Ngomedzap : l’humiliation du maire est une insulte aux élus.

Une vidéo devenue virale depuis le 26 Février 2024, présente une scène dans laquelle, Madame le maire de la commune de Ngomedzap est froissée par des « fous furieux ».

Alors que madame Bleue Regine Nsoungui avait pris place au pupitre et avait commencé à délivrer son discours de circonstance, elle est brutalement stoppée par un membre du protocole de la cérémonie. Face à sa résistance, le bonhomme va lui retirer les microphones. Dépitée, Madame le maire de la commune de Ngomedzap va se soustraire de la scène, non sans ranger son écharpe tricolore au paravent arborée en bandoulière. Elle est aussitôt remplacée par une autre dame. Sourire narquois au coin des lèvres et écharpe tricolore visée autour du rein, elle reçoit quelques conseils du bourreau affiché de Madame le maire. L’édile a été chassé et remplacé  par son 2ème adjoint, Madame Anne Clémence Obono.

Qui a pu donner ces ordres non dévolus même pas au Ministre de la Décentralisation et du Développement Local, tutelle des maires ?Les articles 206 (1) et 207 (1) du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées(CGCTD) disposent respectivement« Le Maire représente la Commune dans les actes de la vie civile et en justice»,  « Le Maire délègue, sous son contrôle, par arrêté, une partie de ses attributions à ses Adjoints et, en l’absence ou en cas d’empêchement de ses Adjoints, à des membres du Conseil Municipal». Ce qui voudrait dire que l’adjoint au maire Mme Anne Obono, ne peut représenter la commune de Ngomedzap en qualité de maire que si, le pouvoir lui a été attribué par le magistrat municipal.

Cette situation sera clarifiée 24 heures plus tard par un certain Gaspard Fils Owona.  A travers un communiqué aussi viral, ce membre du comité d’organisation et par ailleurs conseiller municipal de la même commune, renseigne les internautes sur le contexte de cette humiliation et dévoile par la même occasion celui qui pourrait être considéré comme le présumé commanditaire de cette entorse à la loi. Grégoire Owona, ministre du Travail et de la sécurité sociale et promoteur – organisateur de cette foire, a allègrement et maladroitement empiété sur le champ de son homologue de la Décentralisation et du Développement Local. D’où vient-il que dans un Etat Unitaire Décentralisé, l’on assiste  à des agissements hors la loi, dans l’optique de soumettre les élus au diktat des responsables nommés.

Le MINDDEVEL aura-t-il le courage d’interpeller son collègue du Travail et de la Sécurité Sociale sur ce geste qui non seulement a heurté les usages réglementaires, mais a également infantilisé un maire devant ses administrés.  Le mutisme complice des Communes et Villes du Cameroun (CVUC) face à l’humiliation de l’un de ses membres, est la preuve de la dépendance servile de ce regroupement,  au pouvoir  exécutif. Les précédents évoqués dans le communiqué sus évoqué, auraient pu se régler  dans un cadre approprié.

En tout état de cause, il faut saluer la pugnacité et le courage de madame le maire Bleue Régine Nsoungui qui, certainement consciente de ce qui allait se produire, n’a pas reculé, même pas face aux menaces du grand requin blanc. On dira certainement là bas qu’elle a été à l’école de madame le maire de la commune de Foumban,l’honorable Tomaïno Ndam Njoya. C’est une question de défense de ses droits.

Par cet acte et à un an de l’élection municipale, une frange d’élites de Ngomedzap a publiquement accordé son onction au leader du front anti maire Régine Nsoungui. Une réconciliation s’impose, si non, la suite s’annonce explosive dans cette commune du département de Nyong – et – Soo.

© Alexis Yangoua

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