Visite du président Macron au Cameroun : Macron un grand président. Et Biya alors? Le sage d’Afrique. Mention très honorable aux deux présidents.

Le décryptage de l’Honorable Dr Maître Fotso Fostine, Femme Politique,  Avocate au Barreau du Cameroun.

La récente visite du Président Macron au Cameroun continue à susciter émotions de tous ordres. Chacun y va de ses propres commentaires, avec des arguments les uns plus fallacieux ou pertinents que les autres. Mais il importe de lucidité et objectivité observer, et de garder en idée et bonne place les intérêts du Cameroun d’abord.

Je m’en vais de ce pas, parmi plusieurs thèmes susceptibles d’être évoqués, relever sans être exhaustive, quelques-uns qui me parlent.

En dates du 25 au 27 Juillet 2022 comme l’indiquait le communiqué officiel de la Présidence de la République du Cameroun, le Président français S.E Emmanuel Macron a effectué une visite officielle au Cameroun. S’il est vrai que la quintessence de sa visite n’a pas été dévoilée jusqu’à date, mais le Président français a eu une activité très intense durant son séjour officiel au Cameroun.

À son arrivée le 25 Juillet 2022 aux encablures de 23h, il sera chaleureusement accueilli à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen par le représentant personnel du Chef de l’Etat Camerounais, le Premier Ministre Dr Chief Dion Ngute.

La journée du 26 sera surchargée par diverses séquences :

– Une visite à la Résidence de l’Ambassade de France au Cameroun où il était question  de rencontrer ses compatriotes,

– Un tête avec le Chef de l’Etat Camerounais au Palais de l’Unité, un dîner officiel offert par le couple présidentiel, une conférence de presse ouvertes aux journalistes étrangers et camerounais et la boucle plus tard en soirée avec la visite du village Noah, le célèbre champion de tennis, Yannick Noah.

Parmi les différentes séquences citées plus haut, il y a avait celle de la conférence de presse au Palais de l’Unité qui a retenu plus l’attention du peuple camerounais, voire au delà des frontières camerounaises.

Il s’est agi des questions d’actualités politique, l’économie .., par les journalistes de la presse privée et publique.

Chaque Chef d’État a à travers ses réponses,  pu lever certaines équivoques, des zones d’ombre. Le Chef de l’Etat Camerounais, parlant par exemple de la transition politique, a pu mettre en exergue l’arsenal juridique Camerounais en la matière à savoir, la constitution. Sur la question concernant  l’opportunité de la coopération avec la Russie, le Chef de l’Etat Camerounais a parlé d’une Coopération vieille qui est continuelle rentrant ici dans la tradition de la coopération bilatérale entre le Cameroun et ce pays.

Pour le Président français à une question sur les retours des sources de l’histoire du Cameroun, il a répondu favorablement à la création d’un comité (historiens, camerounais et français) qui sera chargé d’évaluer tout ce qui a été emporté comme sources de l’histoire par la France pour un retour au Cameroun. Il a d’ailleurs rappelé que ça a été possible avec le Mali et il ne trouve pas un problème à ce que ce soit fait pour le cas du Cameroun.

Que pour ce qui est du volet économique, la France continuera de soutenir le Cameroun dans ses efforts de développement à travers l’Agence Française de Développement(AFD), les investisseurs français…. La France ne rejette pas la compétition ouverte par le Cameroun avec la diversification de ses partenaires. À ce sujet, le Président français fait savoir que la France fera tout pour innover afin de pouvoir aussi continuer à préserver sa place auprès du pays ami, le Cameroun. Il invitera d’ailleurs ses compatriotes investisseurs à plus d’innovation, le marché camerounais étant déjà concurrencé. Le Cameroun n’étant non plus une chasse gardée, l’a souligné le Président français.

La visite officielle du Président français au  Cameroun avait pour objectif de resserrer les liens d’amitié historiques qui existent entre le Cameroun et la France. Seul un communiqué officiel des services compétents pourra nous informer sur les non dits,  car, nous ne savons pas ce qui a été dit lors du tête à tête Biya-Macron dans l’un des salons du Palais de l’Unité.

L’OBJET DE LA VISITE.

Beaucoup d’encre a coulé à propos inutilement à mon avis. Au-delà des enjeux très souvent gros au niveau des États, il existe, comme dans la vie courante, des visites de courtoisie, censées réchauffer les relations inter étatiques. Ce seul motif pouvait justifier la visite du Président français, qui n’avait jamais foulé le sol camerounais. Je suis d’autant plus confortée par cette thèse qu’il n’y a pas eu spécifiquement au préalable, de réunion technique préparatoire d’experts pluridisciplinaires. Les journalistes se livraient un peu  hasardeusement à des conjectures diverses, sans réelle consistance.

N’empêche, la visite était nécessaire, ayant remis au goût du jour l’amitié latente entre la France et le Cameroun. Si l’on se  dit couramment « loin des yeux, près du cœur », Il n’est pas bien que des amoureux ne se parlent pas de visu pendant trop longtemps.

QUI INVITE ?

Certains journaux ont posé et fait de la question toute une affaire. A tort !

Le Président Emmanuel Macron ne pouvait visiter officiellement le Cameroun, sans y être invité d’une manière ou d’une autre. Et par qui de droit, le Président Biya en personne. Il ne saurait en être autrement. Point barre, le reste étant sans objet.

LA PLACE DE L’OPPOSITION.

Là aussi, que de balivernes avancées. Des Camerounais abreuvés d’absinthe sont devenus soûls, au point de penser une rencontre entre l’opposition et le Président français. Non, le Président Français venait officiellement rencontrer son homologue, pour des problèmes étatiques, donc au plus haut niveau. La haute autorité habilitée à parler au nom du peuple n’est pas l’opposition, mais bel et bien le Président de la République, seul à même d’implémenter les décisions prises. Sous peine d’ingérence grave, Monsieur Macron ne pouvait rencontrer d’une certaine manière l’opposition sans commettre d’incident diplomatique. Surtout en ce moment où la contingence politique est en ébullition en vue de l’échéance délicate de 2025. Une trop grande proximité avec l’opposition serait de mauvais aloi.

Le Président Macron ne pouvait sauf que appeler à la sempiternelle ouverture démocratique pour satisfaire l’opposition. Son rôle s’arrêtant là. Les mêmes qui le poussaient à copiner avec les partis de l’opposition auraient été les premiers à l’accuser de chercher à installer son candidat à la tête de l’Etat.

Je m’étonne toujours de l’entêtement de certains compatriotes à voir un échec dans la visite du Président Macron. Ceux là devraient boire de l’hysope pour se libérer des esprits tordus et retors qui les inhibent. Les engagements pris par la France auprès de notre jeunesse augurent d’une nouvelle ère, d’une volonté de voir les rapports avec l’Afrique en général et le Cameroun en particulier, d’une manière plus juste et équilibrée, pour un véritable partenariat gagnant-gagnant. Ça, je pense, pour en avoir discuté avec Monsieur l’Ambassadeur de France, S.E. Christophe Guilhou que le Président Macron en a pleinement conscience et veut insuffler un nouveau tonus plus juste aux relations entre les deux Etats.

QUID DE LA RUSSIE ?

Les Camerounais devraient tirer profit de cette disposition du Président de la République française, pour améliorer nos relations avec celle-ci, et grignoter des parts d’intérêts. Du moment que les deux parties sont d’accord et partantes pour un rééquilibrage des rapports, ne cédons pas à l’impatience, et risquer de nous retrouver à la mer en fuyant la rivière. Un tiens vaut mieux que deux tu auras.

N’allons pas vers la Russie imprudemment, par suivisme ou par goût de changement.

Le Président Biya n’a jamais rencontré Monsieur Poutine, le Président Macron, oui. Il sait sûrement de quoi et de qui il parle quand il nous met en garde. Nous devons être très prudents. Les Russes ne viennent pas en philanthropes en Afrique. Je ne crois pas aux grands bonds spontanés, mais en la politique des petits pas prudents qui permettent de se reprendre sur le 2ème pied stable devant le 1er qui pend au dessus du précipice soudain quand la terre se dérobe traîtreusement sous nous. Nous ne perdons rien à avancer prudemment. Décryptons sagement les signaux que nous envoie la France. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire, c’est la volonté qui manque le moins.

Je félicite les collaborateurs du Chef de l’État Paul Biya pour leur loyauté et leur fidélité. Mais le piège de l’impatience les guette. Il serait imprudent de d’encourager le Président Biya à enterrer facilement la France, ce serait déshabiller Saint Paul qu’on connaît bien pour habiller Saint Pierre qu’on découvre encore et carrément faire fausse route, au risque de tout gâcher. On ne coupe pas hâtivement, et surtout sans discernement le blé et les mauvaises herbes. La patience commande le tri du bon et de l’ivraie, qu’on a auparavant laissé pousser ensemble exprès en plus. Parole biblique.

 

LE STYLE MACRON: TRÈS CLASSE.

Je pense que pour peu que des gens soient vigilants, ils ont dû noter le style décontracté qu’affectionne le Président Macron : Bras de chemise quand il le faut, cravate, manches retroussés. Sans oublier les bains de foule qu’il prend régulièrement en poussant volontiers la causette et répondant à quiconque l’interpelle parfois sans ménagement. Si l’on est attentif, on retrouve cette attitude en le Président Barack Obama, à la suite de petites foulées rapides. Macron n’est pas du genre à fuir la confrontation, non, il fait face et cherche à comprendre pour mieux discuter.

Un style hardi, qui a souvent induit en erreur bien de Camerounais, notamment dans les affaires Calibro et Ekanga. Beaucoup ont pensé à tord à une mise en scène, ils ont traité le Président Macron de condescendant au point où une communication gouvernementale est intervenue. Que non ! Le Président Macron a répondu spontanément à deux interpellations en deux temps et lieux différents, comme il en a l’habitude, dans un cas de figure free propre à lui. Il a à plusieurs reprises échangé de cette manière avec ses propres compatriotes qui lui ont parfois manqué de respect, voire même giflé. Il est comme ça Macron, très poli, respectueux, classe et les camerounais ne l’ont pas compris dans ses brefs entretiens avec Callibro et Ekanga. Tout a été mal interprété et amplifié exagérément.

J’ai été témoin de sa décontraction et de son style free lors de son passage au club Noah. J’étais leur invitée. Il y a d’abord eu cette coquette  demoiselle d’une trentaine d’années, originaire de l’Ouest Cameroun, vivant en France et venue dans le cadre des exposés-débats des jeunes de  la société civile, présentés au Président Macron et ses invités au club Noah. Après les débats où le Président Macron a montré sa maîtrise parfaite des tous les thèmes, cap au spectacle, Yannick Noah en concert. Sans être appelée à aux  côtés du Président Macron, cette jeune fille a forcé pour se rapprocher de lui, en poussant le culot de lui parler avec insistance, pourtant il était concentré  sur le beau spectacle, sans décence, elle lui a même donné sa carte de visite. Quelle éducation ! Même si le Chef de l’Etat français a empoché la carte par politesse pour éviter de ridiculiser cette jeune fille en public, qu’espérait au juste la dame, nom de Dieu ? On peut imaginer la  surprise de Macron et son incompréhension. Beaucoup aurait cru à un arrangement, que non. Indécence quand tu nous tiens…

Et puis, il y a eu ce cuistot, toge bien vissée sur son front, qui s’est permis en plein concert, de venir faire un selfie avec S.E. Macron et de lui serrer la main sans hésitation. Le Président, bon joueur s’est prêté au jeu.

Plus loin, une dame publique connue dans la lutte des droits de l’homme,  voulant à tout pris faire un selfie avec Macron,  a eu la surprise de voir le Président en personne, se prêter à son  jeu en récupérant son téléphone, demandant le code de déverrouillage et en prenant lui-même la photo tant espérée. J’étais à  moins d’un mètre de la scène et j’ai observé. Sacré Macron…

Ces trois scènes surréalistes sont-elles possibles, ne fût-ce qu’avec un Sous-Préfet au Cameroun ? Il est curieux que personne ne s’en indigne, alors qu’il y a eu des tollés, presqu’un scandale d’État dans les affaires Callibro et Ekanga.

L’esprit pédant et courageux des Camerounais est bien connu en Afrique. Mais il est déplorable de le transformer en insolence et petite vertu devant une personnalité affable qui se rend accessible sans façon. Éduquons nos enfants et nos concitoyens, enseignons les bonnes manières car l’audace dans la médiocrité c’est mal. L’humilité légendaire de S.E. Emmanuel Macron m’impressionne et m’amène à déduire qu’il est un grand homme. Pourtant des camerounais de mauvaise foi ont réussi à le trouver condescendant. Soyons un peu sérieux et honnêtes mes frères et sœurs,  ce Président est simple et poli. Sa gratitude à l’égard des militants et étudiants venus l’accueillir et lui dire au-revoir à l’aéroport de Nsimalen sautait aux yeux. C’est le lieu ici de féliciter le Président Paul Biya pour cette hospitalité sans pareille. Oui c’était très beau. Le style Macron n’est pas différent du style Guilhou qui a passé trois années au Cameroun en se familiarisant sans complexe avec toutes les couches de la société camerounaise, une véritable diplomatie  de proximité qui a forcé l’admiration des gens objectifs. Apprenons à prendre les choses simplement comme elles se présentent.

QUESTION DE MANDAT

C’est un sujet qui pouvait facilement fâcher. Le Président Biya a pris la question avec bonne humeur, et répondu avec humour, et c’est tant mieux. Il a décrispé l’atmosphère.

Je m’étonne que des personnes y aient par la suite introduit la dérision. Ce n’était pas nécessaire, les deux Présidents n’y ayant pas trouvé raison à épiloguer. De toutes les manières, nous n’étions pas en campagne électorale, et il est encore trop tôt pour abattre ses cartes. Que pouvait-on en réalité attendre de plus du malicieux Président Biya? Faudra repasser. Personne ne sait si les deux hommes ont abordé ce sujet sensible en privé, en même temps que la transition inéluctable. Il est évident que tout écart ou toute attitude visant à embarrasser l’hôte français indisposait avant tout son vis-à-vis camerounais

De son côté, le Président Macron n’a pas caché son offensive sur le Continent noir, singulièrement son intérêt pour le Cameroun, la porte d’entrée du Golfe de Guinée. La locomotive de l’Afrique Centrale.

Sur le plan Diplomatique, il ne faut pas oublier qu’avec la Covid-19, beaucoup de choses ont changé dans les agendas présidentiels.

Mais tous les grands Présidents français ou leurs Premiers Ministres se sont rendus au Cameroun,

Maintenant que la crise sanitaire est sous un meilleur contrôle, on pouvait bien imaginer cette visite, avec un Ambassadeur de France talentueux aux manœuvres. Cette visite a eu  lieu dans le cadre d’une collaboration d’égal à égal entre Chefs d’Etats.

Plutôt que de voir cette visite réussie sous l’angle de la polémique, il convient de se rappeler que le Cameroun est un pays stratégique sous bien des égards :

Nous sommes la locomotive de la zone CEMAC je répète, moteur économique de la zone Afrique centrale, sans oublier un sous sol énergétique riche et varié : le Cameroun possède par exemple le 2ième plus grand gisement de cobalt au monde.

Pour ceux qui ne le savent pas, le Cobalt est le matériau stratégique pour l’industrie. On le retrouve notamment dans les turbines à gaz, fabriquées avec des alliages de fer, cobalt et nickel. Il permet aussi de former des alliages durs résistant à la corrosion.

Il est donc normal qu’à l’heure où le monde évolue, où nous sommes plus que jamais ouverts sur le monde et où les cartes se redistribuent, que notre pays suscite de l’intérêt pour toutes les grandes puissances comme la Chine, les USA, la Russie y compris la France 5ème puissance mondiale.

D’ailleurs, si Emanuel Macron avait décidé de ne pas se rendre au Cameroun au cours de sa Présidence, on aurait également vu beaucoup d’experts qualifier cela comme une erreur diplomatique, un mépris, une négligence ou une faute dans la compréhension des réels enjeux en Afrique Centrale.

Il faut donc comprendre que ces pays amis viennent au Cameroun tout simplement pour s’entretenir quant au futur de leurs relations, ce qui est tout à fait normal.

La France n’entend pas rester en retrait, bien au contraire. Elle voit Américains et Russes s’agiter, et ne se laissera pas faire. Quitte à mettre de l’eau dans son vin, en revisitant la mémoire de la période coloniale et en arrondissant les angles.

Le Président Macron a perçu l’intérêt qu’y attachent les Africains et les camerounais en particulier. Emmanuel Macron  sait qu’il ne peut éluder le sujet s’il veut parler sincèrement avec les Africains. Nul doute que son actuel mandat se jouera énormément en Afrique, il le sait.

NOUVEAU PARTENARIAT

Avant de parler de nouveau partenariat,  il faut reconnaître que la France est la puissance qui donne énormément au Cameroun, nos concitoyens connaissent tout ce que la France apporte comme appui à notre état dans le cadre du CD2 (contrat désendettement, développement). On peut citer entre bien d’autres, les travaux sur le lit du Mfoundi afin de régler le problème de l’inondation de la poste centrale de notre capitale politique, la réalisation du deuxième pont sur le Wouri qui est un fleuron de cette coopération… Nous n’oublierons pas l’AFD (Agence Française de Développement) qui contribue en termes de milliards au développement de nos cités. C’est donc cette coopération fructueuse que le Président français veut améliorer.

Il n’échappe à personne les efforts du Président Macron pour se rapprocher de la jeunesse africaine, fer de lance des nations. Il compte énormément sur elle pour un nouveau covoiturage, plus humaniste et plus convivial, mais aussi plus juste. D’où cette notion d’émancipation partagée qu’il qualifie lui-même. Il n’y a qu’à en juger par les initiatives qu’il multiple dans cette direction : dialogue et entretien au sommet de Montpellier, encouragement des startups. C’est dans cette logique qu’il se tourne vers le secteur agricole, pour deux raisons essentielles :

  1. Assurer la sécurité alimentaire en Afrique par ce temps de crise ukrainienne. Il est absurde que le continent s’asphyxie au moindre toussotement en Europe. C’est une honte que l’Afrique, avec toutes ses terres et sa population jeune manque et importe du blé et du riz, qui ne demandent qu’à pousser sous ses cieux. S.E M. Emmanuel Macron l’a compris, et nous exhorte au travail de la terre, vers les céréales et le maraîcher que nous consommons plutôt que vers les cultures de rente à connotation coloniale et esclavagiste. Voilà un langage de vérité et de sincérité. Merci pour cette franchise.

A ce sujet, le projet maïs des Brasseries du Cameroun est à encourager. Pourquoi ne pas promouvoir cette fabrication de la bière à partir du maïs local uniquement ?

  1. Résorber le chômage des jeunes. Imaginer qu’un quart seulement du riz importé soit produit au Cameroun, et toute la main d’œuvre que cette initiative utiliserait parmi les jeunes. Nos autorités devraient creuser davantage cette idée, en pensant à l’encadrement des jeunes comme au bon vieux temps du service civique national de participation au développement. Une bonne alternative à l’attente béate de la résolution de la crise russo-ukrainienne. Mais avant, le Cameroun doit se remettre en cause. Pardonnez-moi car je dois être franche. Peut-on se développer avec des cadres corrompus et cleptomanes? Ce sujet fâche énormément car la mauvaise gouvernance est source de misère et du sous-développement.  Oui nos gouvernants doivent arrêter de voler et de piller les caisses de l’Etat, c’est ainsi que l’Afrique se fera véritablement respecter.

VIGILANCE

L’on connaît généralement ce ou ceux qui nous quittent; mais très souvent mal ce qui vient ou les nouveaux venus. C’est généralement à l’enterrement qu’on reconnaît les vertus des défunts, émotions mises à part.

L’Ambassadeur S E.  Christophe GUILHOU devrait nous quitter dans les prochaines semaines. Il nous laisse le souvenir d’un diplomate chevronné, humain, accessible, affable et bien intégré dans un Cameroun qu’il aimait et découvrait avec un plaisir non dissimulé. Sans risque de me tromper, puisque j’ai travaillé plus de deux ans avec lui dans le social en ma qualité de Marraine de l’association des Mariannes de l’Ambassade de France, je dirais qu’il n’hésitait pas à défendre, outre les intérêts de son pays, mais  ceux du Cameroun. Ce qui ne va pas de soi. Je ne suis donc nullement étonnée d’entendre çà et là des inquiétudes de la part de ceux qui souhaitaient comme moi qu’il rempile pour une dernière année. Nous accueillerons avec toute l’hospitalité africaine son remplaçant, qui est d’avance le bienvenu. Chacun interprétera à sa façon le remplacement par un diplomate militaire. Wait and see. Nul doute qu’il saura, en diplomate rompu aux arcanes du métier, ménager la chèvre et la choux si besoin est.

Je profite de cette tribune pour féliciter sincèrement le diplomate Christophe Guilhou qui a réalisé un exploit extraordinaire,  car depuis sept ans un Président français n’avait pas foulé le sol camerounais. En dépit des flèches en caoutchouc reçues de certains de nos concitoyens qui ne le comprenaient pas, ce fin diplomate est demeuré droit dans ses bottes car adulé par la majorité et aimé des Chefs Traditionnels qui l’ont anobli du Nord au Sud de l’Est à Ouest. S.E. Christophe Guilhou,  votre diplomatie de proximité a vraiment payé et les deux Chefs d’États amis sont sûrement très fiers de vous. Bonne chance à vous dans la poursuite de votre carrière diplomatique. Les pleurs se ressentent déjà,  la peur de l’inconnu et du militaire à la base.

PERSPECTIVES.

J’ai parlé de ménager chèvre et choux. Dans un partenariat, chaque partie défend ses intérêts d’abord. Un partenaire ne saurait donc tout remettre en question du jour au lendemain, sans crier gare. Il n’y a pas meilleur moyen de déclencher les hostilités. La raison commande de procéder par étapes, les dialogues s’ajoutant aux discussions, afin de mieux expliquer à l’autre ses justes attentes. Il est légitime de diversifier ses partenariats, mais il faut qu’auparavant les anciens partenaires aient été convaincus ou informés qu’ils sont moins disants. L’agacement de Macron au sujet de la tournure des relations entre la Russie et l’Afrique mérite une clarification, afin que la France nous fasse des propositions non moins claires et mieux disants. La France, ni aucun autre Etat ne saurait nous en vouloir de défendre nos intérêts, cela est évident et non négociable. Mais évitons, autant que cela est possible les choses qui fâchent.

La France a encore la possibilité de rebondir,  de retrouver les 30 parts perdues progressivement. Et comment: Je veux être franche, car on peut être une grande amie de la France en demeurant patriote, c’est mon cas.

En Économie :

La France peut gagner des parts de marchés en agissant différemment.

– Elle doit montrer que désormais les entreprises françaises peuvent faire confiance à des producteurs locaux. Je prendrais l’exemple de  SABC dont je suis un partenaire d’affaire privilégié: Comment expliquer que tout le maïs utilisé par les Brasseries soit quasi importé ?

Comment expliquer les montages fiscaux qui permettent aux Brasseries de ne pas payer, voir de payer beaucoup moins d’impôts que ce qui est du ?

La possibilité de s’engager à s’approvisionner pour une partie raisonnable de maïs auprès de producteurs locaux pour encourager la production locale et créer par ricochet plus d’emplois s’impose pour ce fleuron de l’entrepreneuriat français au Cameroun. Je salue l’effort déjà remarquable dans ce sens et encourage ce genre d’initiatives. La France doit  répliquer cette logique dans d’autres secteurs clés. Les rayons « produits locaux »  à CARREFOUR nous rassurent.

Par ailleurs, les entreprises françaises doivent ménager leur partenaires d’affaires locaux et non unilatéralement leur imposer leur nouvelle vision sans dédommagement aucun. Comment expliquer qu’après plus de 20 ans de relation d’affaires avec des partenaires, on se lève un matin, change de vision unilatéralement, envoie des familles au chômage, rompt des contrats en violation flagrante de la loi, sans aucun ménagement,  juste parce qu’on est le plus fort? Les entreprises françaises doivent améliorer ce pan et privilégier le dialogue jusqu’au bout.

En Politique:

La France doit adopter une posture de respect du pouvoir en place. D’impartialité. D’égal à égal. Là je salue la posture du Président Macron, il a fait preuve de beaucoup de respect et d’humilité respectivement vis à vis de son homologue et de la jeunesse camerounaise.

Sommet France-Afrique, un bel exemple de l’implémentation de cette posture mais mal interprété par certains esprits tordus.

Des conférences comme celles que S.E. Christophe Guilhou a données dans plusieurs universités, il en faut davantage pour mieux expliquer le concept aux jeunes qui n’ont pas pris part à ce sommet.

En Fiscalité :

A l’instar des efforts d’Emmanuel Macron pour que les grand groupes et particulièrement les géants du numérique (Google Facebook etc… ) en France cessent de contourner le paiement de l’impôt dû à l’Etat français à travers des montages financiers, le Président Macron a montré que dans son pays il promeut une justice fiscale.

Il convient donc pour lui de garder cette cohérence au Cameroun et montrer qu’il est  arrivé avec la même détermination pour que les grandes entreprises françaises abandonnent peu à peu les anciennes pratiques et montages fiscaux de manière à payer la part qui est réellement due à l’Etat camerounais. Voilà comment on recrée la confiance et avec cette confiance on gagne des parts de marché. Car jusqu’à ce jour la plupart de ces groupes français installés au Cameroun utilisent des montages fiscaux bien ficelés pour échapper à l’impôt et créent un manque à gagner pour le contribuable. Des entreprises camerounaises et même des entreprises d’autres pays installés au Cameroun le font également. Mais qui veut gagner des parts importantes de marchés en ce moment de concurrence farouche au Cameroun doit abandonner ces pratiques du moyen-âge.

Vive la Coopération Cameroun-France.

Vive le Cameroun.

Dr Maître Fotso Chébou Kamdem Fostine, Consultante au Journal le « Quotidien »

Avocate au Barreau du Cameroun.

Docteur en Droit Pénal de l’Ecole Doctorale de l’Université de Lyon.3 Jean Moulin-France.

Associée-Mandataire Statutaire des sociétés DTA LOGISTICS et DT AZIMUTS,  partenaires SABC.

Ancienne 1ère Adjointe au Maire de Baham.

Ex Députée à l’Assemblée Nationale Camerounaise.

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