Depuis son installation dans les fonctions de maire de la ville de Bafoussam, Roger Tafam n’a de cesse de rappeler que « Bafoussam doit éviter un Ngouché 2 ». Et pour y parvenir, des actions devraient être envisagées pour déguerpir tous les occupants des espaces inappropriés et à risques. Le long du boulevard Kouokouog à partir du lieu dit camp sable fait partie de ces zones inconstructibles. Malheureusement, les drains qui s’y trouvent, ont été occupés par des habitations et le déguerpissement se veut impératif. D’où les mises en demeure apposées sur leurs murs. Les propriétaires desdites maisons avaient jusqu’au 10 Octobre 2020 pour quitter les lieux.
Comme par le passé, beaucoup ou presque tous les concernés n’avaient pas accordé du crédit ni un intérêt à cet avertissement. Ils en ont connu sans que le déguerpissement ne soit effectif, 20 ou 30 ans après. C’était sans compter avec la détermination du nouveau magistrat municipal. Le lundi 12 Octobre, beaucoup ont été réveillés de leurs lits par le vrombissement des engins démolisseurs, la pelle déjà pointée sur la toiture ou sur le mur.
Alors que certains voisins couraient dans tous les sens pour sauver ce qui pouvait l’être et d’autres pour solliciter un second moratoire auprès du Maire, le doyen Daniel Deussimao, septuagénaire a juste opté pour un défi en douce ou pacifique.
Assis calmement sur un tabouret posé au seuil de la porte principale de sa maison, Papa Daniel observait stoïquement le mouvement de panique et les supplications auxquels se livraient ses voisins. Pour lui, s’il fallait détruire le seul souvenir de sa jeunesse, on devrait l’ensevelir avec ou le laisser vivant avec sa maison debout. De son regard, jaillissait sa détermination à aller jusqu’au bout de son engagement. Il revenait alors aux hommes du Maire et aux engins de la ville de Bafoussam de choisir. Il aura fallu d’âpres négociations pour qu’il lève sa grève non sans obtenir le sursis de son déguerpissement. Papa Daniel Dessimao remportait ainsi le premier rond face à l’édile de Bafoussam, le commandant Roger Tafam. Que nous réserve le second ? Nous y serons certainement encore plus nombreux pour assister à la rencontre de nerf entre la force de l’autorité publique et le pouvoir d’aînesse.
Notons que parmi certains habitants devant déguerpir, on dénombre les victimes des propriétaires véreux qui, une fois après avoir perçu les indemnisations, ont vendu les parcelles à un tiers.
© Alexis YANGOUA