Conscient des entraves qui pourraient empêcher sa participation à l’élection présidentielle, c’est sans hésitation que Sonko a été favorable à son replacement par le Secrétaire Général du parti.
Ses déboires quelques fois orchestrés par le président de la République sortant, Macky Sall, n’avaient de cesse de s’enchaîner au fur et à mesure que la mandature en cours tirait à sa fin. Avec sa condamnation à 2 ans de prison ferme pour débauche de mineure, ce n’était plus un secret que le leader du parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) était dans la nasse des caciques du régime et sa participation à l’élection présidentielle était fortement entamée ; ce d’autant que le temps des appels et des procès, il était improbable que la décision soit rendue dans le timing approprié. Faudrait-il encore qu’elle lui soit favorable. L’honnêteté voudrait qu’on reconnaisse que la fougue et l’immaturité d’Ousmane Sonko auront tout de même facilité la tâche à ses bourreaux politiques. Dans son combat, il a fait usage des armes et des techniques dont Macky Sall s’était servi contre Abdoulaye Wade. Tel un vieux singe dont le chasseur veut faire avoir avec une stratégie basée sur la grimace, le président sortant a actionné sur le cynisme pour broyer un adversaire très agaçant; mais qui heureusement avançait imprudemment. Le parti PASTEF prendra part à l’élection présidentielle avec Bassirou Diomaye Faye certes courageux, mais qui n’a pas l’étoffe de Sonko. Une absence qui pourrait être une bouffée d’oxygiène à Amadou Ba, le poulain de Macky Sall.
Contrairement à ce qu’on aurait pu vivre au Cameroun, notamment avec certaines oppositions, le parti PASTEF bien que dissout en juillet 2023, a siégé et a trouvé un candidat indépendant pour porter son fanion à l’élection présidentielle du 24 Mars 2024. Le président Ousmane Sonko aurait convaincu les avocats qui tenaient à son maintien comme candidat du parti, par ce que croyaient – ils, les juges pourraient trancher en sa faveur dans les délais raisonnables. Les PASTEF et ses alliés ont porté leur choix sur Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire Général du parti. Le juriste de 44 ans est inspecteur des finances publiques formé comme Ousmane Sonko, à l’École Nationale d’Administration du Sénégal. Tous étaient d’ailleurs fonctionnaires à la Direction Générale des impôts et Domaines. Des postes juteux et précieusement conservés au Cameroun. Au pays « continent » de Paul Biya, l’on dirait comme le ministre Jean de Dieu Momo « je suis fou ? ». Ainsi, Sonko et Diomaye Faye pourraient être vus comme des fous.
Le choix de Bassirou Diomaye Faye
Au Cameroun, la notion de candidat naturel avec des leaders érigés en messie, aurait été le facteur bloquant. Comment auraient – ils pu gérer les égos pour s’accorder sur un choix consensuel ? L’équation aurait été d’ailleurs impossible dans un contexte où certains chefs de partis politiques ont fait de leur participation personnelle à l’élection présidentielle, un avantage majeur lié à leurs fonctions. Il serait donc trop osé d’imaginer un second coq dans la basse cour, même si le coq principal a perdu ses capacités de féconder. Ces roitelets façonnés subtilement à l’image de Biya, auraient purement et simplement, et sans consulter les instances du parti, décrété le boycott de l’élection et programmé les marches dites pacifiques pour exiger l’intégration du libérateur désigné et envoyé par Dieu, dans la liste des candidats. Le jeune Ousmane Sonko et son parti politique, viennent d’assener une belle leçon de partage à certaines oppositions camerounaises, plus populistes que vraies. Nous entendons dire que le Cameroun n’est pas le Sénégal soit !
© Alexis YANGOUA