Santé/ Lutte contre le COVID – 19, Le gouvernement ignore la société civile

Dans l’élaboration et le déploiement de sa stratégie de lutte, le Premier Ministre n’a pas daigné consulter  les Organisations de la Société Civile (OSC).

Déjà un peu plus d’un mois de confinement  rythmé par  les mesures  gouvernementales  de lutte et de riposte contre le coronavirus. Lesdites  mesures  sont  passées de 13 à 20  sans qu’une  bonne frange de la population ne semble avoir pris conscience  de la dangerosité d’une  pandémie qui est en voie  de perturber  l’ordre  mondial  établi et scellé . Les cache – nez  distribués  à la pelle sont mal utilisés quand ils ne sont  pas  transformés  en simple  mouchoir de poche. La distanciation n’est  qu’un vain mot, que l’on soit  dans des espaces d’échanges commerciaux  que  dans  les buvettes,  la vie suit  son cours comme si  tout  était normal, pourtant  le cap de 50 décès causés par le COVID – 19  sera bientôt  atteint. Pourquoi ce comportement réfractaire aux  décisions gouvernementales ? On pourrait  attribuer  cette  attitude  insouciante  des citoyens  à la seule  absence  des mesures  d’accompagnement  tant réclamées.  Que non. Quelques observateurs  s’accordent  à  dire  que certains  maillons  et pas les moindres ont manqué  à la chaîne qui a produit  la stratégie gouvernementale :  les Organisations de la Société Civile qui comme  la presse,  sert  d’interface  entre les décideurs  est les citoyens. La classe politique représentée à l’Assemblée Nationale  avait été reçue par le chef du gouvernement. On se serait attendu que dans les mêmes conditions, l’avis  des  OSC soit recueilli. Les Organisations de la  Société Civile et les Organisations Non Gouvernementales  auraient  pu apporter leurs touches ,notamment  en contribuant  à la construction de la communication et  suggérer  quelques éléments  devant  garantir le suivi social  c’est-à-dire des actions lisibles et participatives qui construisent  la confiance et le dialogue entre les gouvernants et les citoyens, deux entités en  perpétuel conflit. Malheureusement, les  autorités  administratives  ont  reçu les pleins  pouvoirs pour gérer tout ce qui est lié au COVID – 19. Les OSC  apparaitraient  ainsi  comme  atténuateur  pour faire entendre raison aux citoyens qui mourront  de la défiance stérile.

« Il faut commencer par  apprécier et  saluer les mesures  prises par le gouvernement. Même si ces mesures  sont  prises sur le tard, on ne peut pas  dire que le gouvernement  est resté amorphe  et attend que les camerounais  crèvent comme le clament  certains. Maintenant, comment ces mesures sont  implémentées sur le terrain ? C’est  à ce niveau qu’il y a problème. En temps qu’acteur de la société civile, je relève pour le déplorer que le gouvernement  est  resté fidèle à sa logique. Celle de mettre de côté les autres composantes et  structures sociales pour confier la mise œuvre de la stratégie de riposte aux seuls fonctionnaires. C’est une logique qui a montré  ses limites par le passé. Il est plus qu’urgent de corriger le tir. Si l’on veut aller à l’efficacité, il faut absolument impliquer la  société civile, les médias et les élus locaux. Les OSC ont une longue tradition et une expertise avérée dans la sensibilisation. Elles ont  donc  un rôle important  à  jouer tout  comme les Hommes de médias. Je pense pour ma part que la mise en place dans chaque région d’une dynamique/plateforme OSC – Hommes de médias – Elus locaux constituera un bon relai pour que par exemple,  l’aide que vient d’accorder le  Chef de l’Etat atteigne les bénéficiaires. Il faut commencer à sortir de la logique qui installe la suprématie  du mandat  nominatif  sur le mandat électif ». Charlie Tchikanda Directeur Exécutif de la Ligue des Droits et Libertés (LDL).

© Alexis YANGOUA

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