« Il a donc été désigné par Monsieur Kamto uniquement par ce qu’il est du département d’origine de son président national, les Hauts Plateaux. Comme d’ailleurs tous les régionaux qui l’ont précédé »
Au départ, le collectif des «déchus » avait été perçu comme une simple risée dont l’action était assimilable à de l’agitation. A la fin, le Président National du MRC a sollicité un entretien avec quelques uns de ses membres, auparavant qualifiés d’infiltrés et manipulés par le RDPC.
Après leurs démissions officielles du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun(MRC) au cours d’une conférence de presse organisée le 03 Août 2022 au parc de loisirs à Bafoussam, les membres du collectif des déchus des renouvellements des organes de base et d’autres camarades écartés de ce processus, ont été invités pour un entretien avec Président National, le Pr Maurice Kamto. C’était le 11 Août 2022 au siège du parti à Yaoundé. « Je sors de Yaoundé un peu déçu. Nous y sommes allés par ce que nos dossiers avaient été rejetés et nous croyions que le président national allait nous proposer une solution. Malheureusement, rien d’important sauf des insinuations sans réel fondement comme ce qu’on a déjà lues sur les réseaux sociaux ; à savoir que certains de nos camarades ont été corrompus par qui je ne sais. Moi principalement, je ne sais pas si je vais rester au MRC ou je vais aller ailleurs. C’est un peu trop » Déclarations d’un militant du MRC de la fédération départementale du Haut Nkam, qui a requis l’anonymat.
Pour Félix Tatadjio, l’un des démissionnaires du 03 Août 2022 et qui n’avait pas cru nécessaire honorer de sa présence cet appel de leur ex- PN ; par ce que estime t- il, le contenu du communiqué adressé aux concernés, était suffisamment clair sur l’intention des organisateurs « pour prouver à ses militants qu’il décide seul de son parti et qu’il ne recule devant rien, même pas devant l’avenir politique mérité de ses militants, Monsieur Kamto convoque les mécontents, au siège pour apaisement, en obligeant ces derniers à s’enregistrer au préalable chez M. Tassa, question de faire allégeance à quelqu’un qu’on conteste, pire encore la date de l’installation officielle des responsables frauduleusement élus et maintenus, au grand dam des mécontents. Dans cette condition, qu’est ce que Kamto reproche au RDPC ». A-t-il martelé.
Maître André Marie Tassa ou Monsieur Tassa, ce nom a été abondamment cité au cours de la conférence de presse. « Le jeu était davantage préparé. On va dans tous les communes et départements, ceux qui ne peuvent pas porter le candidat Tassa à la région, leurs listes ont été purement et simplement rejetées pour des raisons farfelues » avait déclaré l’ex – AP Lélé. « Après le décès de notre ancien régional, paix à son âme, le MRC est passé par des nominations par intérim, pendant qu’on s’apprêtait à passer aux élections pour avoir un nouveau régional. Alors de Yaoundé, ils ont décidé de notre avenir ».renchérit Emmanuel Nyandzé, militant de la première heure. Ces propos sont repris par d’autres déchus dont, le secrétaire de la fédération communale de Bafoussam 2ème qui n’a pas su contenir sa colère après tant d’années consacrées pour l’implantation de son parti.
Cette situation sera davantage étayée par Emmanuel Kuéka, tête de liste des recalés. Ce militant du MRC Bamboutos va en profiter pour revenir sur le contexte de sa démission du RDPC, séduit à cette époque par le discours du Pr Kamto. L’homme d’affaires va surtout présenter le film du choix de Me Tassa comme intérimaire à la tête de la fédération régionale de l’ouest après le décès de Christophe Kamdem, le 30 Juillet 2019. D’ailleurs, la minute de silence observée avant les échanges, lui a été dédiée , bien sûr, aussi aux autres camarades ou amis politiques disparus. Il n’en fallait mieux pour comprendre que le rejet de leurs candidatures n’était que la goutte d’eau de trop dans un vase bien plein. Bref, une exacerbation des frustrations cumulées depuis le rappel à Dieu du régional Kamdem. Ils estiment que celui qu’ils qualifient de protégé du Pr Kamto et de son directoire n’avait pas qualité pour occuper le poste de sécretaire régional. Ils auraient toléré si sa nomination avait pour objectif de gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection en interne du nouveau régional.
« Mon prédécesseur KAMDEM Christophe est arrivé à la tête de la Fédération Régionale MRC Ouest à la suite des élections d’avril 2015 et j’étais membre du bureau dont la composition est différente de l’actuel. En effet avec les statuts et règlement intérieur de 2012, la Fédération Régionale dirigée par un directoire Régional, il n’avait pas d’adjoint. Ce sont les statuts Issus de la convention de 2018 qui instituent la fonction d’adjoint. Ils disent que qui était donc l’adjoint de mon prédécesseur ? Je dois souligner que ce sont les statuts de 2018 qui régissent le fonctionnement du Parti depuis la convention. La décision du PN qui me désigne SFR p i n’a violé aucune disposition des statuts. Je mets quiconque au défi de démontrer le contraire. Il est clair que depuis 2018, c’est l’adjoint qui assure la période de vacances, mais en 2019 date de décès de Kamdem il n’y avait pas d’adjoint. Je souhaite qu’ils lisent bien la décision de désignation du Régional MRC Ouest d’octobre 2019 » Explique Me Tassa André Marie, l’accusé et régional élu selon le sommet du parti. « Je sais que certains diront que Sakoue Hubert alias Monsieur le Maire qui était en charge de la Prospection et du Développement abusivement appelé numéro 2 était l’adjoint. Ou encore que le chargé de la Jeunesse Bobda Toukam Bruno que mon prédécesseur KAMDEM Christophe utilisait comme Rapporteur était aussi adjoint comme Gatchuessi Dieudonné.Je persiste et signe, il n’y avait pas d’adjoint sous Kamdem Dieudonné. J’étais membre élu au Directoire Régional en qualité de Conseiller. Il faut souligner qu’entre 2012 et 2018 les conseillers étaient élus dans la liste » a t- il ajouté.
La réplique de Félixe Tatadjio ne s’est pas faite attendre « Mettons nous déjà d’accord que ni les textes de 2012, encore moins ceux issus de la convention de 2018 ne prévoient nulle part le recours à la méthode de l’intérim pour pouvoir à quelque poste que ce soit au sein du MRC. Par conséquent, le recours à cette pratique constitue à lui tout seul, la violation par le Président National du MRC de ses propres textes et donc, une dictature à la soviétique.
De même, le poste de conseiller dans aucune version des textes du MRC, du Directoire National au plus petit organe du MRC, n’a jamais été consacré comme étant un poste électif. La désignation des conseillers a été toujours et de façon statutaire laissé à la discrétion des têtes de liste élues. M Tassa n’a donc jamais figuré dans une liste élective dans le mandat non achevé de feu Kamdem. Me Tassa a été coopté comme conseillé en 2015 comme il le dit bien. Mais il n’a jamais participé à une réunion. Il n’a aucune unité jusqu’à sa nomination. Nous faisions des cotisations mensuelles de 5000 frs cfa pour les membres du bureau régional et Tassa n’a jamais participé, son nom ne figure nulle part. On découvre véritablement Tassa lorsqu’on fait la première réunion relative aux obsèques de Christophe Kamdem. D’ailleurs en 2020, le PN met une task force sur pied, signe de l’incompétence du régional intérimaire. Comment le même PN revient imposer le même incompétent à la base ? Il a donc été désigné par Monsieur Kamto uniquement par ce qu’il est du département d’origine de son président. Comme d’ailleurs tous les régionaux qui l’ont précédé. Kamto est bel et bien tribaliste comme tous les camerounais le soupçonnent »
« Enfin, en disqualifiant toutes les listes concurrentes de la base au sommet des organes régionaux, départementaux et communaux, Monsieur Kamto voulait se rassurer que Tassa sera reconduit purement et simplement à son poste sans compétition. D’ailleurs, l’article 42 prévoyant le consensus comme mode de présentation des candidatures, et faisant de Monsieur Kamto l’autorité suprême pour ces aberrations pré-électorales, n’a jamais été appliqué avant la publication des listes à la candidature ».a conclu Félixe Tatadjio, candidat sur la liste du MRC à l’élection municipale en 2013 et l’un des pionniers du parti dans la fédération communale de Bafoussam 1er.
Les Statuts de 2012
La copie des statuts du parti en vigueur jusqu’en 2018, reçue des membres démissionnaires est identique à celle que nous avons trouvée, en parcourant quelques sites associés au MRC. Me Tassa n’a pas pu nous produire une copie desdits statuts, qui pourrait relever une différence avec celle produite par ses contradicteurs. Son article 43 consacre la composition du bureau de la fédération régionale du MRC. Ils sont 14 au total et le poste de conseiller qu’occupait Me Tassa n’y figure pas. Ensuite dans l’ordre protocolaire, le secrétaire de la fédération régionale (Président dans d’autres formations politiques), est suivi par le rapporteur de la fédération. On peut donc sous entendre que ce dernier peut officier comme l’adjoint du Secrétaire de la Fédération Régionale(SFR) ; tous ayant été choisis par voie électorale comme dispose l’article 41 al 1 desdits statuts « le bureau de la fédération régionale est élu lors de l’opération nationale de renouvellement des organes du parti ». Sauf que cette disposition est muette sur le mode de scrutin. Félixe Tatadjio et ses camarades ex – militants du MRC reconnaissent que ce vide avait été réglé par le directoire du parti dans le cadre des renouvellements de 2015. Il avait alors adopté le mode de scrutin de liste sans toute fois modifier la composition du bureau telle que définie par l’article 43. Les conseillers ne seraient donc pas élus comme l’atteste Me Tassa. L’ajustement d’un article et non son interprétation, passe par la modification des statuts qui, de manière classique n’est pas du ressort d’une instance autre que la convention nationale. Celle du MRC est intervenue en 2018.
Vu sous cet angle et sous réserve d’éléments contraires, Me Tassa qui a été le conseiller et nommé par le feu Christophe Kamdem ne saurait assurer l’intérim pour achever le mandat d’une liste dont il ne faisait pas partie. Cette liste avait été élue sur la base d’une profession de foi, commune à tous les membres. De manière éthique, à défaut d’une élection interne pour choisir un nouveau régional, il revenait à un membre de cette liste d’assurer l’intérim. On aurait non seulement consolidé la cohésion du bureau après le décès de son chef, mais également honoré la mémoire du disparu en permettant à son équipe de poursuivre la mise en œuvre du programme pour lequel ils avaient été élus. Ayant beaucoup investi lors de l’élection présidentielle de 2018 et bien avant, pour l’implantation du parti à l’Ouest, il est tout à fait naturel que kuéka Emmanuel et certains de ses camarades se sentent abusés et créent des conditions pour exprimer leur exaspération. Par cet acte, ils ont défendu disent – ils les idées de Christophe Kamdem, leur mentor dont le temps, les moyens et l’énergie consacrés pour le MRC ont été « ternis et bafoués par le Pr Maurice Kamto ».
« Ils sont manipulés et achetés par le ministre Nganou Djoumessi et les autres élites du RDPC pour détruire le MRC » comme l’ont laissé dire certains de leurs anciens camarades. C’est un avis peut être audible, par ce que faisant partie du jeu normal en politique. Mais à l’analyse des causes, cet argument ne serait qu’une stratégie pour camoufler les torts et les erreurs des dirigeants du MRC, aussi pour noyer la vraie affaire. C’est d’ailleurs une recette dont l’art de la composition est maîtrisé par les politiciens populistes et paresseux. Ils s’en servent pour détruire l’image de leurs adversaires et le petit peuple sous éduqué politiquement, abruti par 40 ans de règne d’un regime, la consomme sans s’assurer de sa saveur.
© Alexis YANGOUA