Un peu plus d’un an que le Comité Exécutif National du SDF ne s’est pas tenu. Ses membres sont réunis à Yaoundé autour de leur leader, le chairman Ni John Fru Ndi.
Depuis un peu plus d’un an, le Comité Exécutif National du Social Democratic Front (SDF) ne s’est véritablement pas tenu. Pourtant, les camerounais s’étaient habitués aux résolutions de cette instance dont la régularité des assises était perçue comme exemple. Ses décisions finales étaient attendues aussi bien par le microcosme médiatique que par les acteurs politiques de toute obédience. La société civile s’en délectait, car le contenu parfois très offensif ne laissait le régime indifférent. Que s’est- il passé ?
D’abord, la santé fragile du Président National qui l’a contraint à un suivi médical en Europe et en Amérique. Il avait rompu momentanément son traitement pour prendre part au Grand Dialogue National. Ensuite, les dissensions internes entretenues par un bicéphalisme à peine voilé à la tête du parti. On ne savait qui du 1er Vice – Président, l’honorable Osih, du Secrétaire Générale, Jean Tsomelou et de l’honorable Nitcheu Jean Michel, le régional du littoral, était la voix autorisée. Les rivalités se lisaient à travers les communiqués aux teneurs parfois divergentes par rapport à la philosophie sous tend le SDF, la sociale démocratie. Conséquence, la base s’est disloquée et certains partis politiques en ont profité pour se servir.
Le linge sale de la présidentielle de 2018 n’a pas été bien lavé. La stratégie du choix des candidats aux élections du 9 Février 2020 n’a pas été très appréciée par une frange de militants et sympathisants. La question de succession du chairman à la tête du parti se murmure. Les clans des rénovateurs ou refondateurs et des originels – conservateurs s’affrontent. Malheureusement, une bonne partie du peuple assoiffé du changement n’a pas su lire en cette bataille, une sorte de vitalité du SDF. Aussi, le comportement dolosif de certains cadres du parti n’étant gage de confiance. Les résultats des dernières élections en sont une illustration. La crise dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest, « fief » du parti, a certes déstabilisé le SDF, mais elle aurait pu servir de prétexte pour jauger ses forces dans la partie anglophone de Cameroun, sans laquelle il ne peut prétendre gagner une élection présidentielle.
Les militants, sympathisants et autres camerounais attendent de ce NEC, qui ne pourra certes pas résoudre tous les problèmes du parti du 29 Mai 1990, mais il devra donner une direction lisible sur quelques attentes et surtout des doléances essentielles. Si un parti d’opposition a pour vocation de critiquer le régime en place, il se trouve que le SDF doit se concentrer davantage sur sa reconstruction et l’amélioration de son image. Beaucoup de camerounais croient encore en cette formation politique, ne serait – ce que pour rendre hommage à son leader qui a su faire face à un régime dans l’une des trajectoires les plus sauvages de son parcours. Qui a su refuser les armes alors que le peuple euphorique et inconséquent en voulait pour affronter une armée et police à cette époque, incultes en matière de règles des droits de l’Homme. Notons aussi que Ni John Fru Ndi pourrait être le seul leader politique qui a visité au moins une fois tous les 360 arrondissements du Cameroun, y compris quelques villages et quartiers. 28 années après, les camerounais bien structurés lui en savent gré.
Quelques attentes de ce NEC exprimées sous cape : Relancer l’opération de renouvellement des structures de base du SDF avec pour perspective, la convention refondatrice du parti. Si l’aura du Chairman Ni John Fru Ndi est incontestable, les camerounais n’ont de cesse d’exprimer le désir d’un souffle neuf pour porter l’étendard du parti. Que diront les résolutions de ce NEC sur la situation du NOSO, la diaspora du parti, le budget 2021 du Cameroun qui vient d’être adopté… ?
Alexis YANGOUA
