CR/ Ouest : les conseillers régionaux boycottent la cérémonie de présentation de Rapport Spécial du Président du Conseil. Réaction des délégués du Noun.

Le 9 Février 2024, le parking du stade omnisport de Toket a offert son espace au conseil régional de l’Ouest, pour la cérémonie de présentation de rapport spécial 2023 du président,  le Dr Jules Hilaire Focka Focka. Cérémonie suivie de la présentation des vœux de nouvel an au chef de l’exécutif régional.

La présentation du rapport spécial annuel du président du conseil régional est une exigence du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées (CGCTD), disposée en son article 290. Ceci  doit se faire avant la fin du mois de Janvier de l’année n + 1. Le chef de l’exécutif doit à cette occasion exposer sur  le bilan de ses activés, ainsi que de la gestion de son administration.  Aussi et surtout un point sur les crédits transférés. L’exercice est adressé prioritairement aux conseillers régionaux, ensuite au public. Sauf qu’il a été constaté que seul le 1/5 des membres de l’organe délibérant a répondu à l’invitation du président du conseil régional.

L’exposé du rapport du président donne lieu à un débat. Après celui du jour, aucun conseiller régional sur la poignée présente n’a daigné se prononcer. Serait- elle d’accord sur l’entièreté du contenu de la présentation du chef de l’exécutif ou se serait- elle réservée par discipline du parti RDPC ? Toujours est- il que les conseillers régionaux délégués du Noun auraient réagi ; soit pour un correctif, une proposition, soit pour une bonne appréciation. Leur absence à cette séance a d’ailleurs été regrettée par le gouverneur. Le représentant de l’Etat a fait preuve d’honnêteté en reconnaissant que les interventions des délégués du Noun font bouger les lignes au sein du conseil régional de l’Ouest.  pourtant, très souvent leurs prises de parole sont  chahutées par des esprits retords et réfractaires au non alignement. Quant aux conseillés régionaux délégués issus du RDPC, on ne saura pas de si tôt pourquoi ils ont massivement boycotté cette rencontre.  Ce même constat avait été fait au cours des REDEOs. C’est peut être dans ce silence (ces absences) des camarades ou « intimes » qu’est logé le démon. D’ailleurs à une époque et à pareille occasion, les camarades du parti, ne serait ce que ceux de la section RDPC Mifi – Centre n’auraient pas permis qu’il ait autant de chaises non occupées sous un chapiteau aussi grand et au confort princier.

Alors que l’événement suivait son cours, le groupe des conseillers régionaux du Noun commet une correspondance à l’adresse du Président du Conseil Régional pour lui apporter les raisons de leur absence à cette séquence aussi importante leurs activités annuelles. Il est intitulé « le groupe des délégués, conseillers régionaux du Noun, message de vœux 2024 ».

« Monsieur le Président du Conseil Régional,

Chers Collègues,

Nous, Délégués Conseillers Régionaux, qui représentons le Noun au Conseil Régional de l’Ouest, nous sommes résolus, à l’issue de nos assises d’hier, 8 Février 2024, de nous garder de prendre part, à l’importante Cérémonie de ce Jour, de Présentation du Rapport Spécial 2023 et des Vœux au Président du Conseil Régional.

Profondément Républicains, Démocrates, Citoyens Patriotes, nous le regrettons certes, hélas, plusieurs constats, faits et actes auxquels nous sommes confrontés dans l’exercice de notre mandat, nous obligent cet acte fort. Nous venons marquer notre désolidarisation à toutes ces situations, contraires aux lois, portant atteinte à l’ordre public dans le Noun et mettant en péril l’unité nationale.

Nous le décrions, sans cesse, les instances sensées s’y pencher ne daignent en mesurer la gravité » précisent – ils dans cette note, signée de leur porte parole, l’hon Tomaïno Ndam Njoya. Dans la suite des griefs, les élus représentants le département du Noun vont évoquer à la fois l’histoire, les règles démocratiques et l’éthique politique pour ramener le président du conseil régional de l’Ouest face à ses responsabilités.

« Monsieur le Président du Conseil Régional,

Article 259 du CGCTD : (1) La Région est une CTD constituée de plusieurs Départements…

(2) …Investie d’une Mission de Progrès Économique et Social…Elle contribue au développement harmonieux, équilibré solidaire et durable du territoire…

  • Sans le Noun à la Rencontre de ce Jour, il est important d’y retenir une sonnette d’alarme qui interpelle votre responsabilité : Déjà, au regard de l’histoire de notre

Institution Régionale, en effet, ce sont les deux Régions Bamoun et Bamiléké qui ont donné naissance à la Province de l’Ouest, aujourd’hui Région de l’Ouest.

Sans la présence des représentants légitimes de plus de la moitié de son territoire, à savoir le Noun, l’Ouest que vous représentez est gravement atrophiée…

  • Dans le champ de la science politique, le Conseil Régional de l’Ouest expérimente une réalité sociologique de représentation de la démocratie plurielle recherchée, car, élément fondamental de la République : En tant que celui qui tire les ficelles : être à la hauteur de cette « donne », serait salutaire pour l’harmonie et la cohésion sociales de la Région de l’Ouest, qui est par ce fait, un cas Pilote et d’École.

En rappelant la préséance qui nous revient en tant que Délégués du Département du Noun, élus au suffrage universel indirect pour un mandat de cinq ans ;

Pour le respect du Conseil Régional,

Nous venons, réitérer notre légitimité en tant que représentants du Noun au Conseil Régional de l’Ouest. Cette légitimité ne se discute pas, ne se négocie pas, ne fait pas l’objet de chantage, et surtout, ne saurait souffrir d’être l’objet de mépris qui deviennent fréquents et entretenus : les actes/Projets pris/retenus par le Conseil Régional de l’Ouest s’appliquant au Département du Noun doivent tenir compte de nos choix, ce qui justifie notre présence au Conseil Régional.

Mesdames et Messieurs Chers Collègues Conseillers Régionaux ;

En vous réitérant nos Vœux les Meilleurs pour l’Année 2024,

Permettez-nous de par le Préambule de Notre Constitution, d’interpeler chacun de vous, en tant que frère, sœur, compatriote au-delà des considérations égoïstes partisanes, tribales…

LE PEUPLE CAMEROUNAIS

Fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu’elle contribue à enrichir, mais profondément conscient de la nécessité impérieuse de PARFAIRE SON UNITÉ…

LE PEUPLE CAMEROUNAIS

…Constitue une seule et même nation, engagé dans le même destin affirme sa volonté inébranlable de construire la Patrie camerounaise sur la base de l’idéal de fraternité, de Justice, et de Progrès…

Avant de devenir « République », le Cameroun dont nous sommes tous responsables aujourd’hui, était une multitude d’entités regroupées autour des tribus aux réminiscences connues : guerres, annexion, apogées, gloires, disparitions…Tous les pays et peuples du monde, les plus puissants et les plus développés sont passés par là…L’exemple des protagonistes des grandes guerres mondiales illustrent qu’il faut sortir « grandi » par l’expérience, et mettre en avant tout, NOTRE COMMUNE HUMANITÉ, LA JUSTICE, L’EGALITE ». Avant de conclure « Notre rôle est de raconter l’histoire de notre Région, d’en tirer des leçons pour la construction de l’Unité Nationale sans laquelle nous ne saurons prospérer durablement. Parce que le destin a voulu que nous soyons les pionniers de la mise en application effective des Régions pour le développement de notre Pays à travers ses localités, il nous revient la lourde charge de veiller à ce que cette Noble Institution soit sur les bons rails… ». Pour être un peu plus précis, le président du conseil régional aurait régulièrement désigné le conseiller Ibrahim Vessah, élu du collège des chefs traditionnels du Noun, comme leader des représentants de ce département, contre la majorité détenue par les conseillers régionaux délégués.  Régulièrement, certains choix fait par le chef de l’exécutif régional, le Dr Jules Hilaire Focka Focka pour le Noun,  seraient  décidés au mépris de leurs  avis. D’ailleurs, les  conseillers  régionaux délégués du Noun l’ont souvent qualifié de  » Président Directeur Général du Conseil Régional de l’Ouest ».

Pour le reste, on retiendra que l’exercice 2022 a été alimenté par les ressources d’un montant de 5 220 491 660 francs Cfa et le budget 2024 est équilibré  en recettes et en dépenses à 5 192 200 000 frs cfa, avec 30,77 % consacrés aux dépenses de fonctionnement ( 10,55% pour le personnel) et 69,23% orientés dans l’investissement, selon les exigences du ministre de tutelle. On retiendra de ce rapport que 4 sur 6 ministères ont transféré les ressources d’un montant total de 2 594 221 022 francs cfa, soit 200 millions pour le ministère des Travaux Publics. 150 millions et 204 millions, respectivement pour les ministères de la Santé Publique et des Enseignements  Secondaires, dont les cahiers de charge ne sont pas toujours disponibles.

Pour ce qui concerne les activités, bien sûr les REDEO ont été évoquées, ainsi que les actions de charme sur le plan de la coopération décentralisée.

© Alexis Yangoua

 

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