Quelques camerounais semblent avoir compris la nécessité de s’inscrire sur les listes électorales ; certainement pour voter massivement et contrôler leurs votes le moment venu. Parmi eux, certains éternels plaintifs qui curieusement, n’étaient pas des électeurs.
D’où étaient-ils depuis 42 ans de règne de Paul Biya ? Serait- on tenté de demander à certains activistes et politiciens, longtemps pourfendeurs, non seulement du régime Biya, mais également de certaines oppositions dont les leaders ont pourtant sacrifié leur jeunesse au front contre le retour à l’opinion unique.
À travers les réseaux sociaux, ils appellent à tue tête aux inscriptions sur les listes, usant des messages moralisateurs et quelques fois de menaces contre ceux qui oseraient s’opposer à leur prise de conscience subite. Parcourez la page facebook de certains d’entre eux, vous y trouverez des messages datant de 2019, 2020 … dans lesquels ils maudissaient Cabral Libii et ceux qui étaient en campagne de mobilisation des citoyens autour des inscriptions sur les listes électorales. Ces derniers avaient tort d’estimer qu’une majorité d’inscrits et de votants, pouvait faire bouger les lignes. Pour ces sceptiques – moqueurs d’hier et chantres des inscriptions d’aujourd’hui, aucun espoir n’était permis sans changement de code ou du système électoral. Tonifiés par les abrutissements distillés à chaque levée du jour par le chroniqueur de la chaîne bleue, les plus extrémistes de la bande, s’étaient laissé convaincre de ce que ceux qui n’adhéraient pas à leur méconnaissance du jeu et de ses acteurs, n’étaient rien d’autre que des collabo accompagnateurs du RDPC. C’était des opposants de l’opposition, des vendus… « Depuis qu’ils sont au parlement et dans les mairies pour leurs ventres, qu’est ce qui a changé ?… » Claironnaient – ils sur les médias classiques et réseaux sociaux.
Ils ne sont pas des imbéciles et ils ne l’ont jamais été d’ailleurs. En 2024, ils ont changé et ont compris la leçon que le nouveau venu Cabral Libii a saisie avant même de franchir le seuil de la politique ; celle que Osih a assimilée depuis 1996 ; celle que le Pr Kamto et le MRC ont crue comprendre en 2013 ; celle que l’UDC de Madame Tomaïno Ndam Njoya a expérimentée et l’a toujours martelée à ses camarades opposants au régime : « s’inscrire, voter et contrôler massivement son vote ».
Mais, par ce qu’ils se sont longtemps entêtés et ont laissé la minorité s’inscrire ; par ce qu’ils ont encouragé l’abstention aux élections et découragé le contrôle des suffrages, ils ont contribué inconsciemment à l’édification de l’homme Biya et à l’enracinement, bien que relatif du RDPC. Bref, contrairement à ce qu’ils peuvent s’imaginer, ils sont comptables des 42 ans de la « dictature ou démocrature » du renouveau. Pourquoi sont ils si certains que les lignes bougeront en 2025 ?Est – ce l’effet du saint esprit qui leur aurait donné l’assurance que l’âge du champion du RDPC aura raison de lui d’ici peu ? Alors, ils ont attendu la fin de l’homme pour l’affronter, contrairement à ceux qui ont tenu tête à un lion dans la plénitude de ses forces.
Maintenant qu’ils engagent bruyamment les camerounais à s’inscrire massivement, pour voter massivement et surveiller leurs votes le moment venu, on est en droit de questionner leurs agissements d’hier. Qui aura été le véritable collaborateur du régime ? Pas certainement ces partis politiques d’opposition dont les députés bien que minoritaires, se sont toujours battus au parlement et les maires ont apporté des idées nouvelles dans la gestion des CTDs. Malgré sa minorité, l’UDC à travers ses conseillers régionaux délégués du Noun, donne des sueurs froides à l’exécutif régional de l’Ouest et balise la voie aux autres oppositions qui s’inscriront dans cette institution décentralisée.
Leur bataille d’hier n’était que du bluff
Ils combattent le régime Biya depuis 42 ans, 30 ans pour les uns et 5 ans pour les plus jeunes (politiquement surtout). Ils crient aux fraudes électorales, aux victoires volées et à l’achat des consciences ; quelques fois au laxisme et à la paresse de l’opposition, mais c’est seulement en Mars et Avril 2024 qu’ils ont inscrit leurs noms sur les listes électorales.
En attendant nos efforts conjugués pour un changement en 2025, voici le bilan de 2020 auquel leurs attitudes désinvoltes, ont été d’un apport non négligeable.
RDPC : 152 députés, 316 communes, 9 présidents de Conseils régionaux, 94 sénateurs.
Beaucoup sont en campagne pour les inscriptions sur les listes électorales, mais très peu parlent de l’établissement ‘’gratuit’’ des actes de naissance et des Cartes Nationales d’Identité ; pourtant, une frange non réglable des électeurs potentiels n’en disposent pas. Normal, cette opération sans laquelle l’inscription est impossible, ne se nourrit pas du ronron à travers des hauts parleurs et des appels sur les réseaux sociaux ; elle exige des sacrifices en termes de temps et surtout de moyens financiers. Pour l’instant, seuls le RDPC et l’UDC s’y sont officiellement et véritablement mis.
© Alexis Yangoua