Défilé du 20 Mai 2023 : Le MRC a amorcé sa maturité. Aidons-le.

Selon un communiqué signé de son secrétaire général adjoint, le Mouvement Pour la Renaissance du Cameroun (MRC) prendra part au défilé du 20 Mai 2023. Une décision qui contrarie les fondamentaux de la résistance tels que énoncés depuis son lancement.

Rambo politique pour les uns et taureau politique pour les autres, le MRC est apparu sur la scène politique avec des zèles de premier en tout. Et pourtant ! 1990 a marqué le retour du multipartisme. Par ce qu’il a bel et bien existé avant l’avènement du parti unifié selon Amadou Ahidjo son promoteur ou parti unique pour André Marie Mbida et ses compagnons, réfractaires à la fusion des partis politiques en un seul.  Ce regroupement des partis politiques né en 1966 s’appellera l’Union Nationale Camerounaise (UNC), l’ancêtre du RDPC.

Le MRC arrive et mène ses activités en faisant fi de cette antériorité. D’ailleurs, il s’en est tout même souvenu, mais fera «sa politique autrement », autrement que celles de ses aînés, notamment ceux créés à partir de 1991 qui se jetèrent dans la bataille en minorant et même minimisant les forces d’un régime trentenaire qui, bien que vacillant sous la pression socio politique, tenait encore sur les piliers du système aujoulatiste qui le sous tend? à savoir l’armée, la police, la magistrature, la corruption et ses réseaux occidentaux. Ce fut l’erreur du combat des années 90. S’y ajoutera le boycott de l’élection législative de Mars 1992 par les forces politiques majeures : le SDF et l’UDC. Le MRC arrive 21 ans plus tard et refuse d’en prendre de la graine, s’estimant plus grand et fort que tous. Au bout de  course, la rue sans capacité réelle de mobilisation après la présidentielle de 2018 s’est muée en ennui pour le Pr Kamto et ses Hommes ;  alors que la sagesse du SDF et de l’UDC lui avait conseillé les préparatifs des élections locales qui auront lieu en 2020. Ceci afin de s’assurer des petits pouvoirs (communes, régions, villes et sièges de parlementaires), pouvant lui permettre de mettre les bases pour une éventuelle  grande victoire (présidence). Le cadet politique optera pour le contraire et n’y prendra finalement pas part. Boycott comme en 1992, aussi par ce que dans un rapport de force largement défavorable sur le terrain des marches, sa machine est décapitée par le régime et quelques uns de cadres sont jetés dans les cachots. Ainsi, le MRC commençait à perdre des plumes sans avoir exercé.

Le SDF, l’UDC et PCRN qui sont allés à l’assaut des petits pouvoirs décentralisés et des sièges de parlementaires sont traités de collabo du régime et de vendus par certains militants et sympathisants du MRC, quelques fois armés par une diaspora plus activiste que politique. D’ailleurs, certaines décisions de son Président National, le Pr Maurice Kamto, pour la plupart teintées d’ambivalences et de contradictions seraient conçues au gré du diktat de cette diaspora, plus écoutée que certains conseillers locaux. « Qui tient la bourse, tient le pouvoir de décision » dit – on.  Certaines propositions internes sont combattues avec véhémence et les amis politiques initiateurs sont livrés à la vindicte de la soldatesque des réseaux sociaux. Un conseiller spécial du Pr Kamto n’ira pas avec le dos de la cuillère pour les qualifier d’intégristes. À ces derniers, s’offriront désormais 3 alternatives : Se taire et se soumettre, rester pour rouspéter ou démissionner. Le PN du MRC est ainsi pris en otage par certains notables du parti. Des caciques rompus au mode opératoire similaire à celui de certains cadres du SDF de l’époque, dont quelques uns se sont aujourd’hui reconvertis en G27+++ à l’infini. Un nombrilisme sourd  qui rendra le parti de la balance détestable aux yeux d’une partie du peuple.  Le SDF a été obligé de défaire pour se reconstruire là où il aurait fallu juste une passerelle pour s’arrimer aux exigences de la nouvelle génération, si le conservatisme intéressé n’avait pas pris le dessus. Malgré les apparences, le MRC est royalement sur la voie de l’erreur de son aîné.

À travers certains internautes et médias classiques aux chroniques abrutissantes, ils ont longtemps terni l’image des Honorables Osih et Libii par ce que par moment,  ces acteurs politiques très respectés  ont mis la pédale douce pour se donner le temps de réfléchir. Ils n’auraient pas  proposé des démarches bruyantes  et populistes pour plaire; Ils  ont commis le péché en prenant part au défilé du 20 Mai …Pourtant ils ont tout simplement estimé qu’il faut éduquer le peuple sur la différence entre le régime RDPC ou Biya et la République du Cameroun.

Le 20 Mai est une fête républicaine et ceux qui y prennent part ne sauraient être qualifiés de traîtres, de Collabo et de vendus.

Après s’être rendu compte que le boycott d’une élection n’est pas toujours la meilleure solution à tout problème politique, le MRC vient une fois encore de rejoindre le SDF, l’UDC, le PCRN et bien d’autres dans leur compréhension du sens de la fête nationale ; d’ailleurs comme sur beaucoup d’autres sujets qui ont meublé la scène politique. Participer au défilé du 20 Mai est un acte républicain. Bien sûr aucune loi ne contraint les civiles à y prendre part. Pour des raisons propres, un regroupement peut ne pas honorer de sa présence cette célébration. Mais, par respect pour les autres et au nom de la liberté d’expression responsable, il ne saurait jeter l’anathème sur ceux qui ont accepté de célébrer cette autre page de l’histoire de leur pays. La crise du NOSO n’est pas finie, le Pr kamto n’est pas à Etoudi par ce que dit – on, avait été élu en 2018, les militants du MRC et autres activistes sont toujours en prison, la peur de trahir le peuple n’a pas  été vaincu… Mais, le MRC prendra part au défilé du 20 Mai 2023 selon la teneur du communiqué sus mentionné.  Le même chanteur et chroniqueur du déluge dira – t-il qu’ à cet effet, il a été servi au guichet  du Cabinet Civil ?

Ce n’est peut être pas encore le regret du boycott de l’élection couplée de 2020, c’est  à coup sûr le début de l’apprentissage des contours de l’environnement politique camerounais. Certains activistes notamment de la diaspora l’en voudront certainement.

© Alexis YANGOUA

 

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