RDPC – Ouest : Jean Kuete vient tonifier un parti en difficulté dans la plupart des départements de la région.

La question de la désignation du remplaçant de feu SM Ibrahim Mbombo Njoya ne sera certainement pas évoquée au cours de la tournée politique du SG du Comité Central du RDPC. Mais, elle reste une préoccupation pour la base. Car, le navire vacille  du fait de l’absence du commandant.
Annoncée le 17 Août 2022 à travers un communiqué signé du secrétaire à la communication, le Pr Jacques Fame Ndongo, la tournée politique de Jean Kuete sera à l’étage de l’ouest le lundi 29 Août 2022. Le programme  détaillé de cette visite a été rendu public par Emmanuel Nzete, le chef adjoint de la délégation permanente régionale du comité central pour l’ouest. Il assure les affaires courantes depuis le décès du titulaire, SM Ibrahim Mbombo Njoya, le 27 Septembre 2021. Selon ce communiqué, tout le gratin ‘’Rdcpciste’’ de la région de l’ouest est attendu à la maison de parti de Bafoussam.
Nul besoin de rappeler que malgré sa majorité absolue au sein des différentes institutions politiques régionales, le RDPC ne se porte pas à merveille dans la région de l’Ouest. 40 ans de pouvoir, ça use et le peuple brûle d’envie de vivre autre chose. D’où, les menaces qui fusent de toute part. Elles sont d’ordre exogène et endogène.
Comme dans les tous les partis politiques proches du pouvoir, notamment ceux qui tiennent une longévité exagérée au regard de la démocratie occidentale, le RDPC dans sa branche de ouest souffre des luttes d’intérêts divers, attisées par la bataille inter générationnelle et la petite délinquance qui caractérise très souvent les enfants « gâtés ».Oui, si certains fils et filles de l’ouest ne sont pas nés avec une cuillère en or dans la bouche, Paul Biya leur en a servie et les folies auxquelles se livrent quelques uns d’entre eux, sont liées à la turbulence inhérente à la satiété. Ces différends sont d’autant plus âpres qu’à l’Ouest, il n’existe vraiment pas un commandant au gouvernail. SM Ibrahim Mbombo Njoya est rappelé à Dieu avec toute son influence, ses pratiques, son tact et surtout son charisme résultant de son riche parcours de commis de l’État. Il était membre du bureau politique et ancien Patron de Paul Biya. Emmanuel Nzete qui assure les affaires courantes est certes un militant convainquant et convaincu, qui a bravé les braises des années 90 pour maintenir la flamme ardente, mais il n’a pas la prégnance de son prédécesseur. Certains filleuls du tandem Ibrahim Mbombo Njoya. – Marcel Niat Njifendji, adoubés par des relations tapies au gouvernement et à la présidence de la république notamment, voient en Emmanuel Nzete un simple adjoint qui ne jouit pas de la plénitude de l’onction du Président National. L’ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Bafoussam profite aussi de la victoire des vielles batailles internes. Les vaincus d’hier ou leurs descendants sont sur la scène et lui vouent une inimitié plus ou moins justifiée. Le défunt chef de la délégation permanente régionale était né grand, il ne devait presque à personne à l’ouest et son autorité était quasi divine. Même ses multiples défaites politiques dans son « royaume » Bamoun n’avaient pas pu impacter négativement son influence sur scène politique régionale.
Malgré les raisons avancées par ses pourfendeurs dont quelques uns sont tenants du transfert de pouvoir à la nouvelle génération, Emmanuel Nzete pourra être confirmé à la chefferie de la délégation permanente régionale du comité central pour l’ouest grâce à l’appui de ses camarades des années 90 dont Jean Kuete. Le digne fils Batié  reste tout de même un patriarche respecté par une majorité de ses camarades et d’hommes d’affaires, parce qu’il sait aussi quelques fois mettre la main à la poche pour démêler certains conflits entre camarades. Contrairement à certains de ses détracteurs de la génération dite nouvelle, qui ne sont pourtant pas moins aisés, mais n’ont pas appris à entretenir la mamelle qui les a nourris. Piètres représentants de la base politique, ils sont plutôt de bons clients pour des réseaux tissés au sommet du parti et de l’Etat.
En interne, si le RDPC n’est pas encore en lambeaux à l’ouest, c’est un truisme que de dire que ses élites sont bien divisées ; un clivage qui s’est renforcé à la cadence des batailles de clans que les caciques se livrent au sommet de l’État. Bien sûr, au regard d’une éventuelle transition, la scène politique régionale est en train de  se reconfigurer . Le clan Ibrahim Mbombo Njoya – Marcel Niat se fissure et pourrait s’affaiblir, avec des velléités de migration de certains de ses fidèles vers le pôle dont le tandem Feu Victor Fotso – Jean Kuete est la tête de proue. Le Secrétaire Général du comité central et son équipe viennent certainement réconcilier ce qui est réconciliable et lever un bout de voile sur la direction que le parti entend prendre. Il faut ainsi panser les plaies internes afin qu’elles ne constituent pas des voies d’infections.
Dans les départements, ça ne rassure pas.

La Mifi

À l’ouest, le ressentiment anti RDPC va grandissant et le risque de voir périr le parti de Paul Biya dans certains départements se précise.
Dans le département de la Mifi, siège des institutions de la région, le RDPC tient une relative majorité devant le SDF qui, s’ajuste pour être au meilleur de ses formes en 2025. Le MRC sera de la bataille avec des figures qui ne sont pas toujours connues.La gestion très contestée du maire Defonkou a contribué à la fragilisation du chef de la délégation départementale, Sylvestre Ngouchinghe dit CONGELCAM. Le conseil régional est présidé par un fils de la Mifi, le Dr Jules Hilaire Focka Focka. Seulement, 2 ans après, les résultats de cette institution décentralisée ne sont pas à même de convaincre plus d’un. Elle est aussi victime des aléas liés à la lenteur de la mise en œuvre de la décentralisation.

Le Noun

Malgré la présence des forces nouvelles telles que le PCRN et le RDC( Rassemblement Démocratique du Cameroun),  le Noun n’entend pas sortir de l’escarcelle de l’UDC qui lors des renouvellements de ses structures de base, a procédé à un nouveau quadrillage du terrain. Là bas, les renouvellements des organes du RDPC s’étaient faits au vouloir du sultan. Certains de ses poulains élus sous  injonctions sont aujourd’hui boudés par la base. Que dire de la cohabitation difficile entre Lamare Njankouo et Zakariou Njoya. Pour l’instant, le Sultan Nabil Mbombo semble plus préoccupé par la réorganisation du Sultanat et de son patrimoine, notamment foncier. Le département du Noun est en panne de personnalités à même de porter le patrimoine politique du grand camarade Ibrahim Mbombo Njoya.

Le Haut Nkam

Dans le Haut Nkam, l’UMS pourrait ne pas retrouver ses forces d’antan du fait de la mauvaise gestion du Budget d’Investissement Public dans les mairies qu’il tient : Banwa et Bafang. L’éviction et la radiation de l’ex maire Joseph Kameni de Banwa pourrait lui causer du tort. Mais, l’honorable Pierre kwemo le Président National du parti, maîtrise bien le type de foin à servir à ses frères et sœurs à l’approche des élections. On ne serait donc  pas surpris qu’en dépit de ses frasques, son parti rempile en 2025 et s’étend au – delà de ses positions actuelles.  L’honorable Kwemo est bien conscient des ambitions du MRC. Le très dynamique maire de Banka, Joseph Nguessieuk est sans parti politique. Chassé du Mouvement Citoyen National Camerounais(MCNC) de Jean Monthé, son choix sera déterminant dans la recomposition de la carte politique départementale. Christophe Eken, le très généreux honorable Wantou Siantou, Hurgues Ngandeu Molapie, Charles Tchoumtchoua Djajo, Djumo Monthe et les autres devront cravacher dur pour conserver leurs présences. Pour y parvenir, il faudra aussi et plus vite combler le vide laissé par le conseiller régional Roger Tchoula Moto, rappelé à Dieu le 6 Mars 2022. Le Haut Nkam reste l’enfant mal aimé de Paul Biya.

Le Nkoung – Ki

Le Nkoung Khi a perdu quelques bras forts : les Patriarches Victor Fotso et le Pr Lazare Kaptue, respectivement chef et chef adjoint de la délégation permanente départementale. Sohaing André de Bayangam les ayant précédés à la case des ancêtres. Albert kouinche, Nicky Love Maptué Fotso Talla, Léopold Noutsa, Henri Nono, Madeleine Tchuente et bien d’autres militants de classe, assurent le minimum face au SDF de SM Paul Tchatchouang. Bien que timide sur le terrain, le parti de Ni John Fru Ndi peut toujours bénéficier de la sympathie que le peuple éprouve pour le chef des Moutcha, du fait de ses réalisations, alors vice président du sénat. Bien Sûr au SDF Nkoung – Khi, la question de la relève se pose avec acuité. Avec le départ ou la radiation de Me Samuel Fokam, Isaïe Kamsu et quelques autres, le MRC a perdu son allant de 2018. Il peut tout de même compter sur les frères Kuissi de Bayangam. Le PSG (Parti des Socialistes pour la Gouvernance) de Kuéka Emmanuel pourra jouer les troubles – fêtes, s’il est créé. Offre Orange du Dr Hilaire kamga est toujours confiné dans son état végétatif. Malgré une faiblesse apparente, l’opposition n’a rien perdu de sa capacité de nuisance et même de gagner. Jean kuete devra suturer les fractures causées par l’élection forcée de Nicky Love Talla à la tête de la mairie de Pete Bandjoun.

Les Hauts Plateaux

Dans les Hauts plateaux, seule la section RDPC Nord – Est de l’honorable Bernard Fongang donne des airs d’assurance. Le Pr Luc sindjoun est un intellectuel technocrate qui s’essaie en politique. Il ne dispose pas de réelles capacités pour tenir le leadership. L’honorable Datouo Théodore a laissé quelques plumes dans la bataille des héritiers du chef Bangou. Sa très forte implication dans le choix de Tchinhou Tayo pourrait lui causer quelques ennuis sur le terrain politique. Malgré ses efforts multiformes, Le Pr Justine Diffo Tchuenkam n’a pas encore reçu l’assentiment de la grande majorité des femmes de ce département. Elle est perçue comme une parachutée à cheval entre le Noun et les Hauts plateaux. Il faut trouver une stratégie pour réconcilier les ténors de l’OFRDPC des Hauts Plateaux – Centre, la session mère ; si non face à l’indécision, l’électorat pourra migrer vers le parti du fils du village, le MRC du Pr kamto Maurice. Ainsi, Inès kamto, Dr Me Fostine Fotso…ces dames qui ont su à leur manière animer la base de l’OFRDPC aux côtés de sa dynamique présidente, devront être reconnues. Le décès du maire René kamdoum a créé un vide qui semble irréparable dans la section des Hauts Plateaux – Nord, à Bamendjou. Aussitôt, le MRC se frotte les mains. Le Régional Me Tassa pourrait bénéficier des siens. Gabriel Tchedjou, le président de la  section, l’honorable Marie – Louise Ngoko, Xavier Takam (nouveau maire de Bamendjou), Dr Fotso ne sont pas de véritables foudres de guerre.

Le Ndé

Madame Célestin ketcha Courtès, la « tueuse » de l’opposition a ratissé large depuis son élection à la tête de sa section Ndé – Nord. Les effets de la dissidence avec la faction Niat– Famawa- Mbwentchou pourrait être maîtrisés. Le Ndé est l’un des départements de l’ouest où l’opposition a du mal à émerger, aussi du fait de sa faible capacité à résister  aux manœuvres du parti proche du pouvoir. Ses leaders locaux sont aussitôt identifiés et truandés. On peut tout de même observer quelques résistances à Tonga avec le SDF, et à Bangoua où le MRC et PCRN s’y essayent tant bien que mal. Batchingou reste toujours un groupement très versatile.

Les Bamboutos

Dans les Bamboutos de Nganou Djoumessi, 2025 sera bien rude malgré la finesse et le tact de l’actuel ministre des Travaux Publics et chef de la délégation permanente départementale. Pour le moment, ni le SDF encore moins le MRC ne dispose pas encore de figures emblématiques pouvant inquiéter le « renard » Emmanuel Nganou Djoumessi. Mais, les communes de Mbouda et de Galim présentent des failles qui pourront contraindre le RDPC aux partages de sièges, tant aux législatives que dans les communes sus citées. Tout comme la Mifi, et le Haut Nkam, les Bamboutos pourrait connaître une recomposition des forces avec l’arrivée des récents démissionnaires du MRC. Mais, l’opposition devrait se méfier des émiettements des voix au profit du RDPC. En fin limier politique, Emmanuel Nganou Djoumessi surfera certainement sur cette faiblesse pour arracher une majorité relative, au pire des cas. Surtout si les taux d’inscrits, de votants et même de contrôle restent défavorables à l’opposition.

La Menoua

Les cadres du RDPC de la Menoua ne sont pas aussi puissants, mais peuvent compter sur  la somnolence de l’opposition. Etienne Sonkin du SDF et ses camarades ne sont plus véritablement offensifs et la relève n’a pas suivi. Avec la nomination de son Président National, Jean De Dieu Momo au gouvernement, le PADDEC(Les Patriotes Démocrates pour le Développement du Cameroun) a perdu ses assises de 2011, dans les communes de Nkong – Ni et de Dschang. Elles se sont presque désagrégées au profit du RDPC et du MRC qui lui aussi s’est essoufflé après le départ du très tonitruant et remuant, le Dr Christian Fouelefack. Mais dans ce département par ailleurs celui du SG Jean Kuete, l’opposition a toujours su surgir au moment opportun. Dans le contexte qui prévaut, le Pr Anaclet Fomethe, le Pr Fogui et leurs camarades pourraient ne pas avoir assez de moyens pour la contenir en 2025.
Après le 29 Février 2022, à défaut de confirmer Emmanuel Nzete au poste du chef de la délégation permanente régionale avec renforcement de piliers départementaux, Paul Biya devra nommer des acteurs habitués à la ruse politique, aux batailles de tranchées, jusqu’aux égouts pour sauver le parti du renouveau. Le poste du chef de la délégation permanente étant un maillon plus opérationnel que celui d’un membre du bureau politique. Parmi ces acteurs politiques de l’ouest dotés d’un courage de dragon, on peut citer Mme Ketcha Courtès, Emmanuel Nganou Djoumessi, Fongang Bernard, Albert Kuinche entre autres.
Le RDPC regorge la substance grise de la République et tient l’essentiel la classe bourgeoise certes, mais pêche très souvent dans le choix de ses hommes. Ces priorités et visées répondent à la stratégie de son chef, dit – on.   Nul doute qu’il pourra toujours servir des responsables impopulaires à la base, sachant qu’il  colmatera  les brèches avec les élections sénatoriales  en 2023 et surtout régionales qui pourraient intervenir après prorogation du mandant des conseillers municipaux.
© Alexis YANGOUA

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