La journée du 22 septembre 2020 a été présentée par certains médias et analystes politiques comme la journée de tous les dangers au Cameroun parce que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) avait appelé les citoyens à descendre dans la rue pour chasser Paul Biya du pouvoir si celui-ci avait l’outrecuidance de convoquer le collège électoral en vue des élections des conseillers régionaux.
Au soir de ce mardi 22 septembre 2020, force est de constater qu’il y a eu plus de peur que de mal. La forte mobilisation que beaucoup préconisaient ou attendaient n’a pas eu lieu, notamment à Bafoussam.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette faible mobilisation?
D’ abord le contexte lié à la crise sanitaire qui prévaut dans le pays et qui a donné lieu à la restriction des mouvements des citoyens. Quand bien même ces mesures ne sont pas respectées, il n’en demeure pas moins vrai qu’elles n’ont pas été levées par les pouvoirs publics. ‘’Comment peut-il nous demander d’aller marcher en plein covid-19 alors que ceux qui ont lancé ce mot d’ordre avaient passé leur temps à nous demander de respecter les mesures barrières et à nous distribuer les masques de protection’’ Voilà ce qui ressort des discussions entre certains chargeurs du carrefour le Printemps
Ensuite il y a l’objectif de la manifestation qui n’est pas fédérateur à savoir chasser Paul Biya du pouvoir. Plusieurs personnes ont estimé qu’il s’agit d’une façon déguisée de remettre au goût du jour le » non au hold up’’.
La trop grande médiatisation de la manifestation été contre productive. Elle a permis au camp d’en face de surfer et de tirer très fort sur la corde tribale. J’en veux pour preuve le ballet des chefs traditionnels sur les plateaux de plusieurs médias, appelant leurs ressortissants à se désolidariser de la marche
Les partis politiques n’ont pas vocation à mettre les gens dans la rue. Le faisant, il crée un grave précédent. Le leader du MRC doit le comprendre une fois pour toute. C’est le message que certains leaders de la société civile qu’il a rencontrés sur le tard lui ont adressé quand ils ont apprécié l’initiative tout en refusant s’y adhérer.
Au total la mobilisation sociale ne s’accommode pas d’un certain type de publicité qui s’apparente d’avantage à la propagande. Une mobilisation réussie se prépare dans la discrétion. En 2008, on n’a pas rameuté la république pour dire qu’on va descendre dans la rue. Il n’y avait pas tromperie sur la marchandise ni une multitude d’objets: non à la modification de l’article 6 de la constitution sur la limitation du nombre de mandats était l’unique objet.
Comme autre raison de cet échec, la forte présence des forces de l’ordre qui a créé une véritable psychose amenant les populations à rester chez eux.
Propos recueillis Alexis YANGOUA