PRODUITS DECAPANTS: Le plaidoyer de L’Hon Dr Maître Fotso Fostine.

Docteur en Droit Pénal et Avocate au Barreau du Cameroun, la pénaliste, ancienne Députée  à l’Assemblée Nationale,  membre de la prestigieuse commission des lois constitutionnelles  l’honorable Dr Me Fostine Fotso  se prononce au sujet des produits controversés de l’entreprise Nourishka cosmétiques de la jeune Députée Nouranefotsing.

Dans une tribune intitulée  » LE DÉCAPAGE EN QUESTION », elle  évoque opportunément ce sujet aujourd’hui, à la faveur de l’interdiction d’importation de boissons éclaircissantes. « On aura tout vu. Personnellement, j’ignorais leur existence. On a franchi l’étape des crèmes, laits, savons. Rien n’est trop beau ou assez innovants. Bientôt peut-être, on passera à la vitesse supérieure, avec des chapeaux ou lunettes éclaircissants. Wait and see. » Indique t-elle. De fond en comble, elle aborde le sujet avec la franchise et l’honnêteté qui la caractérisent et souligne avec emphase ceci:   » …Dans le cas d’espèce, l’on est là face à une activité dangereuse  réprimée par l’article 228 du code  pénal camerounais qui permet de poursuivre tous ceux qui par leur imprudence risquent de mettre autrui en danger. … Que les produits nocifs soient écartés du marché, mais que lui soit accordée la commercialisation de ceux de ses produits  qui respectent la norme et la qualité dans le domaine. C’est le lieu ici de la féliciter pour pour sa contribution remarquable à la lutte contre le chômage, combat qui préoccupe au 1er plan  le Président camerounais S. E.  Paul Biya ».  Fin de citation. L’intégralité de cette tribune dans l’édition spéciale du journal Le Quotidien. A lire absolument.

LE DÉCAPAGE EN QUESTION.

L’actualité nous amène à évoquer opportunément ce sujet aujourd’hui, à la faveur de l’interdiction d’importation de boissons éclaircissantes. On aura tout vu. Personnellement, j’ignorais leur existence. On a franchi l’étape des crèmes, laits, savons. Rien n’est trop beau ou assez innovant. Bientôt peut-être, on passera à la vitesse supérieure, avec des chapeaux ou lunettes éclaircissants. Wait and see.

Voilà un phénomène typiquement noir. Si sous d’autres cieux, les gens se maquillent comme ils se démaquillent, sans malmener leur peau, il en va autrement en Afrique noire, où on veut gratter la peau noire jusqu’au sang, comme pour s’en débarrasser à jamais.  Il y a problème. Les sociologues nous le diront, le décapage en Afrique du Sud du Sahara  va au-delà du physique, la partie visible de l’iceberg. Tellement, il remonte de très loin, du mental et d’une mentalité profonde, forgée plus ou inconsciemment. Il peut être en ce sens perçu comme un refus, un rejet de soi, de la personnalité. Ce qui est profondément grave, car traduit un mal être, parfois un trouble qui peut pousser à tous les vices et risques.

Parmi ceux qui se livrent à cette pratique, 80 %, sinon plus sont des femmes. Elles le font pour plaire à qui, si ce n’est aux hommes en règle générale. De là à croire que c’est eux qui les poussent à se gratter, il n’y a qu’un pas à ne pas franchir vite fait, parce qu’il y en a, même minoritaires qui le font par narcissisme. Dans certaines régions du Cameroun, la dot de la femme brune est directement proportionnelle à sa clarté. Dont acte.

A quand remonte la mode du décapage ? Réponse probable, et même certaine : certainement à la période juste post coloniale. Nos ancêtres ne l’ont pas connue. Mais il faut reconnaître que pendant la colonisation, les produits décapants n’existaient pas spécifiquement, et n’étaient pas la priorité des commerçants colons. De là à faire un lien avec la colonisation, pourquoi pas ? D’où le mal être évoqué ci avant, probablement né de l’humiliation du colonisé.

Le Noir veut s’identifier au Blanc, comme l’esclave à son maître : manger, s’habiller, parler comme lui, avoir son apparence, son teint qui est plus facile à badigeonner. En fait, il en arrive à se renier, à abandonner ses us et coutumes, non au profit du Blanc, mais pour se sentir valorisé et respecté par les siens dont on s’estime supérieurs. Il y a donc au départ et en toile de fond un fort complexe d’infériorité critique, au point d’assumer des risques inouïs. Le Noir veut se montrer et se sentir supérieur à ses concitoyens, en se rapprochant du Blanc, auquel il reste soumis bien sûr. A la recherche d’une forme d’émancipation facilement visible, faute d’être intellectuelle, sportive… Il suffit de changer son teint, quitte à le faire juste au visage, même si la couleur des pieds et des mains détonnent honteusement.

Et peu importe le prix, les risques. Les candidats au décapage les prennent, comme les africains le font en traversant le Sahara et la Méditerranée pour rallier l’Europe. Ils n’hésitentpas à mette leur vie en jeu. J’ai eu à subir plusieurs chirurgies de la paupière, à la suite d’un grave accident. Mon médecin m’a informé que la chirurgie réparatrice aurait échoué et j’aurais été défigurée pour la vie, si jamais j’avais eu à décaper ma peau. Alors, imaginez-le nombre de personnes qui restent sur le carreau après une opération parce la peau décapée à maintes reprises ne cicatrise pas du tout ou mal. Un drame qu’on pouvait éviter.

Ce désir de décolorer, on le retrouve aussi chez les Occidentaux désireux de bronzer, mais avec des limites précises. Ils ne bronzent pas par complexe, pour s’assimiler aux Noirs, mais pour des raisons purement esthétiques, sans plus. Rien à voir. Ils ne prendraient pour rien au monde la Méditerranée et le Sahara pour venir en Afrique. Non, merci. Ils y viennent en conquérants, en pourvoyeurs de la civilisation et de la technologie, ou alors pour l’exotisme. Point, barre ! C’est différent, et ils ne courent pas grand risque, sinon un coup de soleil ou un mélanome. Il n’y a pas un enjeu réel pour eux, contrairement aux Noirs qui sont obsédés par le teint clair  par l’appartenance à la race « élue ».

Pour illustrer ce délire, il y a eu récemment sur les réseaux sociaux ce Noir du Front National en France, couleur 100% ébène, cheveux crépus, aussi dures et enchevêtrés que les lianes de nos forêts tropicales, qui pourfendaient les africains de l’immigration clandestine, qui venaient voler « leurs » emplois. Le ridicule ne tue pas. Je ne sais pas au juste qui ce Negro voulait convaincre.

Il est ubuesque que des élites entrent dans le jeu, et font courir des risques fous à des compatriotes naïfs pour blanchir, en commercialisant des décapants non homologués. Est-ce à des fins politiques aussi ? Faute de givre, on mange le merle, au moins les borgnes doivent être rois dans la république des aveugles.

Que dire des métisses alors ? Beaucoup vivent un drame. Ni Noirs, ni Blancs, ils ne sont pas vraiment rejetés, mais non plus intégrés forcément, surtout du côté de la lumière. Ceux qui optent d’accentuer leur blanchiment n’en mènent pas large, cela ne leur procure pas le sauf-conduit providentiel en Occident. Bon sang ne saurait mentir. Les plus sages qui se rapprochent de l’Afrique sont plutôt bien accueillis, bien vus et acceptés.

N’importe comment, on doit apprendre à  s’accepter et s’aimer comme le Seigneur nous a créés, tel qu’on se voit le matin dans la glace au réveil. Toute surcharge n’est que vanité. Le teint ne qualifie pas un homme, ne change pas sa personnalité. Le désir de paraitre, de ressembler à quelqu’un d’autre est un déni, un désaveu de l’œuvre de Dieu, une contestation  de  sa volonté. Une charge, un péché qui ne peut que conduire à la ruine de l’âme, qui nous pourchassera et nous suivra dans tous nos actes terrestres, tout en les limitant. Pas d’esprit sain ni saint dans un corps d’emprunt ou altéré. On ne fuit pas la réalité bien longtemps, elle finit par nous rattraper. Barack et Michel Obama n’ont pas eu à altérer leurs peaux pour régner 8 ans à la Maison Blanche. Leur exemple devrait nous donner à réfléchir. Le teint n’est  le reflet ou le climat ni de l’âme, ni du cœur, ni de l’esprit, ni du contenu du cerveau et de la cervelle. Pourquoi alors dépenser des fortunes, ou prendre des risques insensés pour le travestir ? Ah ! Folie de paraître, quand tu nous tiens !

MERCI FRANCE 24!

Le 09/08/22 dans un publi-reportage intitulé : » blanchir sa peau , un business juteux mais dangereux, la chaîne TV Internationale France 24 a révélé la commercialisation par l’entreprise » Nourishka cosmétiques »,  des compléments alimentaires et boissons diététiques faits à base de la vitamine C, du glutathion plus alpha arbutine , collagène et boissons minceurs mis sur le marché de la beauté par la députée NouraneFotsing.

Depuis la diffusion de ce publi-reportage, l’opinion nationale, internationale ainsi que les experts (dermatologues diététiciens), la société civile, les administratifs…sont montés au créneau pour dénoncer la dangerosité de cette activité de dépigmentation de la peau, par ailleurs proscrite par l’arsenal juridique Camerounais.

Face à ce phénomène qui est une gangrène dans notre pays, la question que l’on se pose est celle de savoir que faut-il faire pour limiter les dégâts des ces tueuses silencieuses pour la santé publique que l’on nomme : » les entreprises cosmétiques »? Il est vrai que l’administration et la justice doivent prendre leurs responsabilités, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

– La  Responsabilité administrativo-juridique.

L’administration par ses organes de contrôle, de régulation doit prendre ses responsabilités. La réaction du  Ministre de la Santé du Cameroun, le Dr Manaouda Malachie après le publi-reportage,  ne s’est pas faite attendre. En date du 9/08/2022, il a signé une note qui suspendait la commercialisation des : » compléments  alimentaires et boissons diététiques » des entreprises : » Nourishka cosmétiques » et autres structures qui commercialisent les mêmes produits dangereux par la suite. Il a d’ailleurs appelé aussi à la réaction de l’ONPC (Ordre National des Pharmaciens du Cameroun) et la SCD (Société Camerounaise de Dermatologie).

La douane camerounaise doit jouer son rôle dans le contrôle via les frontières, les ports, les aéroports, de l’entrée de ces produits nocifs sur le territoire Camerounais. Il y en va pour la santé publique de notre  pays. Certes dans certains pays européens des  africains et asiatiques dans tout un  quartier  commercialisent en toute liberté ces produits controversés et leurs clients ne sont que des africains. Mais c’est bien du Cameroun qu’il s’agit.

La justice qui est le gendarme de la  loi doit l’appliquer dans toute sa rigueur.  Dans le cas d’espèce, l’on est là face à une activité dangereuse  réprimée par l’article 228 du code  pénal camerounais qui permet de poursuivre tous ceux qui par leur imprudence risquent de mettre autrui en danger. Les activités incriminées sont caractérisées par des abstentions délictuelles, des créatrices de risque corporel, l’imprudence grave, de créatrice  de risque mortel pour autrui.  Ainsi, des enquêtes doivent être ouvertes par le parquet de céans, pour voir clair dans ce dossier afin d’établir les responsabilités pénales et civiles des uns et des autres.

D’aucuns ont parlé de la qualité de députée de la promotrice de ces établissements qui bénéficierait de l’immunité parlementaire. Je voulais leur faire savoir que cette immunité est limitée aux actions menées dans l’exercice des fonctions du député. Les articles combinés 26(1) de la constitution de 1996  et la de la loi du 28/08/1972 fixant  le régime des immunités sont clairs

 » Aucun membre du parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou  votes émis par lui dans l’exercice de ces fonctions ».

Or en l’espèce, il ne s’agit pas d’une activité qui rentre dans l’exercice des fonctions d’un député. C’est une activité commerciale et donc personnelle. D’où l’article 2 de la loi de 1972 lève le verrou de l’immunité en parlant de délit flagrant et de crime commis contre la sureté intérieure et sécurité extérieure de l’Etat. La députée se retrouve donc dans un cas de flagrance. Elle doit  retirer ces produits dangereux de ses magasins pour les détruire devant témoin au lieu d’envisager de fermer ses magasins. Ce retrait lui ferait bénéficier des circonstances atténuantes car le délit est en effet  déjà consommé et la loi est dure. Je conseille également aux promoteurs de tels produits de retirer sans délai ces produits cosmétiques dangereux de leurs magasins. Le cas Nourane fait grand bruit parce qu’elle est une brave représentante du peuple,  ce qui aggrave son cas. Les autres commerçants ne sont pas moins fautifs.

Nous sommes  face à un Problème de sécurité sanitaire intérieure de l’Etat sur l’un de ces éléments constitutifs qu’est la population. C’est un problème de santé publique nationale. Imaginons des milliers et millions de jeunes Camerounais et Camerounaises qui ont déjà eu à ingurgiter ces produits tueurs. Les entreprises étant disséminées sur l’étendue du territoire national. Sous d’autres cieux,  le parlement face à cette situation grave d’atteinte à la santé publique  prendrait des dispositions pour une levée de l’immunité parlementaire de la députée pour lui permettre le cas échéant de se mettre à la disposition de la justice. Tenez,  L’Avocat Dimitri Amedee Touko affirme qu’un camerounais qui est allé vendre des produits éclaircissants en Afrique Sud a été condamné à 10 ans de prison

Toutefois, quoi que la loi est dure, des aménagements peuvent être accordés à ces mesures rigoureuses et fortes.

– Sur les aménagements :

Il faudra relever au préalable ici que cette activité n’est pas seulement menée dans notre pays par la députée en question. Elle est vieille comme la vente des médicaments de la rue qui est une lutte permanente. Mme la députée n’est que l’un des maillons et je présume que c’est parce-que la voix est venue d’une chaîne TV Internationale France 24, que l’Etat s’est mis immédiatement en branle.

Il faut donc relever à titre de rappel que ces entreprises octroient des emplois aux jeunes camerounais et contribuent à l’économie camerounaise par le paiement des impôts et taxes. Madame le député est donc une jeune entrepreneure qui fait dans cette activité depuis plus de 10 ans et emploie et nourrit des familles à travers l’emploi qu’elle offre. Ce n’est donc pas avec sa fonction de député qui n’est qu’à la première législature qu’elle a commencé ce business. Elle vendait déjà les mèches lisses.

Que les structures de régulation, des normes et de la qualité telle l’ANOR jouent leur rôle dans le contrôle et la délivrance des certifications à toutes ces entreprises cosmétiques au Cameroun. Que l’ONPC et la SCD jouent leur rôle de gendarme dans le contrôle par les tests de laboratoire des composants de ces produits pour écartés les substances nocives. Il est  bien beau de venir à la chaîne de sanctions mais, le  travail le plus important,  délicat doit être fait en amont. Dame Nourane qui est certes député, n’est pas technicienne en dermatologie ou diététique. C’est une jeune femme d’affaires, commerçante qui fait dans l’importation des produits de beauté et autres. Il serait donc loisible de lui accorder les circonstances atténuantes parce que non experte en la matière.

Que les produits nocifs soient écartés du marché, mais que lui soit accordée la commercialisation de ceux de ses produits  qui respectent la norme et la qualité dans le domaine. C’est le lieu ici de la féliciter pour sa contribution remarquable à la lutte contre le chômage, combat qui préoccupe au 1er plan  le Président camerounais   S. E.  Paul Biya.

Il faut certes protéger la population mais,  il faut  éviter de tuer l’économie, les emplois, les investissements de nos jeunes camerounais et camerounaises qui répondent à l’appel du Chef de l’Etat de contribuer au développement économique de leur pays.

En accordant  les circonstances atténuantes à la jeune députée,  je propose que  l’Etat  accompagne la jeune entrepreneure en l’aidant à se débarrasser des  stocks des produits nocifs pour la santé de la population. Que cette opération s’étende chez tous les commerçants qui distribuent ces produits dangereux et ce sera justice.

CATALOGUE: Images du Dr Me Fotso Fostine, crâne nu et autres africains noirs, pas de mèches lisses, jolies nattes naturelles, mais belles créatures africaines. Admirez.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
50 ⁄ 25 =