avec plus de démocratie et un esprit participatif. Finie l’élite suprême et seigneur qui a lui tout seul, faisait pour tous.
© Alexis YANGOUA
