Ils sont partis, ils sont restés. Mais, les cœurs sont au SDF, mal gré ou bon gré. Ils sont mis en difficulté par la ténacité militante de la médiane.
La semaine dernière, le maire Ngnang Cyrille de la commune de Bafoussam 1er, a adressé un message au public avec un accent sur ses camarades qui ont cru en lui alors qu’ils étaient tous au SDF. Quelle peut être l’opportunité d’une telle sortie, alors que le 20 Septembre 2024, au cours de la session de Conseil municipal, il avait été très clair sur son divorce avec le SDF, avant de donner rendez-vous à ses camarades, en fin Novembre pour l’officialisation de sa nouvelle destination. De ses propos, beaucoup avaient deviné sa nouvelle destination : le rdpc. Ces derniers avaient d’ailleurs indiqué que le 06 Novembre au cours de la célébration des 42 ans de Paul Biya au pouvoir, il mettra l’écharpe à l’effigie du Président National du RDPC.
Dans cette dernière communication, en même temps qu’il galvanise ses camarades dont certains choisiraient une retraite politique, s’il venait à militer au rdpc, qu’ils ont combattu pendant 34 ans ( question d’honneur); le maire Ngnang fustige le comportement de certains militants du rdpc qui de manière légitime ont déjà affiché leur désapprobation quant à son adhésion à leur parti politique ; normal, on ne peut pas militer pendant 20 ou 30 ans au RDPC, pour préparer la reconduction d’un maire qui est à son 2ème mandat, grâce à l’opposition; ce d’autant qu’il tient à conserver son poste de magistrat municipal de Bafoussam 1er. Le « bulldozer du développement », comme il est affectueusement appelé, essaye de convaincre les siens en démontrant la plus value de sa cohabitation (contraignante) avec les élus et élites RDPC de la Mifi. ; Non sans rappeler à mainte reprise, les raisons de son départ du SDF.
Non, les communes du Noun, membres du Syndicat, celle de Banka du maire Nguessieuck et quelques unes tenues par l’UNDP dans le grand Nord se développent mieux que la plupart des CTDs tenues par le RDPC. Leurs maires n’ont pas eu besoin de s’acoquiner avec les élites RDPC de leurs localités, pour non seulement avoir des projets Bip, mais également, pour capter quelques projets dans le cadre de la coopération décentralisée. Les esprits faibles pourraient entendre que les meilleurs maires du Cameroun sont soit recrutés dans les rangs du RDPC, soit sont ceux qui pactisent avec les élites du RDPC. Que dire des communes RDPC de Bafoussam 2ème et 3ème moins developpées que Bafoussam 1er et dont les populations ne s’abreuvent pas toujours à la source d’eau potable et ne roulent pas sur des routes bitumées ? Le maire Ngnang ne peut en ces termes brader son dynamisme qui lui a d’ailleurs permis de revenir en 2020. Les raisons de l’octroi des voix des conseillers municipaux SDF au RDPC lors de l’élection du maire de la ville et aux sénatoriales, sont ailleurs que dans le développement de Bafoussam 1er.
C’est une lettre de mobilisation d’une troupe SDFiste troublée par l’hypothétique choix de leur leader local et dédaigneuse à l’égard du leader national qui non seulement ne les rassurerait pas, mais qui « vient de leur imposer la bande de Defo Oumbe Sangong à la Circonscription Electorale de Bafoussam 1er ; un looser », indiquent quelques uns.
Rappel
« Exclusion décidée par le feu chairman… » affirme le maire de Bafoussam 1erdans sa lettre ouverte . Il n’a pas peut être pas tort, puisque le leader est toujours responsable des décisions prises sous son mandat ou son règne. Mais par ce que les uns et les autres semblent désormais dans la logique de situer les responsabilités, il convient de dire pour la gouverne des cibles du maire Ngang Cyrille qu’un décideur qui se bat pour un bonus de vie, ne peut pas avoir les mêmes capacités de raisonnement sur les actions à venir, qu’un Homme dit normal, qui aspire à vivre encore longtemps. Le chairman Ni John Fru Ndi était au courant de sa maladie et avait une idée du temps qui restait à son kronos terrestre. Tous les cadres du parti y compris les extrêmes en étaient informés. La décision du NEC d’auto exclure les 34 cadres, prise par la majorité, fut un acte d’une frange de membres. D’ailleurs, selon certaines sources du NEC de l’époque, ce point n’était pas inscrit à l’ordre du jour du comité. Ce fut au départ une simple observation d’un membre qui curieusement, va aboutir à un sentence sans appel. Les membres du G27 ont toujours clamé que ce fut une machination savament construite. Ce jour, Charlie Tchinkanda s’en était insurgé en vain. En homme averti et libre, il avait argumenté son rejet de cette décision en évoquant des conséquences néfastes sur l’image du parti.
Le chairman Ni John Fru Ndi ne disposait plus la plénitude de ses moyens physiques et intellectuels. Bien qu’ayant été trainé à tort ou à raison, devant le juge par certains de ses enfants politiques, le chairman Ni John Fru Ndi avait désigné une commission conduite par l’Honorable Forbi Tchinda pour discuter et ramener les camarades à la maison . Ce dernier ne parviendra pas à franchir la muraille des extrêmes de deux bords, qui useront de tous les stratagèmes pour torpiller la mission. Connaissant cette intention du défunt, le maire aurait dû apporter quelques nuances à ce fragment de sa déclaration.
Les extrêmes et le hara kiri
Le maire est retranché dans son désir irréversible de partir, alors qu’une partie de sa troupe garde le cœur au SDF sans vouloir y rester et ne veut non plus aller au rdpc. Beaucoup attendent la décision du maire, sûrement pour savoir dans quelle opposition ils poursuivront leur carrière politique à défaut de quitter la scène, si ce dernier rejoignait le parti de la flamme. D’ailleurs, si le RDPC venait à être le choix , même Paul Biya, le Président National du parti ne pourra lui accorder la latitude de ranger plus 30 anciens militants du SDF sur une liste de 61 candidats. Que deviendront ses autres camarades conseillers municipaux qui entendent continuer avec lui?
Selon certaines indiscrétions, avec quelques membres de son bureau, le président de la Section RDPC Mifi – Centre qui a pour territoire, la commune de Bafoussam 1er, aurait déjà dressé une liste de près de 100 potentiels candidats à la candidature à la commune de Bafoussam 1er. Que deviendront les sacrifiés du RDPC? Certainement des revanchards comme les déçus du SDF.
Au même moment au SDF, la fissure s’élargit entre les tenants de la réconciliation sans cesse croissants et les affidés de l’exécutif qui rechignent. « Réconcilier avec qui ? » serinent- ils exactement comme cette bande d’extrémistes du régime, alors que certains camerounais prônaient le dialogue pour taire la crise socio politique du NOSO. A quelques mois de l’élection présidentielle, on observe une dissension larvée entre ceux et celles qui veulent un cadre de dialogue entre les enfants du chairman Ni John Fru Ndi, et un groupe de griots du roi, campé dans une posture, que certains observateurs qualifient de suicidaire.
Dans cette guerre de personnes que Osih et Ngnang se livrent à distance, la médiane composée des conciliants de deux bords, appellent à la RE – CON – CI- LIA – TION. Dans la bataille qui s’annonce rude en 2026, ces mécontents dont les voix iront ailleurs, pourraient constituer la raison de l’échec de chacun des deux gladiateurs qui tiennent à rempiler. C’est un potentiel électoral que les deux chefs de file peuvent consolider à travers un rapprochement. Entre les humains, tout est possible. Il leur sera difficile de gagner avec une famille politique éparpillée.
Par contre, si le maire Ngnang rejoint plutôt une opposition autre que le MRC, il aura une marge de manœuvre qui lui permettra de conserver et de consolider le maximum de ses Hommes. L’estime que lui voue une certaine opinion pourrait être maintenue, voire s’agrandire.
© Alexis Yangoua