La Société des Produits Avicoles du Cameroun (SPAC) avait piqué du nez, quelques mois seulement après une inauguration pompeuse le 14 Octobre 2011 par Louis Paul Motaze alors MINEPAT. Cette usine d’abattage automatique et d’emballage de poulets, aura coûté près de 5 milliards de Francs CFA, au Gouvernement camerounais et aux partenaires étrangers.
Au cours de l’inauguration de la Société des Produits Avicoles du Cameroun (SPAC) à Bafang le 14 Octobre 2011, constatant la non implication de la Délégation Régionale de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (DREPIA) pour l’Ouest et de l’inter profession Avicole, dans le ficelage et la mise en œuvre de ce gigantesque projet, quelques observateurs avertis n’avaient pas hésité d’y déceler un handicap sérieux. L’un d’eux nous fera d’ailleurs une confidence à la chute d’une pertinente analyse, en ces termes « Cette histoire n’ira pas loin, on a mis la charrue avant les bœufs ». Nous croyions écouter les augures d’un oiseau animé d’aigreur.
Les propos très éloquents et rassurants des orateurs du jour n’avaient laissé transparaitre le moindre soupçon d’un déclin aussi précoce et peu sont ceux qui avaient perçu ce plomb logé dans l’une des ailes de la SPAC, avant même son décollage. Chaque observateur même profane peut aujourd’hui se faire une idée au contact de la réalité. 12 ans après la coupure du ruban par Louis – Paul Motaze, alors Ministre de l’Economie, de la Planification et l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), les portes de la SPAC closes au début de l’année 2013, ne se sont plus ouvertes. L’ambiance qui règne à cet espace situé sur le tronçon qui lie le carrefour Panchi au quartier Chefferie à Bafang, est celle d’un ‘’Famlà’’ c’est à dire d’une concession abandonnée. Cette structure tant vantée et qui présageait un avenir radieux pour des petits producteurs du Haut Nkam et l’Ouest en général, partage son quotidien avec la broussaille qui la cerne de toute part. Sur plus d’une quarantaine de personnels au départ, il n’en restait qu’un seul, le gardien. Même ce dernier a fini par abdiquer.
Si à Bafang, personne n’ose en parler explicitement, certaines informations indiquent que, ce grand complexe agro industriel avicole a piqué du nez six (6) mois seulement après son fonctionnement normal, intégrant ainsi la gamme bien fournie d’éléphants blancs qui meublent le tissu industriel du Cameroun. Cinq (5) milliards de Francs CFA, c’est le coût total de l’investissement y compris l’appui du Japon d’un montant de 500 millions de Francs CFA.
Les actionnaires sont africains avec une majorité camerounaise. Cette usine d’abattage automatique et d’emballage de poulets suivant les principes ISO et HALAL, avait dit-on une capacité nominale de traitement de 3000 poulets en heure, avec pour ambition de produire 15 millions de poulets par an, de quoi renforcer la production et la consommation nationale d’abord et en suite ruisseler le secteur avicole de la sous-région Afrique Centrale.
Des sources proches de la Présidence du Conseil d’Administration de la SPAC assurée par Christophe EKEN, justifient cette fermeture qu’elles avaient estimée en son temps de « momentanée », par le manque de poulets c’est à dire la matière première. Nos analystes ne s’étaient pas laissé impressionner par la fanfare et les beaux discours décoratifs de la cérémonie d’inauguration. Ils avaient vu juste. Questions toutes naïves : Pourquoi avoir mis autant de milliards dans un projet dont les préalables n’étaient pas acquis ? Le Conseil d’Administration et la Direction Générale de la SPAC, avaient-ils mis en application l’une des activités majeures de ce projet, qui consistait à l’apport des appuis aux producteurs indépendants dont la sélection et le recyclage incombaient à l’ITA (Institut des Techniques Agricoles) de Bafang ? Pourtant, la région de l’Ouest malgré l’épizootie répétitive de la grippe aviaire, dispose d’atouts incontestables en termes d’expertises et de foultitude de petits et moyens producteurs avicoles qui, auraient pu constituer une rampe rassurante pour ce projet structurant.
© Alexis YANGOUA.